Questions de société
Texte adopté par l'AG des trois conseils de l'université Paris 8, sur le budget et les réformes.

Texte adopté par l'AG des trois conseils de l'université Paris 8, sur le budget et les réformes.

Publié le par Sophie Rabau

Texte adopté parl'AG des trois conseils de l'université Paris 8 le 11 décembre 2008
par 65 voix pour, 2 contre, 1 abstention et 1 nppv



L'AG des trois conseils, réunie ce jour, a pris connaissance de la notificationde la DGF par le ministère.

Cette notification annonce une augmentation de nos moyens de 8%. En réalité,elle se traduit par une baisse d'au moins 2 % en euros constants sur une basebudgétaire comparable.

A cette baisse, s'ajoute une suppression de 6 postes dès 2009 suivie de 3 en2010 et 3 en 2011. Les moyens pérennes de l'établissement sont ainsisensiblement affaiblis. Ils s'en trouvent doublement fragilisés non seulementpar la nécessité de recourir plus largement à des heures complémentaires (soitdes heures supplémentaires pour les personnels en postes, soit le recours à despersonnels précaires), mais aussi par la baisse absolue d'une part des moyensde fonctionnement de l'université.

La notification de la DGF fait référence à un nouveau modèle d'allocation desmoyens dont nous ne connaissons ni le contenu, ni les critères et qui n'a faitl'objet d'aucune concertation.

L'AG des trois conseils ne peut accepter une telle notification.

La notification de la dotation budgétaire relève d'une méthode devenuehabituelle et néanmoins insupportable régissant les relations entre leministère et les universités, méthode faite d'injonctions permanentes, dechangement systématique de règles sans même que les nouvelles ne soient connusau moment des délibérations de nos instances, d'obligation d'obtempérer dansl'urgence, méthode qui relève davantage d'une caporalisation que d'une mise enoeuvre d'une autonomie de pensée et d'action dans la « gouvernance »des universités.

C'est ainsi que la réforme de la formation des maîtres s'engage dans desconditions alarmantes pour les objectifs énoncés d'amélioration de la formationau métier d'enseignant. Le calendrier de cette réforme, les contraintesbudgétaires de celle-ci, l'absence de réflexion quant à l'articulation entremaster notamment recherche et concours vont conduire tout à la fois à unaffaiblissement de la formation professionnelle ET disciplinaire, à unrenforcement de la sélection sociale dans l'accès à ces métiers, à une remiseen cause importante du concours comme modalité d'accès à la fonction publique,et à la constitution d'un vivier de précaires pour une gestion de plus en pluscontractuelle des recrutements. L'AG des trois conseils estime qu'en l'état, ilnous est impossible de pouvoir nous inscrire dans une telle réforme et, afortiori, de pouvoir déposer les maquettes. L'AG réitère sa demande expressed'un véritable moratoire et souhaite que tous les universitaires de toutes lesuniversités travaillent ensemble à rendre effectives les motions que leursconseils ont adoptées en la matière et qui devraient engager les présidentsd'université.

Concernant la révision du décret de 1984 relative aux services des enseignants-chercheurs,entrant en vigueur dès la rentrée 2009, l'AG des trois conseils condamnefermement la volonté de déconstruire les garanties statutaires des personnelsen ouvrant grand les portes à une modulation générale des services qui met enconcurrence les personnels et stigmatise la fonction d'enseignement. L'AG destrois conseils ne peut se retrouver dans de tels bouleversements et se prononceen faveur de l'adoption par les instances de l'université de règles quigarantissent l'égalité de traitement de tous les personnels.

L'AG des trois conseils estime que les dernières réformes sont conduites etappliquées dans l'urgence et l'impréparation ; elle s'insurge contre ledémantèlement programmé du service public et notamment de notre système éducatif,de la maternelle à l'Université.

S'il revient, dans un tel contexte, aux instances de l'université de veiller aurespect des principes de service public, il revient aussi aux personnels et auxétudiants de se saisir de cette situation.

Paris 8, comme les autres universités, ne peut tout simplement pas fonctionnerdans de telles conditions. Elle tirera toutes les conséquences d'une tellesituation si les autorités de tutelle ne reviennent pas rapidement sur leursdécisions.

A la veille de fêter les 40 ans de la création de l'université de Vincennes,nous savons bien que promouvoir ces principes de service public n'est en rienla défense d'un pré carré mais exprime bien au contraire la volontéd'innovations pour une université plus juste dans une société plus juste.