Questions de société
Suppression annoncée du site consacré à Jean-Luc Lagarce (lagarce.net)

Suppression annoncée du site consacré à Jean-Luc Lagarce (lagarce.net)

Publié le par Marc Escola (Source : Les Solitaires Intempestifs)

Jean-Luc Lagarce, auteur maudit  — Nouvelle saison, épisode 1

 

Suppression annoncée de la ressource en ligne consacrée à Jean-Luc Lagarce - lagarce.net

La baisse de la subvention du Ministère de la Culture (DGCA) allouée à theatre-contemporain va avoir pour conséquence la fermeture du site. Un courrier alarmiste de l’association, en date du 5 novembre 2018, au ministre de la Culture et au ministre de l’Éducation est à ce jour resté sans réponse.

Un peu d’histoire

En 2007 une subvention de la Région Franche-Comté, de la Ville de Besançon et du Ministère de la Culture a permis l’organisation d’une manifestation Année (…) Lagarce. A cette occasion, en accord avec les partenaires et les ayants-droits (qui ont aussi participé financièrement), le budget consacré au développement du site de la manifestation (lagarce.net) a été réalisé en partenariat avec theatre-contemporain permettant ainsi de faire bénéficier de ce financement, et donc du développement technique du site, à l’ensemble des auteurs et plus largement aux artistes du spectacle vivant. Un geste qui fut toujours dans l’esprit de solidarité de Jean-Luc Lagarce qui, rappelons-le, créa une maison d’édition pour publier un jeune auteur : Olivier Py.

La ressource en ligne indispensable

Jean-Luc Lagarce est l’un des auteurs contemporains les plus joués de ce début de siècle et bien sûr la question de la diffusion de ses textes ne se pose plus, il n’en reste pas moins que, comme pour l’ensemble des auteurs contemporains, la nécessité de la connaissance d’une œuvre reste essentielle et celle-ci est portée au XXIe siècle par la ressource en ligne. (Pour Lagarce au cours des dix dernières années c'est environ 2 millions de pages lues qui concernent  son œuvre.)

Un support à l’éducation

Les contenus disponibles en matière éducative, développées en concertation et en partenariat avec l’Éducation nationale, sont le support qui, nous n’en doutons pas, aident à la compréhension de cette œuvre. Rappelons pour mémoire que Lagarce fut présent au baccalauréat option théâtre (comme ses illustres contemporains et frères de galères : Olivier Py, Wajdi Mouawad, Joël Pommerat…) et au programme de l’agrégation de français en 2012 pour représenter le XXe siècle.

Pour les classiques de demain

Lors de sa première prise de parole publique, au TNS le 20 octobre 2018, Franck Riester, ministre de la Culture a déclaré que « Les classiques de demain sont les textes qui s’écrivent aujourd’hui ». Si nous souscrivons à cette formule, il ne nous semble pas devoir attendre demain pour connaître nos auteurs d’aujourd’hui ! Jean-Luc Lagarce est bien représentatif d’un parcours d’auteur à ne pas suivre, à sa mort aucune ressource n’était disponible, le monde a changé nous devrions nous en réjouir !

Que faire pour être entendu ? 

Devant le silence des pouvoirs publics, face à ce gâchis annoncé, si vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un, qui connaît quelqu’un… qui puisse transmettre à Messieurs les ministres le message ci-joint, nous vous en remercions par avance.

Pour Jean-Luc Lagarce, François Berreur, exécuteur testamentaire 

*

(…) Dans ma propre impuissance‚ dans mon désarroi‚ chercher à me rassurer moi-même et aller‚ résister‚ aller au-devant des autres désarrois plus grands encore‚ plus douloureux‚ plus secrets‚ interdits‚ sans le droit à la parole. Prétendre à sa petite mission‚ l’exercice de ses droits‚ avoir un devoir‚ jouer son rôle. Se l’accorder. Être dans la Cité‚ être au milieu des autres‚ avoir le droit immense de pouvoir parler‚ être responsable de cet orgueil‚ être conscient de ma force. Ne pas craindre mon propre déséquilibre et mes hésitations.

(…) Ne vaudrait-il pas mieux écouter en effet‚ acquiescer‚ rester là dans son rôle‚ amuser et ne pas inquiéter‚ faire ce qu’on dit et non ce qu’on pense‚ prendre sa belle mine de circonstance et parler de belles et longues heures entre gens qui s’entendent et se comprennent de la dureté du temps sans se soucier jamais d’en changer le cours ne serait-ce qu’une seule seconde ? Et remercier encore poliment de ce qu’on nous doit pourtant‚ et se prosterner avec déférence pour une aumône prise sur notre propre fortune ?

Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de l’impuissance