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Événements & colloques
Sujet et Traduction (colloque international)

Sujet et Traduction (colloque international)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Chloé Laplantine)

Programme.
Abstracts, conférences plénières et communications :

Resums de les conferències plenàries
Abstracts

12 de novembre. 10:30 (FTI. UAB, aula 2)
Angela Ryan
University College Cork
Ireland
Lector, auctor, auctoritas : la question du sujet dans les ecrits d'Aristote, Montaigne et Compagnon
La 'vertu-épistémologie' est un domaine de la théorie épistémologique qui explique le savoir en tant qu'investissement d'une foi justifiée. Croire que quelque chose est, est justifiable si cette croyance résulte d'un processus cognitif lui-même fiable.Il semble aller de soi que si la traduction est possible, c'est à condition d'engager une quelconque épistémologie de la vertu: sinon comment déplacer, de bacón fiable, du sens d'une langue à une autre, d'une culture à une autre, d'un sujet écrivant à un autre?
Un aspect de cette problématique fondamentale est illustré par la traduction elle-même, dont l'histoire est celle de l'appropriation des textes, et ainsi d'une certaine appropriation du pouvoir: la question de l'exégèse et de l'herméneutique de la Bible, la question de la copie et de la diffusion des écritures saintes, l'emploi de l'interprétation afin de médiatiser une perception de justice internationale et de reconstruction politique lors des procès de Nürmberg.
La métaphorisation de l'origine de la différenciation linguistique qui est le topos de la tour de Babel témoigne déjà d'un modèle cognitif plutôt entropique de l'interaction entre les langues. Le transfert linguistique pourrait être assujetti à des affirmations assertoriques et même apodéictiques (au sens kantien) quant à l'identité culturelle et nationale, et par ailleurs quant à la justice internationale mais l'histoire nous rappelle que de telles affirmations sont toujours problématiques.
Le cas de la traduction littéraire n'est pas moins complexe. Antoine Compagnon nous rappelle dans La Seconde main que tout texte glose d'autres textes, tandis que Roland Barthes affirme que chaque lecture est un nouveau décodage. Etant donnée cette relative instabilité du texte, etant donnee instabilité phenomenologique du sujet percevant, recrée à partir de chaque nouvelle expérience, selon Montaigne, comment valider la traduction, si ce n'est en engageant une quelconque notion de vertu-éthique, aristotelicienne on autre?
Les inévitables difficultés interculturelles à localiser, à situer la traduction viennent du fait que, la culture 'etant politique', l'interaction culturelle 'est politique'. C'est un concept bien difficile que celui du transfert linguistique sans transfert politique; difficile, et aussi dangereux. Là où coïncident les réalités, l'on peut sans danger mettre en équivalence les termes anglais et français désignant, à titre d'exemple, dans la terminologie spécialisée, des entités ayant la même structure moléculaire ou bien des processus que l'on peut représenter par le même schéma. Mais dès que l'interprétation imaginaire est saisie, la traduction, même celle qui est tout à fait compétente, voire brillante, résulte d'une négociation entre deux systèmes ou métasystèmes humains. Au fur et à mesure que l'un ou l'autre évolue, a fortioiri les deux, la traduction redevient nécessaire, comme dans le cas de Proust.
Nos praxis continuent de rendre possible des traductions fiables, bien sûr, en comptant sur une relative cohérence des contextes. Mais l'analyse de la traductologie nous rappelle qu'à l'origine de toute 'nouvelle' langue, de toute 'nouvelle' littérature, se trouvera une forme ou une autre de traduction - tout auctor étant au départ lector. De plus, et surtout, la dissémination des idées à travers l'humanité a engagé non seulement la traduction, mais aussi différentes stratégies métatraductives, pour rendre compréhensible des idées nouvelles à une culture cible. Ici aussi la seule garantie de fiabilité se trouve dans la vertu-éthique du sujet écrivant.
Le traducteur ou la traductrice, comme le lecteur et lectrice, ou l'auteur, est habitué(e) a tenir compte de ces questions sans necessairement en formuler une theorie. Les exemples choisi pour les demontrer viendront, en plus des auteurs cites, d'icones de la culture populaire comme les Simpson ou Harry Potter.

13 de novembre. 9:30 (FTI, UAB, aula 2)
Alexis Nouss
Université de Montreal
Québec
Canada
Tu traduis? Non, j'attends le Messie- ou de la subjectivation en ses métissages.
La référence messianique dans le texte fondateur de Walter Benjamin, «Die Aufgabe des Übersetzers» («La tâche» ou «L'abandon du traducteur») est souvent prise au mieux comme métaphore, au pire comme élucubration mystique. Or, celle-ci s'inscrit dans une philosophie du temps et de l'histoire qui, phénoménologiquement, éclaire l'acte traductif autant que la seule considération de sa dimension langagière. La présente communication emprunte cette perspective pour dégager, quant au traducteur, un processus de subjectivation en devenir compris sous les espèces du métissage, à savoir une identité radicalement soumise à l'historicité de ses configurations.

14 de novembre. 10:00 (Centre Cultura Contemporània, Barcelona, aula 2)
Didier Coste
Université de Bordeaux
France
Université de Sfax
Tunisie
The Ghost who came from Babel: On the Subject of non-translation
In a world of communication where translation appears more and more as the central metaphor of mediation and communication itself as opposed to another, older or more naïve model of transmission and revelation (transporting vs. imparting), the very idea of non-translation may seem paradoxical, or it could side with naïve immediacy, unless we take it that the subject of translation is always fractured and plural, one part of it acting as the unconscious or subconscious of the other. In other words, what is translation for one may well be non-translation for the other.
Non-translation is at least as diverse as translation. Among the several cases we could consider, the most obvious and best historically documented being omission or ellipsis of parts of the source-text, we shall deal with only three that we find more intriguing:
apocryphal translations (translation without a source-text), as in Don Quixote, or Casanova's Icosameron
ghost-writing of another language, as found in so many travelogues (The Emperor said in Chinese: Welcome to this court.), or in fantasy fiction
gross mistranslation (amounting to nonsense or contrary meaning)
In the first case a translator figure stands for an invisible text and a ghost author. In the second case, it is the translator figure that makes itself invisible and hides the other in the process. In the third case, otherness is equalled to aberration or incompatibility of minds.
All these phenomena say something about the reading relation to the translated utterance and its addresser, on the ways in which the reader constructs the supporting subject of the translated, also in the case of actual and normal translations. These constructs are the ones we ultimately want to discuss.

Resums de les comunicacions

Abstracts

Michel Adnès
Maître de Conférence, Université Paris 8
michel.adnes@wanadoo.fr
Tutoyer le lointain
Lecture «excessive» d'un poème quechua traditionnel: une lecture excessive peut tenir ensemble poétique et ethnologie, en poursuivant l'invention de la grammaire. On essaie de dire ici l'appareil linguistique quechua d'un avènement à soi par le discours dans son rapport dialogal à la fabrique du monde. On postule qu'un rapport au technique de l'énonciation est continu au technique d'une invention de vivre, de dire, de faire. On essaie de s'y représenter comment une posture de l'humanité andine, indissociable d'un sujet du chamanisme, pose et présuppose l'autre et le discours, comme ce rapport à l'identité par l'alliance vient d'abord, et distingue différents indices de personne dans l'intersubjectivité. Dans un cosmos qui ne se construit pas avec notre temps et notre espace, c'est dans l'interlocution jusqu'avec un monde autre, au lointain extrême, que l'on voit se faire le présent, l'histoire : fabrique d'un sujet, et de l'univers. Machine andine du monde : cosmogonie, climats, paroles et parenté, tradition quechua... puis... traduction créole: elle manque son but, et une version française publiée aggrave cette dérive. Il faut retrouver alors une météorologie, une physiologie, qui font une théorie de la connaissance, langage, lignage, personne et paysage, un sentiment du technique, un sujet du monde. La notion d'excessive, "per excessus mentis," est prise ici à ces contemplatifs baroques-métis qui tentaient en leur moment d'échapper à un orgueil des savoirs. C'est une application à l'écoute: chemin vers l'autre, chemin vers soi. Un inconscient technique indo-européen et méditerranéen, grammaire-unvers sentiment de la forme d'une parole donc d'un monde, qui est un impensé du savoir quechuiste créole enferme un sentiment de la langue indienne. S'universalisant, sur le mode de l'uniformisation, ce qui n'est pas l'union, une grammaire fait taire une autre grammaire. Elle shunte un univers. Au lieu de traduire elle arraisonne. Alors antidote, une lecture excessive peut tenir ensemble dans l'aventure du dialogue, la poétique et l'ethnologie, en poursuivant l'invention volubile de vivre. Voyage de la voix, les machines du monde se laissent écouter-dire, avec leurs rationalités: émergence d'indices de personne, spatialité, temporalité, ostension, où la référence est partie intégrante de l'énonciation. Condition technique de ce procès dialogal d'avènement à soi dans l'appropriation du discours et de l'univers, langage, paysages, les re-créations de la réalité s'offrent en partage. Où nous nous trouvons, rendus aussi à nous-mêmes, dans le risque, l'analyse, l'écoute que propose la rencontre: l'homme ne dispose d'aucun autre moyen de vivre.

