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Figurations de la vie littéraire (Textyles. Revue des lettres belges de langue française)

Figurations de la vie littéraire (Textyles. Revue des lettres belges de langue française)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Björn-Olav Dozo)

Appel à contributions – 15 mai 2013

Textyles. Revue des lettres belges de langue française, 2014, no 1.

« Figurations de la vie littéraire »

(dir. B.-O. Dozo et A. Glinoer)

Les travaux sur la représentation des écrivains (et plus largement des acteurs littéraires : éditeurs, critiques, journalistes, etc.) au sein des fictions (romans, nouvelles, théâtre, biographies imaginaires, etc.) se sont multipliés ces dernières années : le GREMLIN (Groupe de recherches sur les médiations littéraires et les institutions) en a fait son objet principal d’investigation, donnant lieu à plusieurs volumes collectifs[1], à différents colloques et journées d’études et à la constitution d’une base de données sur les romans francophones de la vie littéraire. L’équipe « Littératures, imaginaires, représentations » de l’UCL a également investigué sur ces figurations, notamment lors du colloque intitulé « Figurations de l’auteur. L'écrivain comme objet culturel »[2]. La littérature française et la littérature québécoise ont surtout attiré l’attention de ces chercheurs. Il serait maintenant utile d’interroger le corpus belge sur ces questions.

Parmi les questions traitées pour les œuvres françaises et québécoises, certaines pourraient être examinées à nouveaux frais sur le corpus belge. Nous avons regroupé en cinq axes (non limitatifs) quelques grandes questions à explorer :

-          Modernité : comment est représentée dans ces œuvres la contradiction fondatrice de la modernité, à savoir la constitution d’une part d’un régime de singularité[3] et d’autre part d’un univers social spécifique, le champ littéraire[4] ? quel y est le traitement spécifique de la modernité belge, celle-ci interrogeant l’autonomie du littéraire moins vis-à-vis de la sphère économique que du champ politique[5], voire juridique, comme dans le roman Les deux consciences de Camille Lemonnier, mettant en scène un écrivain poursuivi pour outrage aux bonnes mœurs ?

-          Statut de l’écrivain : quel statut est donné aux écrivains, au sein du monde social, ou plus spécifiquement en rapport avec d’autres professions de l’écrit (journalistes, éditeurs, etc.) ? quel impact les figurations des acteurs littéraires ont-elles sur le statut effectif[6] de l’écrivain en Belgique francophone ? Les sources périodiques seront ici particulièrement utiles, en cela qu’elles témoignent parfois de personnages au rôle plus discret mais néanmoins indispensable, comme Gaston Pulings, qui bénéficie d’un portrait théâtral fictif dans le Pourquoi Pas ? du 20 mai 1921, le campant en homme-orchestre, animant vie littéraire et vie politique à partir de son bureau de la questure du Sénat.

-          Savoir de l’écrivain : quel savoir spécifique peut se dégager de ce corpus produit par les acteurs de cet univers ? comment l’écrivain rend-il compte de sa connaissance du champ littéraire à partir de la mise en scène de configurations fictionnelles spécifiques ? en quoi l’œuvre littéraire (y compris la bande dessinée, que l’on songe au Gang Mazda ou à Gaston Lagaffe) produit-elle une forme de savoir spécifique sur le travail littéraire ?

-          Rapport à la France : certaines problématiques spécifiques à la littérature belge pourront en outre être interrogées : la thématisation du rapport à la France au sein des romans de la vie littéraire, les discours sur les institutions littéraires belges, l’ethos des personnages liés à la vie littéraire (misérabilisme de l’écrivain belge, posture du poète national, etc.) ou encore les moyens textuels spécifiques mis en œuvre dans les figurations du personnel littéraire. L’Histoire exécrable d’un héros brabançon de Jean Muno constitue un bel exemple des possibilités de thématisation complexe de ce rapport d’un écrivain belge à la France au sein d’un récit pseudo-autobiographique.

-          Textes non fictionnels : il sera loisible aux contributeurs d’ouvrir la problématique aux textes non fictionnels produits par des écrivains (mémoires, journaux intimes, souvenirs, témoignages, etc.), afin de comparer les modalités de traitement de ces mises en scène de la vie littéraire. Il est ainsi possible d’analyser de nombreuses formes littéraires, du portrait d’écrivain sous forme de chronique (La Bataille littéraire le pratiqua régulièrement) aux textes d’histoires et de souvenirs littéraires (Gilkin et Gille construisant rétrospectivement la légende de la Jeune Belgique par exemple).

Les notes d’intention (une demi-page) sont à envoyer pour le 15 mai 2013 aux adresses bo.dozo@ulg.ac.be et anthony.glinoer@usherbrooke.ca. La réponse concernant la présélection sera donnée pour le 1er juin. Les articles sont à envoyer pour le 1er novembre 2013. Ils seront évalués par le comité scientifique de la revue ; le cas échéant, des modifications seront demandées à l’auteur.

 

[1] Citons notamment Gremlin (dir.), Fictions du champ littéraire, Montréal, coll. « Discours social », vol. XXXIV, 2010 et Björn-Olav Dozo, Michel Lacroix et Anthony Glinoer (dir.), Imaginaires de la vie littéraire. Fictions, figurations, configurations, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2012. Voir aussi le site http://legremlin.org.

[2] David Martens, Myriam Watthee-Delmotte (dir.), L'écrivain, un objet culturel, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, collection « Écritures », 2012.

[3] Nathalie Heinich, Être écrivain. Création et identité, Paris, La Découverte, 2000

[4] Pierre Bourdieu, Les règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1998 (2e édition), coll. « Points »

[5] Michel Biron, La Modernité belge. Littérature et société, Bruxelles, Labor, 1994, coll. « Archives du futur ».

[6] André Belleau, Le romancier fictif. Essai sur la représentation de l'écrivain dans le roman québécois, Québec, Nota Bene, 1999.