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Talma (1763-1826), un acteur dans son temps. Conférences et lectures

Talma (1763-1826), un acteur dans son temps. Conférences et lectures

Publié le par Marc Escola (Source : Sanjuan Agathe)

Le 18 mai 2013, la Bibliothèque nationale de France et la Comédie-Française s’associent pour célébrer le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de Talma, anniversaire inscrit aux Commémorations nationales de l’année 2013. Conférences et lectures programmées sur le site Richelieu de la BnF et au Théâtre du Vieux-Colombier évoqueront cette grande figure artistique et politique.

Bibliothèque nationale de France (site Richelieu, salle des commissions)
10h – 12h30
Talma, acteur néo-classique ou romantique ?
Mara FAZIO, professeur d’Histoire du Théâtre et du Spectacle. Université de Rome « La Sapienza »

La réforme du costume selon Talma
Pierre FRANTZ, professeur des universités en littérature française. Sorbonne Paris IV

« Talma, un succès en héritage », génie spontané ou fils spirituel d’un passé déjà glorieux
Damien CHARDONNET-DARMAILLACQ, théoricien et praticien du théâtre, docteur et enseignant en histoire, littérature et esthétique du théâtre

L’acteur selon Talma, homme de savoir et de pouvoir,
Madeleine AMBRIÈRE, professeur émérite. Sorbonne Paris IV

Théâtre du Vieux-colombier
14h30 – 17h
Jeux de voix : Larive et Talma dans le rôle d’Oreste (Andromaque de Racine)
Jacqueline RAZGONNIKOFF, historienne du théâtre. Ancienne bibliothécaire à la Comédie-Française

Talma, Ducis et Shakespeare
John GOLDER, professeur. Université de New South Wales, Sydney

Anamorphoses littéraires de François-Joseph Talma
Florence FILIPPI, maître de conférence en Arts du spectacle. Université de Poitiers

16h
Portraits littéraires de Talma, lectures des textes de Lamartine, Mme de Staël, Stendhal, Chateaubriand, Dumas, Berlioz... Nelly PULICANI et Laurent COGEZ, élèves-comédiens de la Comédie-Française.

Journée organisée par Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle de la BnF et Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste à la Comédie-Française.

Premier acteur de son temps, François-Joseph Talma le fut sur scène autant que dans sa vie personnelle et publique, dans la manière dont il se fit l'écho des bouleversements politiques et historiques qui marquèrent son époque. Il délaissa rapidement la carrière de dentiste pour recevoir les enseignements de l'École royale dramatique en 1786. Il débuta au Théâtre-Français l'année suivante, mais suivant la coutume, fut cantonné aux seconds rôles dans ses premières années d'exercice.
La Révolution changea son destin en lui offrant un premier rôle à sa mesure, celui de Charles IX dans la tragédie patriotique éponyme de Marie-Joseph Chénier. Le théâtre fut alors la caisse de résonance des événements politiques, aussi vu comme un puissant instrument de communication et d'éducation du peuple. Talma se fit le corps et la voix de l'actualité ainsi mise en abîme. En avril 1791, il démissionna avec fracas pour s'installer rue de Richelieu avec quelques camarades, dans la salle actuelle de la Comédie-Française, afin d'interpréter un répertoire en phase avec les nouvelles idées et la nouvelle esthétique prônée par son ami Jacques-Louis David : il poursuivit notamment sa réforme du costume, adoptant la toge à l'antique dans Brutus de Voltaire. C'est après Thermidor qu'il fit la connaissance du jeune Bonaparte, rencontré dans le salon de Mme Tallien.
Après avoir interprété les rôles sombres de rois cruels pendant cette période, il collabora avec des auteurs (Ducis, Lemercier, Arnault) qui écrivirent souvent à sa demande des rôles de fous, de visionnaires et de mélancoliques shakespeariens, flattant son goût préromantique. Ayant pendant longtemps évité l'ancien répertoire, il reprit enfin le rôle canonique d'Achille dans Iphigénie, incarnant désormais un nouveau classicisme encouragé par Bonaparte. Après la victoire Marengo, Talma fut en quelque sorte son porte-parole à Paris ; il annonçait les succès d'Italie au public parisien venu acclamer le double de leur héros. Les deux hommes développèrent une amitié et une fascination réciproque. En 1808, lorsque Napoléon convoqua à Erfurt les princes d'Europe assujettis, il fit jouer son acteur fétiche devant ce parterre de rois. Après la chute de l'Empire, Talma ne renia jamais son attachement à Bonaparte, se ralliant au parti libéral et incarnant parfois indirectement l'empereur déchu comme dans Sylla de Jouy. Désormais, l'acteur cultiva son image de vedette, se partageant entre la Comédie-Française, où il créa des rôles tant shakespeariens que modernes, et ses lucratives tournées en Province. Romantique avant l'heure, il mourut quelques mois avant la parution du manifeste de Cromwell de Hugo. L'archevêque de Paris échoua à le faire renoncer à des funérailles civiles. Son enterrement fut son ultime succès politique : une foule immense suivi le cortège de cet homme épris de liberté.

Entrée libre dans la limite des places disponibles