Thamy Ayouch
Ecole Doctorale de Recherches en Psychanalyse, Université Paris 7 Denis Diderot
alrededores12@yahoo.es
Inconscient et traduction entre psychanalyse et phénoménologie: une question linguistique?
Le processus de traduction accompagne la clinique analytique et sa théorisation dès les premiers textes de Freud : il fait le lien entre restes mnésiques, représentations de choses et représentations de mots, est décrit, dans sa correspondance avec Fliess, comme l'inverse du refoulement, ou constitue l'essentiel du travail du rêve. Réciproquement, le concept de traduction sert souvent à désigner le travail d'interprétation permettant d'accéder, depuis des images du rêve, des symptômes, des lapsus ou des actes manqués, à des pensées inconscientes. La question centrale de la traductibilité que la psychanalyse pose alors, dans un renvoi entre linguistique, logique et métapsychologie, servira d'outil pour rechercher, par-delà le modèle d'un « inconscient structuré comme un langage », la nature de ce processus d' « acheminement à travers » (tra-ducere) : qu'achemine-t-on ici, le fait- on nécessairement d'une langue vers une autre, est-ce en dernière instance un processus linguistique ? Que signifierait alors une traduction qui ne serait pas définie eu égard à une langue originelle ? En analysant le cas extrême d'une « clinique de la langue », moment où le sujet se retrouve dans un lieu dont il ne connaît pas l'idiome, nous tenterons de décrire cette étrangeté de la langue et de la langue propre à la lumière d'une phénoménologie de l'altérité. A partir d'une note de travail du Visible et l'invisible de Maurice Merleau-Ponty, il s'agira de voir si une paradoxale phénoménologie de l'inconscient n'apporterait pas, par-delà la dimension linguistique, une façon autre d'entendre ce processus de traduction de l'inconscient.

Beata Baczyska
Instytut Filologii Romaskiej
Uniwersytetu Wrocawskiego
Polska
baczynsk@uni.wroc.pl
La impronta del cuerpo y la palabra del traductor en la versión polaca de El príncipe constante (1844) de Pedro Calderón de la Barca
La traducción polaca de El príncipe constante de Pedro Calderón de la Barca con el título Ksi Niezomny (Z Calderona de la Barca). Tragedia we trzech czciach salió a la luz en París en 1844. La obra editada en exilio por Juliusz Sowacki (1809-1849), poeta y dramaturgo romántico, ocupó y sigue ocupando un lugar muy especial en la cultura y conciencia polacas, incorporándose al mito de identidad de la nación. La intransigente postura del infante portugués don Fernando, quien en la constancia en el sacrificio encuentra su razón de ser, se plasmó con la realidad que vivían los polacos desde la pérdida de su independencia a finales del siglo XVIII.
Sowacki trabajó en la traducción del drama calderoniano en 1843, en el periodo en el que vivió una profunda crisis espiritual. Varios testimonios confirman que el poeta llegó a identificarse con el protagonista del drama. Es más, la imaginación brillante y llena de santidad determinó la labor hermenéutica que constituyó la base de la traducción de la obra. El ingenio y la sensibilidad del poeta y dramaturgo romántico ofreció una singular lectura del original calderoniano que recuperó valores olvidados del teatro áureo.
Ksi Niezomny de Sowacki parece inscribirse instintivamente en el modelo de traducción para el teatro propuesto por Patrice Pavis, quien opina que en el caso de textos destinados a ser representados el criterio fundamental debería ser la adecuación convincente del habla y el gesto o ademán, una combinación del lenguaje-cuerpo. La traducción de Sowacki habría de contribuir a que el teatro universal tuviera su Calderón contemporáneo. El montaje polaco de El príncipe constante por Jerzy Grotowski y Teatr Laboratorium de Wrocaw (1965) se volvió uno de los esenciales iconos del teatro del siglo XX señalando a Calderón como eje vertebrador de la tradición teatral europea.
La versión polaca del drama calderoniano tanto por su arraigo en el romanticismo, como por la historia de su recepción nos ofrece un singular material de estudio de la historicidad y subjetividad de la traducción.

Elena Basile
PhD English, York University
Canada
ebasile@yorku.ca
The Most Intimate Act of Reading. Affective Vicissitudes in the Translator's Labor.
That translation is the most intimate act of reading, as Spivak evocatively argued in her essay on The Politics of Translation(1), is a daily experience for many literary translators. Rarely, however, do theorists pay sustained attention to the peculiar intimacy activated by the very structure of communicative interaction present in the translation process. Many translators' self-reflexive accounts of their practice show that translation, far from being a disembodied time-space of cognitive de- and re-coding of easily abstracted semiotic units, is a process saturated by relational dynamics of transference and identification, which necessarily foreground the crucial semiosic role played by the translator's embodied self in translation practices, particularly the role played by her affect and her unconscious drives.
Aim of this paper is to tease out some of the epistemic and socio-symbolic implications of paying attention to the affective vicissitudes of the translation processes. Taking heed from Jean Laplanche's theory of the formation/transmission of the unconscious as a drive to translate triggered by the intimate dynamics of primal seduction(2), I will try to foreground the affective economy sustaining the communicative process of translation, and I will argue for re-articulating the question of fidelity in translation no longer in terms of equivalence, but in terms of the translator's response-ability towards what Laplanche calls the enigmatic address' present in the text of the other.
I will discuss the socio-symbolic implications of my argument by making reference to the experimental work on translation carried out by Anglophone and Francophone feminist writers in Canada in the 1980s. Specifically, I will analyze Nicole Brossard's fiction-theory Le désert mauve. Brossard's dramatization of the role of desire in translation not only offers us a wonderful illustration of Laplanche's theories, it also compels us to articulate translation as an open-ended practice of cultural production, driven by a productive recognition rather than a selective repression of the inaugural role played by the otherness of the unconscious in our signifying exchanges. This recognition is of crucial importance if we are to think of translation studies as contributing to a general ethics of Alterity in global practices of cultural exchange.
(1) In Outside in the Teaching Machine. New York: Routledge, 1993.
(2) See Jean Laplanche, Essays on Otherness. New York: Routledge, 1999.

Florence de Caigny
flcaigny@club-internet.fr
Les Tragédies de Sénèque de Michel de Marolles (1659): entre éthique de la traduction et esthétique de la réception.
Le XVIIe siècle en France voit la traduction sortir progressivement du domaine de la création littéraire pour atteindre le statut de genre à part entière. Alors que la première moitié du siècle voit le triomphe des Belles Infidèles dont Perrot d'Ablancourt est l'un des plus illustres représentants, cette pratique se voit contestée progressivement par plusieurs théoriciens qui prônent un retour vers plus de fidélité. La question épineuse reste la place de l'esthétique, et même au sein des « contestateurs », les débats sont vifs et les divergences importantes. Nous nous proposons, au travers du cas particulier des Tragédies de Sénèque traduites par Marolles, d'étudier les hésitations d'un traducteur conscientes ou inconscientes entre différents statuts d'énonciation (traducteur, critique littéraire, théoricien) dans une entreprise reposant sur le choix théorique de la fidélité ; et nous tenterons de montrer en quoi cet ouvrage est représentatif des débats de l'époque dans la mise en place d'une « théorie » de la traduction.
Nous examinerons dans un premier temps les positions théoriques que Marolles énonce en préface sur la traduction, ainsi que leur implication concrète dans la présentation de l'ouvrage : le choix de la fidélité passe chez lui par la définition, dans le corps du livre, d'espaces particuliers réservés aux différents énonciateurs (présentation en regard du texte latin et du texte français, insertion en fin de volume des remarques et notes du traducteur).
Nous examinerons ensuite les différentes figures de Marolles dans ses notes finales, espace d'expression qu'il se réserve pour exposer ses différentes remarques : traducteur qui justifie ses choix ou explique la pensée de l'auteur, critique littéraire qui donne sa propre lecture, humaniste qui replace dans son contexte l'auteur latin voire même théoricien littéraire sur certains points de dramaturgie.
Enfin, nous verrons comment cette expression personnelle déborde dans le texte traduit en dépit des précautions prises par Marolles pour s'attacher à une fidélité assez pointilleuse : les moments où se manifeste cette présence du traducteur reflètent les difficultés propres à l'activité du traducteur à cette époque, partagé qu'il est entre le bien écrire et le bien traduire, id est, entre une éthique de la traduction et une esthétique de la réception.

