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Temps, rythmes, mesures…

Temps, rythmes, mesures…

Publié le par Sophie Rabau (Source : Laurence Dahan-Gaida)

Temps, rythmes, mesures…

Figures du temps dans les sciences et les arts

Colloque organisé à la

Maison des Sciences de l'Homme Nicolas Ledoux

Université de Franche-Comté

30 rue Mègevand

25030 Besançon cedex

http://mshe.univ-fcomte.fr

3-5 décembre 2009

Le temps est une dimension fondamentale de notre expérience, indissociable de notre rapport au cosmos, à la vie biologique, à la conscience mais aussi à l'histoire, à la culture et à la société. Parce qu'elle est au confluent de plusieurs champs d'expérience et de réflexion, la question du temps offre une passerelle privilégiée pour croiser des approches rarement invitées à se rencontrer : celles des sciences d'un côté (physique, biologie, médecine), celles de la philosophie, de l'histoire et de la littérature de l'autre. L'idée d'un rapprochement entre le temps des sciences et la culture a été frayée par Ilya Prigogine et Isabelle Stengers dans La Nouvelle alliance (1986), qui a montré qu'une confrontation féconde était possible entre la nature et l'histoire des hommes, de leurs sociétés et de leurs savoirs.

Le colloque se propose d'élargir la réflexion ainsi amorcée en invitant au dialogue la littérature, considérée comme un lieu privilégié d'exposition et de mise à l'épreuve de modèles temporels. On partira de la proposition de Paul Ricoeur de considérer la temporalité comme le trait distinctif de toute narration, puisque le récit permet de configurer et refigurer l'expérience du temps. La littérature peut donc être envisagée comme un champ d'expérimentation pour différents régimes temporels qui tantôt croisent la rationalité dominante (sciences, historiographie) et tantôt en réactivent des dimensions oubliées (mythe, rite, etc.). Si les sciences constituent un réservoir particulièrement fécond à cet égard, c'est qu'elles proposent une multiplicité de modèles aptes à complexifier notre représentation courante du temps comme succession linéaire et irréversible de moments différenciés selon l'antériorité et la postérité : temporalités non linéaires, réversibles, cycliques ou emboîtées, qui peuvent être dynamisées par des boucles de rétroaction, des bifurcations, des turbulences ou des catastrophes.

La science n'est pas seulement à l'origine de techniques pour découper et mesurer le temps, elle a aussi développé des « scénarios » pour raconter l'histoire de la Terre, des espèces vivantes, du système solaire ou des galaxies. S'interrogeant sur l'origine des espèces ou de l'univers, la biologie et la cosmologie ont donné naissance à des « récits » qui recèlent une dimension diégétique et donc une connaissance liée au temps : théorie du « big-bang », théorie darwinienne, etc. Parmi ces théories, la relativité est de celles qui ont connu la plus grande fortune littéraire, en particulier dans la première moitié du XXème siècle. Au XIXème siècle, c'est le concept d'entropie qui mobilisait l'imaginaire culturel, suscitant en littérature des modélisations originales de la condition historique. Passant de la thermodynamique au champ culturel, l'entropie est devenue une véritable matrice narrative, à l'origine de nombreux récits de fiction. Aujourd'hui, la physique et la biologie ont développé de nouveaux modèles du temps - théorie des structures dissipatives, dynamiques non linéaires, théorie du chaos, auto-organisation, etc. - qui relancent l'imaginaire dans d'autres directions. Les comportements paradoxaux au voisinage de seuils critiques, les réorganisations brusques et imprévisibles sous l'effet de fluctuations minimes sont devenus les nouveaux problèmes d'une science qui ne cherche plus à déduire l'évolution d'un système de ses conditions initiales mais des fluctuations et des bifurcations qu'il traverse. Importés en littérature, ces modèles ont servi à réinterpréter le processus historique ou encore à jeter le trouble dans la logique du récit. Désormais, les écrivains n'envisagent plus l'histoire comme un enchaînement rationnel de causes et d'effets, mais ils explorent les phénomènes d'émergence imprévisibles, la non linéarité des évolutions, les phénomènes d'instabilité qui permettent l'apparition d'ordres nouveaux loin de l'équilibre.

Le colloque se propose d'explorer la variété de ces régimes temporels, en abordant la littérature comme le site d'une double créativité : en effet, la question du temps peut être traitée comme un contenu de la fiction (temps représenté) mais aussi comme un mode de structuration du récit (temps représentant). La question des transferts entre science et littérature appelant d'emblée une réflexion interdisciplinaire, l'enquête sera ouverte à toutes les disciplines scientifiques concernées par la question du temps : physique, cosmologie, biologie, neurologie, médecine, etc. De même, seront envisagées toutes les formes d'expression artistique pour lesquelles le temps est une donnée constituante : musique, danse, cinéma, sans oublier le théâtre qui peut mettre en scène de manière « performative » les modèles scientifiques du temps (Kirsten Shepherd-Barr). Au-delà des questions qui touchent à la réorganisation des partages cognitifs et disciplinaires, le colloque cherchera à mettre en évidence la créativité de la littérature (et des arts en général) à l'égard, non seulement du temps, mais aussi des savoirs sur le temps qu'elle met en oeuvre.

Contact à l'Université de Franche-Comté :

Laurence Dahan-Gaida

Courriel : laurence.gaida@univ-fcomte.fr

Les proposition de communication sont à envoyer au plus tard le 30 avril 2009 (titre + résumé d'une dizaine de lignes).