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Technologies désenchantées?Formes et enjeux de la réflexivité dans les créations numériques contemporaines 

Technologies désenchantées?Formes et enjeux de la réflexivité dans les créations numériques contemporaines

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Tony Gheeraert)

Technologies désenchantées? Formes et enjeux de la réflexivité dans les créations numériques contemporaines

Lieu: Université de Rouen - Campus de Mont-Saint-Aignan

Date: Jeudi 7 mai 2020

Comité d’organisation : Mélanie Lucciano, Sandra Provini, Tony Gheeraert

Comité scientifique : Sandra Provini, Mélanie Lucciano, Tony Gheeraert, Gaëlle Théval, Anne-Laure Tissut, Sandra Gondouin, Marcello Vitali-Rosati.

 

Argument

Jusqu’ici, la littérature “traditionnelle” s’était volontiers mise en scène pour célébrer avec délices ses propres prestiges et ses pouvoirs : du bouclier d’Achille à “l’Ode sur une urne grecque”, de “La Souricière” d’Hamlet à Odradek, de l’Illusion comique aux Faux-Monnayeurs, le procédé de mise en abyme était le plus souvent un artifice pour glorifier l’illusion dramatique, modéliser la fiction, ou chanter la poésie.

Les créations numériques contemporaines, elles aussi, se caractérisent par la réflexivité, d’autant plus qu’elles sont moins sujettes que la “littérature livresque” (G. Bonnet) à la naturalisation de leur médium. Pour autant, ces œuvres sont-elles aussi ardentes à prononcer l’éloge des formes et des procédés sur lesquels elles sont construites ? Ne sont-elles pas souvent bâties, au contraire, plutôt pour dénoncer les limites et les risques des technologies émergentes sur lesquelles elles se fondent et qui font leur spécificité ? Après les années 1990-2000, époque exploratoire de jubilation et d’émerveillement, l’inquiétude et la désillusion n’accompagnent-elles pas les œuvres d’aujourd’hui, dans lesquelles percent souvent désenchantement amer et critiques acides à l’égard de techniques désormais asservies à des idéologies toutes-puissantes, ou jugées en elles-mêmes périlleuses ? 

 

C’est ce paradoxe que nous nous proposons d’explorer lors de notre prochaine rencontre. Ce rendez-vous fera suite à la journée organisée en décembre 2018, et qui portait sur l’impact des outils sur la création numérique contemporaine : lors de cette  première séance de travail, les participants avaient déjà mis en évidence la fonction critique des œuvres numériques à l’égard des évolutions techniques du monde contemporain, et c’est cette dimension que nous souhaitons approfondir, cette fois plus directement  : nous interrogerons ces mises en abyme qui sont aussi mise à distance, et portent un regard mélancolique ou grinçant sur ce medium entre rêve et cauchemar.

 

On pourra étudier par exemple, mais non exclusivement :
 

  • la représentation des technologies nouvelles et émergentes au sein des œuvres numériques contemporaines ;

  • la déconstruction et la “dénaturalisation” de l’idéologie qui sous-tend les habitudes et les algorithmes imposés par l’industrie ;

  • l’interrogation des effets de sens induits par les nouvelles plateformes et les réseaux sociaux (brièveté, émiettement, effets d’accélération peu propres à l’expression d’une pensée complexe), qui impliquent un modèle de rapport au réel contraint, sous couvert de l’apparente totale liberté laissée à l’internaute ;

  • le “détournement des genres” et des formes répandus sur le web (G. Théval) dans la poésie expérimentale ;

  • la fonction critique du jeu vidéo interactif : s’il est vrai que, comme le souligne A. Gefen, les expériences de fiction interactive, jugées si prometteuses au début des années 2000, n’ont pas porté tous les fruits qu’on en attendait, n’est-ce pas qu’une certaine forme ludique de création en a pris le relais, récupérant également, dans le meilleur des cas, la dimension critique de la littérature hypertextuelle ?

 

Les propositions de communication, limitées à 300 mots et accompagnées d’un bref C.V., seront envoyées avant le 1er février 2020 à tony.gheeraert@univ-rouen.fr, melanie.lucciano@univ-rouen.fr et sandra.provini@univ-rouen.fr