Mª Ángeles Conde Parrilla
Universidad Pablo de Olavide
macondep@hotmail.com
Creativity and Literary Translation: From Recreation to Transcreation
Literary works undermine language as a transparent means of communication, emphasizing the fact that language is the message as well as the medium. As Octavio Paz puts it, The meanings of a poem are multiple and changeable; the words of that poem are unique and irreplaceable. To change them would be to destroy the poem. Poetry is expressed in language, but it goes beyond language. Creative texts disrupt the linguistic expectations of the reader through use of non-standard language, rhetoric devices, wordplay and other forms of deviation from the norm. They cultivate a heterogeneous discourse and release heteroglossia.
Since literary translators must take into consideration the sign itself in all its corporeality (sound properties, visual imagetics, all that makes up the iconicity of the aesthetic sign), creative texts cannot be translated, but they can be re-created into other texts encoded with different aesthetic information. Paz regards the translated poem as analogous to the original one, stressing that parallel processes are involved in the translating and writing activities. In other words, the creative process of an open translation continues the process of composition of the source text into the target text. The resulting translation or transcreation is thus an alternative way of creating poetry, a reproduction of the original poem in another poem that is . . . less a copy than a transmutation.
Although this liberating approach to translation has been practised by authors such as Haroldo de Campos, Ezra Pound and James Joyce, it is generally argued that transcreation is an ideal model because, as Suzanne Jill Levine points out, these authors command an authority, unlike most translators, to re-create, to subvert' the originalparticularly their own. In my opinion, however, literary translators should resort to transcreational strategies in order to preserve the cultural, literary and linguistic alterity of the original, and expose the reader to the foreignness of the source text and culture. The present paper analyses several transcreational practices from my own experience translating Joyce's works, particularly A Portrait of the Artist as a Young Man.

Barbara Correll
Department of English
Cornell University
bc21@cornell.edu
Shakespeare's Coriolanus: Double Translation and the Subject of Latinity
Early modern English translation of Latin source texts is a topic charged by issues of cultural hegemony and the role of Latin language learning for subject formation. As translatio imperii claimed seamless continuity of classical values from Rome to England, so the male student-subject of Latinity could be expected to achieve fluency in the language of elite learning and be interpellated as the affirmative transmitter of romanitas. My paper concerns Shakespeare's Coriolanus as a key example of translation/adaptation practices set in a historical frame of double translation; that is, English humanist Roger Ascham's pedagogy by which boys learn Latin and are interpellated as subjects of a hegemonic culture. By Ascham's method, young students first translate texts from Latin to English, then; translating from English to Latin; undergo (in what has been called a Renaissance puberty rite) a process of cultural assimilation and subjectification that reinforced the notion of translatio imperii et studii. Shakespeare's construction of characters spectacularly at odds with classical authority may be seen as an active response to the cultural constellation of translation, transmission, and subject formation, especially to the sacrifices it exacts from the enunciated subject. My reading of Coriolanus hypothesizes some subsequent links between historical practices and texts and a theorized understanding of translation and/as subject formation.
The subject of translation is culturally triangulated as the young Latin student, the character Coriolanus, and Shakespeare, all negotiating the subject-forming circuits of early modern humanist pedagogical regimes, Rome and cultural masculinity. Within this constellation, I will argue, we can locate translation practice as both hegemonic and counter-hegemonic, a response to a structure of domination perpetuated by the valorized transmission of traditional authority. Thus, in a tragic drama that stages the struggle between the enunciated subject and the subject of the enunciation, Coriolanus becomes a drama of translation in which the student of romanitas and Latinity, however assiduous and deeply imprinted, cannot but fail spectacularly as the subject of Latinity.

Noémie Courtès
Agrégée des Universités, Docteur ès Lettres (Exeter College, Oxford)
noemie.courtes@exeter.ox.ac.uk
Plaute et Rotrou: la traduction des comédies au XVIIe siècle, entre respect et création
A la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, la traduction commence à peine à être théorisée. Mais lorsque la réflexion concerne le théâtre, il s'agit toujours de tragédie, c'est-à-dire d'un genre qui vieillit peu d'une époque à l'autre. Les premiers "traducteurs" de comédies sont donc les dramaturges du XVIIe siècle eux-mêmes, à charge pour eux de revivifier la matière comique : Corneille, Rotrou, Molière par exemple, pillent des pièces espagnoles, italiennes ou antiques sans théoriser leur intervention. Mais peut-on vraiment parler de traduction lorsque ces auteurs s'approprient le texte au point de le réécrire?
Le cas de Plaute est particulièrement éclairant : avant sa première traduction en prose par un traducteur professionnel, Marolles (1658), il inspire Rotrou qui écrit trois de ses pièces en vers Les Sosies, Les Menechmes, Les Captifs dans la décennie 1640. Les Menechmes sont une traduction fidèle, de même que Les Captifs dont le texte original est suivi vers par vers, sans pratiquement de modification pour adapter les références aux circonstances antiques à la réalité de l'époque pré-classique jusqu'à en devenir parfois hermétique à quelques endroits. Mais dans Les Captifs, le texte antique est amplifié jusqu'à doubler de volume par l'insertion de scènes nouvelles de l'invention de Rotrou : la traduction est en fait entrelardée par une intrigue amoureuse exogène (le texte original ne présente aucun personnage féminin) qui rejoint les préoccupations dramaturgiques des autres pièces de Rotrou et où on retrouve toutes les caractéristiques de son style. Le texte apparaît donc comme une juxtaposition de citations plautiniennes et de vers de Rotrou , habilement agencés pour éviter toute solution de continuité.
Comment rendre compte d'une telle variation ? ni "belle infidèle" ni adaptation à proprement parler, à mi-chemin entre "traduction libre" et "traduction attachée" (pour reprendre la distinction de Deimier), dans laquelle l'auteur second respecte scrupuleusement l'auteur premier Rotrou reconnaît volontiers sa dette et présente sa pièce comme une "version" (Préface de Clarice) tout en affirmant sa liberté d'autonomie, à côté, dans des interstices ménagés dans le texte original.

Cédric Chauvin
Université de Toulouse Le Mirail
Ccedriccha@aol.com
Traduire l'épopée
Au moins depuis le romantisme allemand, tel qu'Antoine Berman en a analysé les points de vue sur la traduction, les problématiques du traduire se fondent en bonne part sur l'idée d'une confrontation à l'altérité. Ainsi, dans cette perspective, Jacques Ancet, traducteur de Saint Jean de la Croix, a pu définir la traduction comme " la rencontre de deux subjectivités dans l'espace de leur différence " : de fait la traduction semble postuler l'existence d'un sujet cohérent qui se confronterait à l'altérité, quelles que soient les modalités de ce rapport. Mais quand Gilles Deleuze écrit de Pierre Klossowski, traducteur prolifique de l'allemand et du latin, que " toute son oeuvre tend vers un but unique : assurer la perte de l'identité personnelle, dissoudre le moi " (Logique du sens), un des fondements-mêmes de la traduction tel qu'on l'a esquissé est mis en péril, pour peu que l'on postule une relation à définir entre la pensée d'un auteur et sa propre pratique de traducteur. Comment dès lors penser chez Pierre Klossowski subjectivité et traduction lorsque cette dernière s'inscrit au coeur d'un système de pensée qui critique à la suite de Nietzsche la consistence du sujet, comme de toute essence ? Nous pourrons constater à l'étude du corpus latin de traductions de Pierre Klossowski (Virgile, Suétone, Tertullien) comment le sujet-traduisant, dans son instabilité foncière, semble devoir réinstaurer un simulacre de rapport d'altérité, qui désigne fondamentalement ses propres carences et sa dimension fortuite : la traduction devient dès lors jeu de masques."
L'interrogation sceptique chez Klossowski du statut du "sujet" (existant, pensant, écrivant, traduisant) me semble offrir un point de vue intéressant sur votre problématique de "l'inscription du sujet dans la traduction": comment traduit-on quand on attaque aussi fortement que le fait Klossowski les concepts de sujet, tout comme d'objet?

Isabella Checcaglini
Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis
isabellacheccaglini@free.fr
L'original sans l'originel. Mallarmé, Cendrars, Artaud
Trois étranges traductions qui rendent étrangers trois poètes français. Tant d'étrangeté est due aux conséquences de la perte des originaux. De textes français de ces poètes. Trois cas, tous fortuits différemment. Et peut-être une même raison en retarde autant les publications, que la lecture.
La « retraduction » de « The Impressionists and Edouard Manet » de Mallarmé. Cet article n'est publié, par Mallarmé, qu'à Londres en 1876 dans The Art Monthly Review, en traduction, anglaise. Le manuscrit n'a pas été retrouvé. Mais ce texte n'apparaît pas dans ses Oeuvres Complètes jusqu'à la toute récente édition de Marchal (2003).
La « restitution » de La légende de Novgorode de Cendrars. Le premier texte publié, le livre qui figure au début des bibliographies établies par Cendras même, mais encore signé Frédéric Sauser, n'est paru que « traduit du français par R.R. Sozonov Moscou-Saint-Pétersbourg 1907.»
La « retranscription » des Messages révolutionnaires d' Artaud. Ces écrits sont des articles et des textes de conférences publiés dans des journaux à Mexico en 1936, en traduction espagnole. La plupart des textes français sont perdus.
L'original est ainsi une notion mise en cause et un problème à discuter à partir de la spécificité de chacun de ces cas.
Les « retraducteurs » de Mallarmé, Cendrars, et Artaud désignent leur travail différemment, respectivement en tant que retraduction, restitution, et retranscription. Relations différentes à un original perdu ? Qu'entendons-nous par original ? l'adjectif et le nom, et leurs rapports. De quel original parlons-nous ? d'une édition originale, d'un texte original, d'une langue originale ? De l'original qui a un caractère d'origine ; qui définit le texte par opposition à la traduction ; d'après lequel il y a copie, imitation ? Or l'original ne s'oppose pas à l'imitation, mais à la copie, à la répétition considérée comme double, du même, remplaçant, reproduction, reconstitution. Le re d'une perte à jamais, et d'échec renouvelés, d'une négativité régnante.
Réécrire est toujours écrire, parce que ce toujours est un à chaque fois, qui nie l'essentialisation de l'origine et affirme l'invention d'un sujet dont l'origine est dans son activité, constitutive, fondamentale, sa parole, appropriation d'une langue, des langues, des discours qui font le voir, le monde, sa vision du monde. Penser la répétition donne à penser autrement le sujet. Et l'original sans l'originel ? Il aurait son origine dans son fonctionnement, le faire et se faire d'une sujet singulier et spécifique dans et par le langage.

