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Territoires et/ou Mémoires francophones contemporains

Territoires et/ou Mémoires francophones contemporains

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Marc Smeets)

Territoires et/ou Mémoires francophones contemporains

Le Département de Français de l’Université Radboud à  Nimègue (Pays-Bas), en collaboration avec le Centre d’Etudes canadiennes de l’Université de Groningue (Pays-Bas), lance un appel à communications pour le colloque international qui se tiendra les 12 et 13 mars 2015 à l’Université Radboud de Nimègue. 

Territoire et mémoire constituent indéniablement un point d’ancrage spatio-temporel essentiel du sujet (compris ici dans son sens le plus large comme individu, groupe, nation ou entité transnationale) dans le monde. Comment cette dyade fonctionne-t-elle dans l’espace francophone contemporain ? Comment les pratiques culturelles et artistiques francophones représentent-elles et définissent-elles l’articulation de ces deux termes ? Comment traduisent-elles la mouvance du rapport qui les unit ?

A l’heure de ce qu’Edouard Glissant appelle la « Mondialité », le monde entier, et notamment francophone, se caractérise par de multiples formes de migrations, d’exils, d’expériences d’expatriation et de nomadisme. Cette réalité contemporaine s’éloigne sans aucun doute d’une vision statique, figée qui « résumait le monde en une évidence transparente, lui prétendant un sens et une finalité supposée » (Glissant, Poétique de la relation, 1990). Elle problématise ainsi la relation que le sujet entretient avec le territoire (quitté ou investi) et les mémoires liées à celui-ci. Qu’advient-il en effet de ces mémoires dans le chaos du Tout-Monde ? Comment se définissent-elles dans leur rapport dialectique avec le territoire si celui-ci n’est plus un socle identitaire unique ou immuable ? D’un côté, la mémoire peut être considérée comme le phénomène extraterritorial par excellence, celui qui dépasse aussi bien les frontières géographiques que temporelles et qui assure au sujet une forme de refuge et de stabilité identitaire.  D’un autre côté, lorsque l’expérience vécue (comme le nomadisme, l’errance ou l’exil) est détachée de l’existence antérieure d’un point de vue géographique, la mémoire peut se transformer (s’enrichir ou s’appauvrir au contact d’autres mémoires). Ces mémoires « transportées » ou « reconstituées » peuvent certes devenir des vecteurs de reconstruction mais aussi de trouble identitaire.

Une telle thématique nous invitera à nous poser les questions suivantes : quelles mémoires transporte-t-on avec soi ? Quelles mémoires laisse-t-on derrière soi ? Quelles mémoires adopte-t-on ? L’exil / le changement de territoire modifie-t-il les mémoires existantes ? Que nous dit l’art sur le rapport dialectique entre la mémoire (collective, personnelle, inventée, imaginaire) et l’exil, entre la mémoire et le territoire ? Quel(s) rôle(s) l’art joue-t-il dans la fabrication d’une « mémoire d’emprunt » ou dans le phénomène de « reconstruction mémorielle » ? La mémoire, au même titre que le discours, peut-elle devenir errante ? Si oui, comment l’art rend-il compte de cette manifestation de la mémoire?

Telles sont quelques-unes des questions sur lesquelles ce colloque se propose de réfléchir, l’idée majeure étant d’explorer la façon dont les expressions artistiques francophones contemporaines problématisent et représentent le rapport entre territoires et mémoires dans un « univers décardinalisé ».

Les communications proposées pourront aborder des domaines liés à  l’ensemble des études culturelles et donc à des supports d’expressions artistiques et culturelles variés  (tels que le théâtre, le cinéma, la chanson populaire, la littérature, etc.) et pourront porter sur les aspects suivants (sans pour autant s’y limiter) :

-  cultural Memory (cadres sociaux de la mémoire, lieux de mémoire, etc.)

- Territoires et mémoires diasporiques

-  Affects et mémoires / affects et territoires

-  Mémoires culturelles métissées (R. Robin) / phénomènes d’hybridité

-  Cartographie mémorielle

- Muséologie et architecture

-  Lieux et pratiques commémoratives

-  Pratiques mémorielles et identités

-  Arts mémoriels

-  Autochtones / Premières nations

Les propositions (300-350 mots, pour des communications en français ou en anglais de 20 minutes) ainsi qu’un court CV sont à envoyer aux deux adresses suivantes (i.thibaudeau-boon@let.ru.nl et j.m.l.den.toonder@rug.nl) avant le 31 octobre 2014.

Une publication de l’ensemble des articles fera suite au colloque.