Collectif
Nouvelle parution
T. Dutoit & P. Romanski (dir.), Derrida d'ici, Derrida de là

T. Dutoit & P. Romanski (dir.), Derrida d'ici, Derrida de là

Publié le par Florian Pennanech

Thomas Dutoit & Philippe Romanski,Derrida d'ici, Derrida de là, Paris : Galilée, coll. "La philosophie en effet", 2009, 368 p.

  • ISBN-13 : 978-2-7186-0794-8
  • Prix : 38 €

Présentation de l'éditeur :

« Commençons par une ellipse – celle qui, finalement, scelle à bien deségards cet ouvrage. Il s'agit en effet de reconnaître (en un simulacrede début que nous rédigeons à la fin) ce qui (et celui qui) déjà nousmanque. En dépit du performatif qu'ils impliquent si lourdement, lesactes (actum, de agere « faire ») d'un colloque nepeuvent jamais re-dire ou re-présenter le vivant, la vivacité ou levécu des paroles livrées et échangées après (ou pendant) chaqueintervention (ou presque). Malgré tous nos voeux, le passage auscripturaire ne peut restituer le parler-ensemble de la parole, sonparler-en-même-temps, son parler-à-contretemps, sans parler desnon-dits, des oublis, ou des paroles perdues. Publier un tel volumeconsacré à l'écriture et à l'enseignement de Jacques Derrida après lamort de celui-ci nous rappelle (si cela était nécessaire) non seulementcombien sa participation en tant que répondant aux conférenciers futgénéreuse et riche (sa capacité si singulière de rendre la parole) maisaussi combien l'absence de cette voix nous accompagne maintenant. Cesactes tentent de dire notre désir de mettre à notre portée, à portée demain, cette parole qui fut la sienne. Malgré le manque, et en raison dumanque, il nous faut la rapporter, pour demain.
Que ce colloqueen 2003, le premier colloque consacré à Jacques Derrida en France dansune université française, ait eu "lieu" dans un département d'anglais(chose a priori surprenante) n'avait pourtant rien de fortuit, ce donttémoigne le volume en plusieurs endroits ; il suffit, pour s'enconvaincre, de lire le programme du colloque (reproduit à la fin duprésent texte) et les interventions, par exemple, de Derek Attridge etJean-Michel Rabaté, en forme de dialogue, sur les multiples lieux etnon-lieux de la déconstruction, ou celle de Philippe Romanski sur lanécessaire déconstruction, précisément, de toute notion de lieuprivilégié, de "rassemblement" et de "communauté". Il est édifiant delire, à cet égard, le propos d'Evelyne Grossman sur le tenir à part etl'appartenance ou celui de Thomas Dutoit sur l'angularité de l'anglais.L'on consultera, de même, avec attention, l'intervention de Daniel Katzsur l'enseignement de la langue étrangère comme lieu idéal de l'étudede la traductibilité au sens derridien de ce terme. Comme parmétonymie, la conférence de Catherine Bernard en dit long sur lamanière dont l'anglais, en tant que discipline, s'est avéré être, enFrance et ailleurs, institutionnellement et structurellement, un lieuparticulièrement ouvert à la transversalité, à l'expérience du trans-et à la multiplication de ces intervalles dans lesquels s'est toujoursmû le travail de Derrida. Ce dernier fut non seulement le premier àremarquer ces phénomènes, mais il fut aussi celui qui, très tôt,souligna le rôle stratégique de l'anglais et donc des anglicistes, enraison de l'importance relative de cette discipline (nombre de postesnotamment par rapport à d'autres disciplines, voire d'autres langues)dans l'Université (française, européenne, etc.), mais également euégard à l'hégémonie de modèles anglo-américains. Il était déjà questionde responsabilité vis-à-vis du pouvoir dont est investi l'anglais, et,notamment ou surtout, de cette responsabilité, incombant auxanglicistes, à savoir de déconstruire l'idée, si répandue, de la langueet de l'anglais comme outil de communication relevant de la simplecompétence "technique".
Lorsque nous lui avons présenté l'idée ducolloque, Jacques Derrida nous a surpris en disant "je viendrais bien".Nous n'avions même pas osé, dans un premier temps, lui demander devenir. C'est dire, son envie spontanée, et spontanément formulée,d'être partie prenante de ces multiples projets collectifs quiprenaient le pari de travailler avec (et à partir de) son écriture etde son enseignement. Dans ce même esprit, il accepta, afin de clôturerle colloque, l'idée d'une table ronde avec Hélène Cixous sur lesquestions que nous proposions de débattre (l'Université,l'enseignement, la lecture, la langue, l'enfance, la différencesexuelle). Nous publions ici la transcription autorisée et non remaniéede cet échange. Avec l'accord de Jacques Derrida, nous publions iciaussi deux textes de lui, qui paraissent ici pour la première fois enfrançais : l'essai "Some Statements and Truisms about Neologisms, Newisms, Postisms, Parasitisms, and Other Small Seisms"(dont Jacques Derrida souhaitait maintenir le titre anglais) etl'entretien "Cette étrange institution qu'on appelle la littérature. Unentretien avec Jacques Derrida". Ces deux textes furent rédigés etpubliés naguère en anglais en vue d'un contexte nord-américain. »
Th. D., Ph. R.

Textes de :

Thomas Dutoit

Philippe Romanski

Nicholas Royle

Catherine Bernard

Cornelius Crowley

Michel Imbert

Peggy Kamuf

Daniel Katz

Frédéric Regard

Derek Attridge

Jean-Michel Rabaté

Hélène Cixous

Jacques Derrida