Karin Dahl
E.H.E.S.S., Paris
Université de Göteborg, Suède
dahlkarin@yahoo.fr
La traduction de la littérature suédoise en français: Une perspective du traducteur en tant que sujet.
Les recherches actuelles portant sur la réception critique des oeuvres suédoises ayant fait l'objet d'une traduction en français, permettent de comprendre le rôle du traducteur en tant que sujet, en montrant à quel point les goûts et les contacts de ce dernier peuvent marquer l'accueil d'une littérature étrangère. Même si l'invisibilité du traducteur dans la prose signale la qualité d'une traduction, il semble regrettable que le traducteur soit souvent absent dans la présentation du livre. Le traducteur mériterait en effet d'être reconnu comme une instance indispensable de l'énonciation littéraire dans un contexte interlingual et interculturel.
Plusieurs traductions des années cinquante indiquent que les textes littéraires sont « traduits et adaptés du suédois ». Cela signifie habituellement que le traducteur en tant que sujet a pris la liberté de modifier l'oeuvre, parfois sur le conseil de l'éditeur. À cet égard, Heureux Ulysse d'Eyvind Johnson(1) de 1950 représente un exemple significatif.
Le « traducteur en tant que sujet » se dessine aussi à travers les contacts qu'il entretient avec le monde, notamment celui de l'édition. La réception de Stig Dagerman en France n'est pas sans rapports avec la personnalité de son traducteur Philippe Bouquet(2) qui, grâce à ses initiatives éditoriales, a beaucoup marqué le destin gallois de ce « Rimbaud de Nord ».
Quant à Pär Lagerkvist(3) il semble que les thèmes de sa littérature, c'est à dire le « sujet des traductions », aient été plus déterminants que le « traducteur en tant que sujet ». Bien que les traducteurs aient laissé des traces dans sa prose (par exemple, en changeant fondamentalement la structure grammaticale de celle-ci, comme l'a démontré Olof Eriksson), le sujet de ses livres, souvent constitué d'une trame biblique(4), a davantage influé sur la réception que la qualité de ses traductions.
Cette communication a pour but d'éclairer la problématique du traducteur en tant que sujet et prendre en considération le fait que le lecteur d'une littérature étrangère soit le récepteur d'un message à double instance émettrice. En ce sens, le paradigme du traducteur est particulier car il est un lecteur qui devient énonciateur.
(1) Prix Nobel de littérature partagé avec Harry Martinson en 1974.
(2) Traducteur d'une centaine de livres suédois en français, avec qui j'ai réalisé un entretien le 30/01 2004.
(3) Prix Nobel de littérature en 1951.
(3) C'est le cas, notamment, de Barabbas, 1950.

Etienne Dobenesque
Université Paris 8
dobenesque@hotmail.com
Pour une histoire du sujet de la traduction. Avec Du Bellay: traduction et imitation à l'épreuve du sujet.
On oppose généralement, en faisant l'histoire des théories du traduire, les partisans d'une traduction « de la lettre » à ceux d'une traduction « de l'esprit », ceux du respect du « texte de départ » à ceux du respect de la « langue d'arrivée », les « sourciers » et les « ciblistes ». Cette distinction toujours reprise contribue à masquer une opposition sans doute plus fondamentale entre deux points de vue sur la traduction, selon qu'on la considère d'abord comme un problème de langue, ou comme un problème de discours, dans le sens que lui a donné Benveniste, d'organisation de la parole en système de l'interlocution, impliquant un rapport de sujet à sujet. S'interroger sur la place que les traductions et les théories du traduire accordent au discours, et donc au sujet, revient à déplacer sensiblement les enjeux traditionnels de l'histoire de la traduction.
Une « nouvelle histoire », à écrire, nous montrerait par exemple que les « belles infidèles » du XVIIe siècle français, dans lesquelles la lecture en terme de « ciblisme » a longtemps vu une forme d'apogée de l'exaltation du traducteur souverain, seraient à analyser avec plus de pertinence comme l'incidence d'un refus absolu du sujet, au nom d'une idéologie de la langue, et de son génie. A l'inverse, au début du XVIe siècle en Europe la traduction s'invente et se définit comme une pratique d'écriture spécifique.
A la suite de l'institution de la figure de l'auteur, reconnu comme principe d'une certaine unité de discours, c'est dans les termes d'un assujettissement à l'auteur qu'est souvent décrit, et même défini, au XVIe siècle, le statut du traducteur. Mais ce que les traducteurs découvrent alors, c'est qu'il y a toujours du sujet, une spécificité, dans l'écriture, qui résiste à l'assujettissement. Ainsi se trouve posé ce qui fait précisément le problème de la traduction. Ce problème sera amené à se figer dans les représentations moralisantes (la « fidélité » ou la « trahison » comme critères évaluatifs de la traduction, l'« effacement » du traducteur comme critère définitoire), mais il reste au XVIe siècle le lieu d'une tension irrésolue, maintenant en travail la pensée d'un rapport de sujet à sujet.

Véronique Duché-Gavet
Maître de Conférences
Université de Pau et des Pays de l'Adour
veronique.duche@wanadoo.fr
Diego de San Pedro français
Prenant naissance à l'automne du Moyen Âge, la « novela sentimental » espagnole connut un vif succès. Regroupant une vingtaine d'oeuvres publiées en 1440 et 1550, elle franchit bien vite les Pyrénées et vit son succès démultiplié par les traductions.
Si la France ne fut pas la première à s'intéresser à ce roman nouveau, qui s'attachait à dépeindre le sentiment amoureux de façon exclusive, elle contribua néanmoins grandement à assurer la diffusion en Europe de la «novela sentimental ». Elle privilégia tout particulièrement l'oeuvre de Diego de San Pedro, dont les traductions devinrent en France de véritables best-sellers. En effet, le Tractado de amores de Arnalte y Lucenda, publié pour la première fois à Burgos en 1491, fut traduit en 1538 par Nicolas Herberay des Essarts, qui allait s'imposer par la suite comme le traducteur des Amadis, salué unanimement par la critique. Le second roman de San Pedro, Carcel de amor, bénéficia d'une double traduction. D'abord « converty de langue castillane & espaignolle en Tusquan florentin », puis « dudit ytalien en nostre vernacule et familiere langue francoise » dès 1525 par François Dassy, il fut de nouveau traduit en 1552 par Guillaume Corrozet, qui contribua ainsi au succès que l'ouvrage connut en France.
La Prison d'amour tout comme le Petit traité d'Arnalte et Lucenda sont des oeuvres très proches qui ont recours aux mêmes procédés narratifs (narration à la première personne, insertion de lettres) et développent une trame identique (un amant rejeté par celle qu'il aime). Cependant l'empreinte du traducteur n'y est pas de la même façon sensible. Si le style d'Herberay se distingue par son éclat, celui de Dassy pèche par ses lourdeurs.
Il nous paraît donc intéressant d'examiner ces trois traductions et d'y étudier l'inscription du sujet. Quelques passages (prologue, épilogue) privilégient la dimension subjective, d'autres laissant peu de place à la liberté du traducteur. Néanmoins le statut de la traduction à la Renaissance semble bien éloigné des règles d'exactitude : nos trois textes annoncent les « belles infidèles » du dix-septième siècle.

