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Temps biologique, temps historique L’hybridation des savoirs dans la littérature du XIXe siècle  

Temps biologique, temps historique L’hybridation des savoirs dans la littérature du XIXe siècle

Publié le par Emilien Sermier (Source : Laboratoire LISAA EA 4120)

 

 "Temps biologique, temps historique L’hybridation des savoirs dans la littérature du XIXe siècle"  

 Fondation Maison des sciences de l’homme de Paris

190, avenue de France – 75013 Paris
3-5 octobre 2014
Coordination : Gisèle Séginger

 

Date limite d’envoi des propositions (titre et résumé) : 15 mars gisele.seginger@univ-mlv.fr

 

Ce colloque a pour objectif d’étudier l’implication et le croisement dans la littérature de pensées et représentations du temps empruntés à deux domaines différents : d’une part l’histoire et d’autre part les sciences de la nature et de la vie. Le choix du XIXe siècle est motivé par le renouvellement de l’historiographie et le développement des sciences de la vie, par la circulation des modèles de pensée entre ces disciplines, et le rôle la littérature qui renégocie sa place par rapport aux savoirs. L’invention du terme « biologie » témoigne d’une conscience disciplinaire nouvelle. Ses frontières ne se définissent que très progressivement pourtant les écrivains s’emparent très vite des nouveaux savoirs qu’ils réinvestissent d’un pouvoir esthétique, imaginaire, ou idéologique, sans pour autant abandonner d’anciennes idées (force vitale, génération spontanée). Le colloque tiendra compte de décalages fréquents dans l’utilisation des savoirs par les écrivains ainsi que des processus d’hybridation.

De Lamarck à Haeckel en passant par Darwin et Spencer, scientifiques et philosophes discutent des modèles de transformation, d’évolution, de l’hérédité, de la dégénérescence, de la sélection naturelle. Ces modèles ont en commun de penser la longue durée et une impassibilité de la vie : il s’agit d’un temps de la Nature, indifférent aux dimensions et aux aspirations politiques, morales ou religieuses de la vie humaine. De Humboldt à Burckhardt, en passant par Quinet et Michelet, les disciplines historiques conçoivent de leur côté le temps de l’Histoire en s’interrogeant sur l’articulation de l’individuel et du collectif, sur le rôle des hommes et ses limites, sur le sens de l’histoire, sur les déterminations et la part des sujets de l’histoire. Marqués par l’expérience des changements depuis 1789, les pensées de l’histoire tentent de décrire les développements et les bouleversements de la vie sociale et culturelle, d’en discerner les lois inhérentes ; les concepts de progrès, de révolution, d’esprit d’époque (ou de couleur locale), mais aussi de constance, de stasis marquent les esprits. L’histoire et les sciences naturelles s’influencent réciproquement, les transferts et les reprises sont fréquents ; ainsi, le concept de révolution peut marquer l’étude du vivant (Geoffroy Saint-Hilaire), et celui de l’évolution l’histoire (Spencer, Haeckel). Quel rôle la littérature joue-t-elle dans les échanges entre histoire et biologie, dans le dialogue entre les disciplines, dans la formation de représentations culturelles prégnantes et durables, issues d’une hybridation entre des savoirs du temps d’origine différente ? Ne contribue-t-elle pas à la transformation des modèles empruntés à la biologie et à leur investissement idéologique dans certains cas ? Comment a-t-elle contribué à la formation de représentations qui peuvent influer culturellement sur l’appréhension du temps et sur la conception des êtres vivants dans leur histoire et dans leur environnement ?

 Les communications pourront mettre en œuvre une méthodologie diversifiée : génétique (pour suivre les processus de mise en texte et de transformation dans les manuscrits), épistémocritique (pour analyser la dimension cognitive, idéologique ou critique de la littérature), narratologique et poétique pour comprendre le rôle des savoirs dans l’organisation du texte littéraire. 

 Ce colloque fera suite aux journées organisées du 22 au 24 avril à Tübingen et coordonnées par Niklas Bender et le Forum Scientiarum (dir. Niels Weidtmann) dans le cadre du programme franco-allemand « Temps biologique, temps historique ».