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Appels à contributions
Survival/La survie

Survival/La survie

La survie

25e conférence annuelle du Centre de littérature comparée, Université de Toronto

12 mars – 15 mars 2015

 

Invités d’honneur: Professeur Christopher Fynsk (Université d’Aberdeen) et Professeure Elizabeth Rottenberg (Université DePaul)

Linda Hutcheon and J. Edward Chamberlin Lecture in Literary Theory: Professeur Eric Cazdyn (Université de Toronto)

 

Chaque catastrophe teste les limites de l’instinct de conservation et exige notre négociation prolongée avec ce qui s’est déroulé et ce qui est à venir. En la privant  des structures traditionnelles pour vivre ses désirs et ses valeurs, le besoin de survie force la personne à reconnaître l’insuffisance de ses ressources internes si elle souhaite vivre autrement. La survie sous le poids de la perte – perte des visages et des mots, des reliques et des ports d’attache, des sens et des intimités – la survie à la suite de la catastrophe porte avec elle le pressentiment d’une existence transfigurée. Cette promesse est un appel qui unit les gens entre eux pour reconstruire les fragiles mais nécessaires liens qui font le monde. Nous concevons la survie de diverses façons : la précarité de l’environnement; les effets néfastes de l’hétéronormativité; la transmission d’histoires culturelles par les interprétations, les traductions et les archives; les expériences de mondialisation, de déplacement et de conflit.

L’œuvre d’art survit à sa canonisation. Sa réification au sein du canon lui confère la gloire, alors que le sceau de la périodisation et du genre dissimule d’autres façons dont elle pourrait se montrer. Le portrait figé d’une œuvre qui a été embaumée dans le mausolée de la vénération impotente est intrinsèquement lié à des modes d’examen critique qui monumentalisent sa pérennité. Dans le cortège rituel du patrimoine culturel, le malheur d’existences enfermées derrière des cloisons de verre est le catalyseur de l’intervention critique.

Des modes critiques ont été transmis par une grille culturelle qui construit, et est construite par, les mêmes modes de production qui ont dégradé la postérité de l’art. Pour contrecarrer ce processus de consolidation progressive, une critique qui refuse d’être complice des phantasmes de domination doit faire éclater l’idéologie de la préservation à tout prix. Pour perturber le vernis trompeur de la continuité généalogique, afin de libérer le particulier de l’étau de la conservation, l’intervention critique doit pulvériser cette fausse image d’éternité.

Le mythe de la longévité cyclique et de la perpétuité de la nature contredit la menace omniprésente de son extinction. Les forces homogénéisantes de la technologie moderne perpétuent le mythe de la Terre comme réserve inépuisable. Ces discours vitalistes trompeurs côtoient la prolifération exponentielle de signes de destruction environnementale. En situant ce qui passe pour naturel dans les « catastrophes naturelles » au sein d’un cadre plus large de structures de dettes qui perpétuent le cycle mythique de culpabilité et de compensation, une écologie de la survie récupèrerait la force de l’analyse et le futur de l’intellect accaparés par le capitalisme de marché.

Les stratégies de privatisation qui préservent un complexe d’institutions cachent l’être assujetti à la dette universelle qu’ils ont construit. Nous devons comprendre la logique au sein de laquelle le désir de changement systémique de notre société a été remplacé par une série de transactions économiques qui pacifient le malheur individuel. Notre tâche comme penseurs de la survie est double : rendre visible les contours de la subjectivité accablée par la dette, et interpréter notre désir dans sa vérité.

La saisie des désirs et des intimités renforce le répertoire d’imitations compulsives. Dans ce théâtre de désirs, l’imitation parodique suit l’exemple des normes culturelles qui dictent les termes de toute attitude d’opposition. En jouant des rôles vides qui déterminent à l’avance notre façon de répondre, il nous devient impossible de reconnaître l’altérité. Une éthique du témoignage attentive à ce qui reste de l’altérité doit prendre en compte un questionnement sur la survie. Pour renouveler le scénario mort de nos interactions sociales, une réflexion sur la survie est nécessaire.

Le comité d’organisation du colloque invite les contributions qui répondent au besoin de repenser ce que la « survie » signifie aujourd’hui. Les sujets possibles de présentations peuvent inclure, mais ne sont pas limités à :

 

·      La pulsion de mort freudienne; les morts-vivants; l’inquiétante étrangeté

·      La culpabilité du survivant; le deuil; survivre à la mort des autres

·      La survie du nom

·      Le suicide et le sacrifice

·      Les économies apocalyptiques

·      Les esthétiques de l’eschatologie

·      La survie des oeuvres d’art

·      La survie du capitalisme / La survie dans le capitalisme

·      Le recoupement de la survie et de l’obsolescence

·      Les apparitions; l’hantologie; les revenants

·      La survie de la pensée critique et des sciences humaines

·      La mort de dieu

·      La lutte des classes; l’État-nation; les conflits armés

·      Survivre à la violence liée au genre et à la sexualité

·      Les mouvements survivalistes

·      L’écologie; l’« écopoésie »; le créationnisme

·      Les biens de consommation qui ont survécu à leur utilité première (antiquités; collectionneurs)

·      La culpabilité et la dette

·      L’embourgeoisement; l’histoire architecturale; les ruines

·      L’habitabilité

Nous invitons les propositions, d’un maximum de 250 mots, pour des ateliers ou tables rondes, ainsi que pour des présentations individuelles. Les présentations individuelles seront d’environ 20 minutes, et les ateliers ne devraient pas dépasser 90 minutes. Si vous participez à une table ronde, veuillez être préparé-e-s à ne pas parler plus de 10 minutes afin de favoriser les échanges. Nous vous prions d’inclure une biographie d’un maximum de 50 mots avec votre proposition. Nous préférons que tous les participant-e-s des ateliers et tables rondes aient été confirmé-e-s lors de la soumission des propositions.

La date de tombée est le 1er octobre 2014. Toutes les propositions doivent être soumises sur notre site à http://conference.complit.utoronto.ca/Survival. N’hésitez pas à nous contacter à conference.complit@utoronto.ca pour toute question.