Ryan Michael Fraser
(PhD candidate) University of Ottawa
rfras088@uottawa.ca
Moving sigma: On Translation and the Melodic Interpretation of Poetic Texts
Translation theory fails the subject by entrenching itself in language's symbolic function. A symbol is what Peirce calls a Second (a sign perceived as a material entity) expressed as a Third (a sign relating to its object by convention or law). Translation theory, with its fetish for the graphè and for lexical inventories, has long labored under the illusion that language signs are fixed, stable structures that can be swapped with others following dictionary law. The translating subject, in this paradigm, is little more than an arbitrator making equivalence rulings based on precedent.
Theorizing translation as a subjective or creative process requires nothing short of an ideological jailbreak. First we must break the language sign from its ground in convention, allow it to spiral semiosically. This means giving greater attention to those other non-symbolic dimensions of language, which contribute to the flow of interpretants.
Secondly, we must break our own reductive thinking, which gears all translation to a uniform, functional result: two texts relaying the same message in two separate languages. This means broadening our scope to include alternative types of text interpretation, specifically ones that allow the inscription of remote or non-symbolic interpretants.
For this conference I would like to present my own doctoral research, which is an appeal to make room in the traditional centre of thinking on poetic translation for the musical setting or melodic interpretation of poetic texts. Still following Peirce, I view song as a type of translation that interprets poetic language in phonological Secondess and phonetic Firstness rather than law-governed, symbolic Thirdness.
Song's example, I will also argue, forces us to revisit translation from the perspective of the phonè. In the evanescent realms of speech and song, translation is no longer about substituting or replacing fixed language structures. It becomes, rather, a transformative process, by which an acoustic flow is phonetically re-cut, re-shaped in accordance with the most complex and ineffable subjectivity, with a vocal consciousness tapped into libidinal impulses.

Maria Paula Frota
Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro (PUC-Rio)
mpfrota@let.puc-rio.br
The Unconscious Inscribed in the Translated Text
This paper deals with the inscription of the unconscious, or unconscious desire, in the translated text. This inscription occurs because, as Lacan says, the unconscious operates 24 hours a day and, as Freud says, it can manifest itself even in our most elaborated works. I propose that we call singularity a kind of event that takes place during the process of translation and results in a verbal formation that is eventually written into the translated text as an expression of the unconscious. These structures are not to be confused with slips of tongue, although they may have traits in common. These singular formations are often invisible in spite of their presence in the text. As to the conceptual frame of the paper, a proposal is made to deconstruct the unconscious/conciousness dichotomy and to conceive subjectivity as a dimension that is no doubt ruled by social spheres but is also, perhaps mostly, ruled by the laws of the unconscious. In contemporary theories of translation there is a gap in the view of the translating subject: this subject's task is thought to be an effect of theoretical, sociocultural and political-ideological determinants, and no allowance is made for a strictly individual sphere. This seems to be due to the fact that the primary goal of translation studies has been to combat the traditional invisibility of translation. To do this, theorists have concentrated their attacks on the notion of the Cartesian subject underlying the belief in the Author as a free genius whose own reason is the sole origin of his sacred work, a belief that implied the low status of the translator's activity and the imperative that translators should remain neutral and passive. Against this belief, theorists have stressed the idea that all individuals are subjected to cultural values and historical forces, which necessarily entails that neither the all-powerful Author nor the absolutely neutral translator can exist. But this has also led to the omission of a sphere of characteristically individual subjection that is, the personal history of the translator. This paper is intended as an attempt to fill this gap.

Pilar Godayol
Universitat de Vic (Barcelona, Catalunya)
pgodayol@uvic.es
Subjecte i subversió: la traducció feminista canadenca
Els feminismes i els estudis de traducció han gestat al Canadà el naixement d'un moviment traductològic que des d'una perspectiva francesa i saxona alhora proposa una nova definició del paper del subjecte traductor literari. Fer visible la feminitat en la textualitat i resistir-se a la representació que els discursos dominants n'han fet al llarg dels segles és la seva manera de construir un discurs traductològic sobre la possibilitat d'articular la veu des d'una subjectivitat en femení. La producció i recepció d'aquestes traduccions es basen en una contingència molt determinada: primer, la majoria de membres es defineixen com a traductores bilingües que tradueixen textos d'escriptores contemporànies quebequeses; segon, la relació entre l'autoria i la traductora és molt estreta perquè sovint treballen en equip i discuteixen la tasca conjuntament en actes públics i en mitjans de comunicació; tercer, la majoria de traduccions són d'obres literàries; quart, les traduccions normalment es fan del francès a l'anglès; cinquè, la mateixa activitat traductora disposa d'una veu crítica pública que és la revista Tessera, nascuda arrel del sorgiment d'aquest moviment traductològic feminista i en la qual es publiquen els aparats de les pràctiques, les actes dels congressos i les propostes teòriques en traducció; i, finalment, la ideologia que les uneix és el feminisme.
Com és obvi, tota (re)escriptura és un moment d'intertextualitat i una provisionalitat tàctica alhora. En aquesta comunicació es vol analitzar la contingència canadenca que ha ajudat a coure aquests moments intertextuals i les estratègies que s'han fet servir per fixar aquestes provisionalitats tàctiques. Així mateix, s'intentarà fer un estat de la qüestió de la crítica que ha estudiat, lloat, jutjat, censurat o critiquejat fins avui aquest moviment traductològic feminista canadenc.

Pascale Hummel
SHE
Institut National de Recherche Pédagogique
France
pahu@noos.fr
Objet prescrit et sujet interdit dans la traduction des classiques grecs et latins (XVIe - XVIIIe siècles, France)
La philologie est au service des oeuvres de l'antiquité classique, qu'elle a pour fonction d'expliquer et d'interpréter. La traduction fait partie des tâches qu'on lui assigne. Pour le grec, le passage se fait d'abord du grec au latin et, dans un second temps, du latin aux vernaculaires par l'intermédiaire du premier ; pour le latin, le passage se fait directement aux vernaculaires. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, ces différentes voies sont explorées simultanément. Si les traducteurs proclament que l'oeuvre est première et doit primer, la pratique montre que les résultats produits sont loin de se ressembler, et que le sujet traduisant laisse toujours son empreinte sur l'objet traduit. Il arrive aussi que l'objet, sous prétexte justement de prévaloir, fasse l'attention de soins si exagérés qu'il s'en trouve altéré, voire aliéné, par excès d'objectivité. La traduction de la littérature ancienne, écrite dans une langue dite morte, invite à réfléchir sur les liens dialectiques et paradoxaux qu'entretiennent objectivité et subjectivité. Le traducteur dans tous les cas (et toutes les langues) est toujours soumis au texte qui est supposé lui dicter sa loi. Dans le cas des textes antiques, la voix du sujet s'est absentée du texte-source, et la tâche incombe au traducteur de rendre vivante la présence évanouie sans la dénaturer, de gommer la distance sans l'abolir, et de rendre l'oeuvre contemporaine sans la trahir. L'objet, prescrit, prescriptif et prescripteur, guide le sujet par delà le temps et sans l'adjuvant d'un auteur vivant. Les traducteurs, on le sait, furent, pendant les siècles considérés, plus ou moins fidèles ou infidèles, par choix, par faiblesse ou par penchant. Cette étude analysera comment le sujet moderne a constamment modelé et remodelé le passé en explorant diverses voies.

Barbara Jantzen
Université Libre de Berlin
ja_babs@web.de
"Ouk eimi"? Poétique du sujet dans l'évangile de Jean et ses traductions francaises « Ouk eimi » ? Je ne suis pas.
L'évangile de Jean pose la question du sujet par bien des voies, loin d'une morale destituante, pour une éthique de la parole. Parole placée au coeur même de la poétique de l'évangile, et ce dès son ouverture :
"En archè èn ho logos kai ho logos èn pros ton theon, kai theos èn ho logos. / houtos èn en archè pros ton theon. / panta di'autou egeneto, kai choris autou egeneto oude en." Mais il s'agit de plus qu'une simple place faite à la parole. Cette ouverture, dans sa reprise délibérée de la Genèse , se constitue d'emblée comme un dire qui dit son dire, et qui ainsi problématise le langage comme champ éthique et politique, comme fondamental anthropologique. Cette théorie d'un sens qui ne peut être que manière de signifier, dans une invention globale de sa signifiance, les traductions francaises tendent à l'effacer pour un message ou une "beauté" du texte. Là où Jean travaille la koinè en étranger et poétise le syntaxique et le morphologique, là où son texte constitue des réseaux rosodiques, le texte francais s'oriente vers un recevable stylistique. Que cela n'est justement pas stylistique, mais poétique, au sens d'une invention, ensemble, du sujet et de son autre, au sens d'une invention de valeur dans et par le système de discours, nous nous proposons de l'établir à partir du passage communément appelé "le reniement de Saint Pierre", dont est tirée la phrase qui a ouvert cette présentation. Dans la tension entre prophétie et accomplissement, qui telle qu'elle s'y présente, se problématise le rapport entre présent et avenir, pour une qualité de présence ? du sujet et de ce qui à première vue semble le transcender. Dans la confrontation avec les traductions francaises les plus courantes (TOB, Louis Segond, Bible de Jérusalem, Nouvelle Traduction de la Bible chez Bayard) et la manière qu'elles ont de penser la parole et l'humain, il apparaîtra l'enjeu non seulement théorique, mais fondamentalement anthropologique dont relève le traduire.

Chloé Laplantine
Université Paris 8
chloe.laplantine@wanadoo.fr
De la subjectivité dans le langage. Sujet et langage, sujet et traduction.
Bouleversant profondément, avec et après Ferdinand de Saussure, non seulement la linguistique, mais la poétique, et plus largement l'anthropologie, Emile Benveniste entreprend de tenir indissociables activité de langage et subjectivité, « c'est dans et par le langage que l'homme se constitue comme sujet ». Cette subjectivité, reconnue comme universel anthropologique, devient le point de départ pour la mise au jour d'une diversité des pratiques de langage, indissociablement pratiques d'écoute. Que le « sentiment de la langue », c'est à dire le rapport que l'on a au langage dans son exercice, ne soit pas une donnée simple et universelle, mais une pratique historique et toujours spécifique, une invention, doit interroger la théorie du traduire et l'engager dans la démarche d'une poétique, à la manière de Ferdinand de Saussure se faisant familier du sentiment de la langue dans les poèmes saturniens dans leur manière par l'anagramme d'en révéler l'écoute. Il ne s'agit pas ici d'enfermer un texte dans ses conditions historiques de production, mais bien au contraire d'en décrire l'efficace renouvelée par chaque nouvelle lecture dans son écoute propre d'une sémantique comme fonctionnement original du texte. Pour une théorie du traduire on pose la nécessité d'une « anthropologie historique du langage » critique de son exercice, ce principe méthodologique tel que posé par Saussure dans son effort pour constituer une linguistique, « montrer au linguiste ce qu'il fait ». Montrer au traducteur ce qu'il fait consisterait à le rendre critique de sa propre pratique dans ce qu'elle engage pour une pensée ensemble du sujet, du langage, de la littérature, de la culture et de l'histoire.

Annick Mannekens
Lessius Hogeschool, BELGIUM
Annick.mannekens@lessius-ho.be
a.mannekens@tiscali.be
L'invisibilité de l'auteur-source dans les traductions d'Artaud
L'activité « traductrice » d'Artaud pose la question de la coïncidence des manipulations de textes d'autrui avec les productions de la part d'Artaud lui-même. L'effet d'identification avec ces oeuvres est tel qu'Artaud omet de mentionner le nom des auteurs. C'est principalement le cas dans sa production des années vingt. Du coup, la notion d'auteur est rendue problématique. Nous estimons même atteindre, dans le dossier Artaud, une des limites de la transparence du profil d'un écrivain qui est en même temps traducteur et/ou adaptateur. Dans quelle mesure Artaud serait-il l'auteur de certaines de ses propres oeuvres ?
Toutefois, cette attitude changera au fil de ses écrits. En 1931, est publié chez Denoël et Steele Le Moine, roman présenté et accueilli comme traduction de la main d'Artaud.
Après son internement en 1937, Artaud ayant rejeté sa propre identité plonge dans le silence. Ce n'est qu'après son transfert à l'asile psychiatrique de Rodez qu'il se remettra à l'écriture, après huit ans de silence. Mais à nouveau production et reproduction littéraires s'entremêleront. En l'occurrence, le nom de l'auteur du texte-source est bel et bien mentionné.
Ce repositionnement vis-à-vis des auteurs dont il s'approprie les textes indique-t-il qu'une évolution s'est opérée quant à la notion du sujet écrivant comme auteur ? Et si oui, est-elle liée à l'évolution de son écriture ? La question permet de mieux saisir les notions d'auteur et de texte chez Artaud.
Les jeux devant la paternité des textes ne se limitent en réalité pas du tout à la mention ou à la non-mention des auteurs « traduits ». Ils correspondent à la subtilité des jeux de citation à l'intérieur des oeuvres, difficiles à classer et même à identifier, d'Antonin Artaud. La question des frontières entre un auteur et son « traducteur » atteint en l'occurrence une limite (« Qui est l'auteur ? quel est le rôle joué par d'autres « intervenants » ?).

Chiara Montini
Paris
chiaram@club-internet.fr
Le « sujet traducteur » face à la traduction de l'oeuvre bilingue de Beckett.
L'écriture de Beckett présente, dans son bilinguisme, un double enjeu pour le sujet traducteur. La première conversion de Samuel Beckett au français a lieu à partir du moment où son écriture montre que le sujet est assujetti au langage et à la perception du monde qu'il lui impose. La prise de conscience de cet assujettissement conduit Watt à la folie qui se poursuit dans les ouvrages suivants par un dédoublement du sujet si bien illustré par le bilinguisme. Le sujet condamné à s'exprimer dans une langue qui ne lui appartient pas, se dédouble en sujet parlant presque sans cesse et en sujet se regardant et jugeant sans merci. Ainsi, Beckett semble effectuer un « glissement hors du sujet » car en « sortant » de sa langue il sort des automatismes de la langue maternelle, du « bain de paroles » (Spitz) que l'infans reçoit passivement et qui constitue à jamais le sujet. Quand il revient à sa langue par le biais de la réécriture (ou « auto-traduction »), il peut regarder, voire observer son sujet se manifestant dans une langue étrangère d'une position éloignée. « L'étrangement de soi » du sujet qui écrit en deux langues s'accompagne de la recherche désespérée de soi où le sujet tend à disparaître derrière ses propres mots.
Le traducteur de l'oeuvre de Beckett ne peut pas faire abstraction du bilinguisme de l'auteur qui est une composante fondamentale de sa poétique. De plus, il doit traduire l'oeuvre bilingue en obtenant de deux originaux une seule traduction. Pour cela il doit faire des choix importants, il doit recomposer la duplicité du sujet beckettien qui se cache et manifeste par ce curieux procédé qui est à la fois réécriture et « auto-traduction ». C'est autour de cette problématique que s'ouvre (et reste ouverte) une question fondamentale : quelle est la marge de manoeuvre laissée au « sujet traduisant » de l'écriture bilingue de Beckett?
Le bilinguisme de Beckett semble ouvrir en effet des espaces de jeu encore plus importants qu'une oeuvre monolingue, mais il semble aussi demander au traducteur le même contrôle et la même liberté qu'il manifeste dans la réécriture. Il s'agirait d'une double suggestion qui viserait à limiter et à aider le sujet traduisant à trouver sa propre « solution de traduction ».

Dulce Fabiana Mota Lima
State University of Campinas
Brazil
dmotalima@uol.com.br
biamota@hotmail.com
Horror in Translation: Subject and Process in the Interaction with an Anglo-American Genre in Brazil.
The popular genre of horror fiction is almost non-existent in Brazil, where the transmission of such mass-culture literature is having a great impact, particularly amongst the lower middle classes and the young. In this paper, based on my research in the Graduate Program in Applied Linguistics at the State University of Campinas (UNICAMP) in the State of São Paulo (Brazil), I present some preliminary results, based on verbal protocols and life history data, which trace and theorize my own interaction with the short stories of H.P. Lovecraft (1890-1937) during the act of translation. One of the objectives of my thesis is to model a methodology of self-observation which could contribute to the study of translator subjectivity. The methodology is based, essentially, on the gathering of data from life histories narrating the evolution of my relationship to American horror fiction and Lovecraft in particular, and from verbal protocols in which I verbalize my thoughts while translating Lovecraft. The two types of data are combined and inferences are made concerning the subject, which emerges in interaction with the Lovecraft texts. Of special interest in the analysis of the verbal protocols are the free associations made, slips of the tongue, strange syntax, repetitions and idiosyncratic interpretations of false cognates. The subject which emerges is definitely a non-unified subject, torn between repulsion and love for the object of translation. The paper concludes with reflections on the applicability of the notion of the Lacanian subject of discourse to the data, and makes special use of Julia Kristeva's concept of abjection in order to understand the love/hate relationship to the horror narrative as a metaphor for the subject's relationship to the Other of Anglo-American culture in general.

Claire Norris.
Doctoral student at Indiana University of Pennsylvania
gprj@iup.edu
Self Translation and Translation of the Self in Samuel Beckett
While he was struggling as a writer in his own right Samuel Beckett did some translation work. It wasn't something that he particularly enjoyed doing. When it came to translating his own texts either from or into English Beckett took on the task himself. It became very important to Beckett to translate his own texts and this was partly because the resultant texts stood as texts in their own right and held a more authoritative role than simply that of a translation. In many of his translations Beckett either added to the original or left sections out. If you read the same text in both English and French two separate authoritative and original texts emerge.
This paper discusses the importance of translation for Beckett both for his texts and for himself in relation to texts. As you become familiar with Beckett's texts you realize that part of what Beckett was doing was translating his self into and beyond the works. Translation operated on several levels for Beckett and I will focus on two of these while referring to others, such as the importance of translation for an exile and living within a different language. I will emphasize the sense of the openness of translation and question if it can ever end or be finished.

Magdalena Nowotna
magdalena@nowotna.net
Le sujet et ses traductions
Le fondement théorique de ces réflexions possède une double articulation qui se décline en sémiotique et traductologie, inséparables.
La sémiotique est comprise ici en tant que vision du monde et du langage, théorisation des objets, théorisation de la matière phénoménale, y compris de la matière littéraire et pas uniquement comme support méthodologique.
L'analyse sémio-linguistique est préalable à toute démarche traductologique. Elle peut donner une légitimisation aux formes traduites. Elle est bien évidemment autonome dans l'ensemble des démarches herméneutiques, mais, conjuguée à la traduction, elle peut donner son aval à la traductologie et, dans ce sens, elle signifie un prolongement analytique, une suite logique. Cette logique peut s'appuyer sur un triangle épistémologique qui nous permet de trouver une structure organique vivante à l'intérieur de laquelle se placent nos réflexions à partir de:
-la vision du monde et du langage de M. Merleau-Ponty, et de Paul Ricoeur - la philosophie et la science du langage de E. Benveniste,- la sémiotique phénoménologique avec le principe du primat du sujet.
En premier, elle adopte une philosophie qui accorde une valeur particulière au sujet de la perception comme centre de toute manifestation intelligible humaine. Cette valeur est fondamentale parce qu1elle jouera un rôle exceptionnel, un premier rôle, comme au théâtre, dans l'établissement du statut de l'oeuvre, de la littérarité, et donnera le point de départ à la recherche du sens.
Ce fondement théorique peut nous servir d'appui pour aborder deux aspects traductologiques : 1.La caractéristique du sujet énonçant ( selon la théorie des instances de l'énonciation de J.-C.Coquet) et 2.L'étrangeté dans la traduction en tant que message spécifique du sujet énonçant. L'analyse textuelle doit toujours précéder la traduction comme une réflexion sur soi devrait précéder la relation, le passage à l'autre. Mais l'analyse implique aussi la création d'une version intermédiaire, d'un troisième texte ,dont parle Ricoeur, avant la constitution de la traduction.
L'analyse représentera ainsi une traduction intra-linguistique permettant le passage vers l'altérité, le texte traduit.
Les exemples choisis, provenant de la poésie polonaise romantique et contemporaine (A. Mickiewicz, C.K.Norwid, J.Przybos, W.Szymborska), sont présentés par la description en français ( de telle façon que la connaissance de polonais n'est pas nécessaire), ils sont également analysés et traduits vers le français .

Inés Oseki-Dépré
Professeur de Littérature Générale et Comparée, spécialité « traduction littéraire »
Université de Provence
France
ines.oseki-depre@wanadoo.fr
Subjectivité et sujet de la traduction
Il s'agit dans un premier temps d'établir la distinction entre les divers « sujets » dont il est question dans la traduction littéraire et par conséquent les différentes théories qui les sous-tendent (sujet « épistémique », sujet de l'énonciation, Sujet de la psychanalyse selon Lacan).
Ainsi, si l'examen des paratextes permet d'identifier le sujet « moïque » ou imaginaire dont les traducteurs, depuis Cicéron le premier, nous ont porté autant de témoignages, à l'heure actuelle, des théoriciens comme par exemple ceux du polysystème, d'influence sociologique, posent la notion de « sujet épistémique ». Ma communication concerne plusieurs aspects évoqués dans votre circulaire, en particulier celui qui a trait aux « Inscriptions du sujet dans la traduction », mais elle évoque également les « conflits du sujet » et la « tension du sujet devant la norme ».
Or l'analyse des traductions de Poe par Baudelaire et par Mallarmé, souvent abordées du point de vue d'une poétique ou de la psychanalyse, peuvent faire apparaître le sujet de la traduction selon la définition lacanienne. C'est le deuxième point de notre démonstration.
Nous voudrions aller plus loin et analyser en quoi les marques du style (singularité) de ces traducteurs portent la trace du sujet en tant que singularité signifiante.

Esther Peeren
ASCA (Amsterdam School for Cultural Analysis)
University of Amsterdam
e.peeren@uva.nl
Translation and the Subject
My paper will explore how translation figures in the process of constituting the human subject. More specifically, I will examine how new theories of translation, in particular Lawrence Venuti's notion of translation as always involving both domestic and foreign remainders, relate to the way translation is evoked in the theories of subjectivation proposed by Mikhail Bakhtin (the subject as constituted through dialogic exchanges with the other) and Jean Laplanche (the subject as constituted by the other's enigmatic message).
First, I will argue that the relation Bakhtin proposes between self and other may be seen as characterized by an effort of translation that does not refer to a relation of equivalence, but to one of transformation and difference. As the other's words enter the self's consciousness, they are, on the one hand, always to some extent domesticated, made familiar. On the other hand, the other's words are also never completely assimilated; they retain an aspect of foreignness. Translation, I will argue, thus is seen to produce an ambiguous site in-between originality and copy that accords with Bakthin's philosophy of language and subjectivity, which does not revere the original the essential self but the quotation, the self-as-other. For Bakhtin, the ideal form of discourse is not the self's or the other's, but a mix of the two: a speech that is half-ours and half-someone else's, a semi-translation, if you will.
Secondly, I will compare Bakhtin's notion of intersubjective semi-translation with Laplanche's psychoanalytic model of the subject as eternally failing translator. In Psychoanalysis as Anti-hermeneutics Laplanche proposes (against Freud) an anti-hermeneutical model of the subject, which unlocks the depths of the unconscious through translation rather than decoding, through continuous work rather than instant decipherment. For Laplanche, intersubjective messages are not only enigmatic to the receiver, but also to the sender, as a result of compromise formations' (equivalent to Freud's notions of Versprechen and Verschreiben). Thus, there is always an element of the message that is indecipherable, that remains foreign, both to sender and receiver. I will finish by exploring some of the consequences of this move from semi-translation to non-translation for the subject in translation and the subject of translation in general.

Vanessa De Pizzol
Université de Nancy
s.de-pizzol@wanadoo.fr
Pasolini et la traduction des textes classiques au théâtre : une réalité sociale revisitée
Pour la traduction littéraire, dès lors que la personne qui la prend en charge n'est autre qu'un écrivain affirmé, se pose inévitablement la question de la nature du passage d'une langue à l'autre. S'agit-il d'un travail de réécriture à proprement parler, dans la mesure où l'auteur a trop parfaitement conscience de ses outils stylistiques pour pouvoir s'en départir ? La traduction ne devient-elle pas ré-interprétation, au vu de l'idéologie produite par l'auteur premier que l'auteur second (= le traducteur) doit prendre à son compte ? Enfin, l'exercice de traduction ne relèverait-il pas, en dernière instance, de l'affrontement, puisqu'il place deux fortes personnalités en vis-à-vis ? La question se fait plus cruciale encore lorsque le texte à traduire impose des règles propres à un genre et que pour le théâtre notamment, la parole écrite n'est qu'un statut préalable à l'oralité que requiert la présence du public.
Pier Paolo Pasolini (1929-1975) a pratiqué la traduction de pièces antiques. En 1960 il attaque la traduction de l'Orestie d'Eschyle et entre 1961 et 1963 il consacre à la traduction du Miles gloriosus de Plaute. Pasolini, dans une postface à sa traduction de l'Orestie, justifie ses choix qui semblent plus affirmés sur le plan politique que sur le plan stylistique. Il déclare en effet être déjà en possession d'une langue italienne forgée par l'écriture des Ceneri di Gramsci (Cendres de Gramsci), une langue sur laquelle il peut compter. Malgré cela, Pasolini parle de la « timidité » et de « l'inhibition du fait de traduire »(1) que fait naître ce grand texte classique. Dans la traduction de Plaute, Pasolini-auteur prend résolument le pas sur Pasolini-traducteur, s'il est vrai qu'il définit son travail comme une «translation»(2) du texte latin. Cherchant à percer l'identité sociale de l'auteur latin, Pasolini adapte la langue du texte à un substrat social qui justifie l'usage du dialecte et plus précisément celui des faubourgs de Rome : il y a alors « substitution » de la langue utilisée par Plaute.
A partir de ces deux exemples de textes appartenant à deux filons différents (tragique et comique), la manière dont procède Pasolini pour s'en approprier et les transmettre au public apparaît pleinement. Il faudra tenir compte des versions traduites existant en italien et dans d'autres langues et dans lesquelles il indique avoir puisé pour cerner véritablement le travail effectué.

Price, Joshua
State University of New York at Binghamton.
jmprice@binghamton.edu
A Trans-Modern Reply: José María Arguedas' Mestizo Response to Benjamin's Theory of Translation
In 'Between Spanish and Quechua, the Anguish of the Mestizo,` José María Arguedas, the Peruvian novelist and linguistic anthropologist, argues that he realizes himself through the painful, contradictory procedure of translating his way of thinking and being from Quechua to the colonizing language, Spanish. Arguedas` approach can be characterized by a set of qualities that could make it a rich source for translation theory. His approach to writing is embodied, it does not separate the subject of translation, the translator, from the object, the text, the language. Affectively rich, his text does not make the reason/emotion split. These qualities indicate his anguish and his hope for translation at the crux of the history of the imposition of Spanish and the creative linguistic resistance of Mestizos such as himself. Translation is an existential imperative, a search for self-expression at this violent conjunction. Located at the margins of empire, Arguedas is 'replying'to the terms set up by European modernity and its dualist ontologies of reason/emotion, mind/body, and so on. He is 'replying'because his work is not untouched by European theory, but it is not wholly contained by it. I contrast his theory of translation to that of his contemporary Walter Benjamin.Contrasting his work with Benjamin's makes clear how he parts company with many of the dominant categories of European modernity. It also clarifies his non-teleological view of the history of the subject realizing itself through translation.
As a translator and an anthropologist, I reflect on what it would be to do theory, research, and translation in a way inspired by the terms Arguedas sets up, and the powerful way he crosses languages, disciplinary boundaries, and genres.
(1) P. P. Pasolini, Teatro, a cura di W. Siti e S. De Laude, I Meridiani, Mondadori, aprile 2001, p. 1008.
(2) Ibid., p.1109.

Fabio Regattin
Université de Bologne, Italie
f.regattin@katamail.com
regattin@lingue.unibo.it
Le traducteur dé-subjectivé? Sujet et traduction théâtrale: le cas de Survivre ou la mémoire blanche, de Adolphe Nysenholc.
La communication proposée abordera le sujet de la traduction théâtrale et du statut du traducteur pour le théâtre, en essayant de mettre en relief, d'un côté, les différentes atteintes à la subjectivité que doit subir le traducteur théâtral, et, de l'autre, les stratégies permettant de faire ressortir cette même subjectivité.
La traduction pour la scène entraîne un risque extrême de dé-subjectivation pour le traducteur. Dans la première partie de la communication, nous analyserons quelques-unes des contraintes dues principalement à la vocation à la représentation de tout texte théâtral qui limitent les choix possibles de celui-ci. Il s'agit notamment de:
· impraticabilité de stratégies compensatoires telles les notes explicatives ;
· tentative de conservation d'une prétendue « jouabilité » ;
· réduction du traducteur à simple anneau d'une chaîne interprétative qui, partant du dramaturge, passe par le metteur en scène et par les acteurs avant d'atteindre le public ;
· respect des codes culturels et théâtraux du système d'arrivée. Sur scène, cet aspect devient primordial : comme le suggère Sirkku Aaltonen dans son récent Time-Sharing on Stage, la notion même de fidélité ressort complètement bouleversée par l'épreuve du théâtre.
Dans la deuxième partie, la communication prendra appui sur une expérience que nous avons vécue tout récemment: la traduction inédite vers l'italien de la pièce d'Adolphe Nysenholc Survivre ou la mémoire blanche et sa révision successive avec l'auteur. Cette expérience permettra, notamment, d'aborder le rôle joué dans le travail de traduction par l'auteur du texte original. Son intervention, vu le pouvoir qu'il détient sur son texte et, par cela, sur la traduction, peut réduire ultérieurement la valeur de l'interprétation du traducteur.
Si le champ d'action du traducteur apparaît amoindri par les contraintes indiquées, la fin de la communication essaie d'ouvrir des voies d'action détournées, permettant à ce dernier de préserver le côté subjectif de son travail. C'est par le choix même du texte à traduire, c'est par la mise en cause plus ou moins poussée des conventions scéniques et culturelles du système cible, et par la tentative de défendre son texte des « assauts possibles » venant des auteurs, des metteurs en scène et des acteurs que le traducteur peut préserver sa subjectivité.

Hermes Salceda
Universidade de Vigo
hermesalceda@inicia.es
La traducción de la escritura automática
Es sabido que el surrealismo nace, en no poca medida, como respuesta a los excesos del racionalismo cientifista que se manifiestan de forma brutal en la Gran Guerra. Para el grupo de Bretón, el racionalismo no habría hecho más que domar al ser humano y cercenar sus potencialidades.
La liberación del hombre a la que aspiran los surrealistas pasa inevitablemente por una crítica del lenguaje y por la movilización de las técnicas que permitan la expresión del sujeto auténtico alojado en el inconsciente. Con éste fin el grupo de Bretón intenta aprehender el lenguaje de la locura y el lenguaje de los sueños, practica la escritura bajo hipnosis y la escritura colectiva. Pero, como es sabido, la escritura automática, relegará finalmente a un segundo plano las demás técnicas de exploración del inconsciente.
En la escritura automática creen los surrealistas encontrar un medio para liberar al sujeto de las ataduras de un lenguaje demasiado cargado de ideología y de reglas. El automatismo tiene una función liberadora en la medida en que separa las palabras de su utilitarismo cotidiano al extraerlas directamente del inconsciente.
Desde el punto de vista de la recepción la eficacia poética de los textos producidos por la escritura automática depende en buena medida de la habilidad y de la rotundidad con que desestabiliza los mecanismos habituales de la producción del sentido. Sus textos ofrecen a menudo un excelente catálogo de recursos para impedir que en la mente del lector se fijen representaciones estables, por ejemplo las asociaciones de elementos dispares para crear imágenes imposibles o la ausencia de un contexto bien definido que dificulta, en francés, la traducción de los deictícos. Menos llamativo para el lector resulta el uso de palabras homonímicas y/o polisémicas para crear ambigüedades calculadas.
Es difícil, a priori, imaginar dos ejercicios más opuestos que la escritura automática y la traducción. Podría pensarse que por su naturaleza la escritura automática requiere más que ninguna otra que el traductor aspire al viejo ideal de la transparencia, que sólo así tendría una pequeña probabilidad de hacer llegar al lector de la cultura de llegada un texto que produzca efectos comparables a los del original. Intentaremos demostrar que la situación es exactamente la inversa, que para reflejar en su lengua los mecanismos textuales de la escritura automática el traductor necesita, con más claridad que en otros casos, dejar constancia de su propia enunciación.

Elzbieta Skibinska
Université de Wrocaw
Pologne
skibin@uni.wroc.pl
Retraduction comme manifestation de la subjectivité (du traducteur )
La phénomène de la retraduction est (le plus) souvent expliqué par le vieillissment du texte traduit: l'évolution des langues, des conventions littéraires et des goûts du public sont à la base du privilège de la traduction de pouvoir être réitérée dans tous les siècles, pour refaire les livres, selon la mode qui court, selon les mots de Charles Sorel (XVIIe siecle), ou de la récommandation de Voltaire: il faut écrire pour son temps arguments repris encore aujourd'hui dans la reflexion traductologique (Cohen, Garnier, Lipiski).
Le facteur historique peut être considéré comme un facteur externe à la traduction, avec un autre, que l'on pourrait appeler éditorial ou commercial, et qui se résume dans la constatation de Georges Garnier selon qui il y a des oeuvres que toute maison d'édition veut avoir dans son catalogue et en commande une traduction nouvelle.
Sans nier l'importance de l'impact du facteur historique sur l'apparition des traductions successives, dans l'étude proposée, nous voulons interpréter ce phénomène comme manifestation de la subjectivité du (re)traducteur. Cette subjectivité agit en deux temps: d'abord, au moment de l'interprétation du texte original, et ensuite, tout au long de la création du texte de la traduction, processus qui exige de la part du traducteur (compris comme un deuxième auteur) toute une série de décisions de diverse nature; les résultat de ces décisions se manifeste dans ce que l'on pourrait appeler la polyphonie de la traduction ou la voix du traducteur présente dans le texte traduit (Luedi, Hermans). Ce decision making process est plus compliqué dans le cas de la retraduction parce qu'il oblige le traducteur de se positionner non seulement par rapoport au texte original, mais aussi par rapport à des traductions existantes, dans lesquelles d'autres traducteurs ont inscrit leur propre voix. Une des motivations du (re)traducteur peut être la nécessité ou la volonté sinon de supprimer, au moins de réduire la défaillance originelle de la traduction existante (Berman); une autre - celle de montrer sa propre façon d'interpréter l'oeuvre traduite.

Patrick Thériault
Doctorant (Université de Montréal, Université Michel de Montaigne (Bordeaux III))
M.A. littérature, M.A. philosophie
arcanum23@hotmail.com
Mallarmé traducteur: le «sujet» obscur des Dieux antiques
De tout le corpus mallarméen, les ouvrages pédagogiques (Les mots anglais (1878), Les dieux antiques (1880)) sont les seuls qui échappent à l'accusation d'hermétisme. Pourquoi et comment des écrits à vocation didactique chercheraient-ils à complexifier les conditions de leur lisibilité ? Au nom de quoi risqueraient-ils leur vertu communicative ? Le « cartésianisme » de Mallarmé n'y trouverait-il pas au contraire sa meilleure expression, son « évidence » la plus convaincante, comme il semble s'imposer en première lecture ?
Cette présomption d'innocence ou d'évidencer se légitime du fait qu'ils sont considérés, à la suggestion même de leur auteur, comme des « besognes alimentaires », rejetables comme tels en marge des Poésies. Or, que le rejet et le déchet (excretum) aient partie liée au secret (secretum), et que les secrets les mieux gardés soient souvent les plus exposés, comme une lettre « cachée » sur le manteau d'une cheminée, l'ouvrage de vulgarisation Les dieux antiques, plus spécifiquement, en fournit la preuve « manifeste » : tant et si bien, en fait, qu'il n'est pas exagéré de le concevoir comme le révélateur du rêve poétique de Mallarmé (B. Marchal, 1988, 103).
De nombreux indices laissent en effet croire que le travail du texte mallarméen prend prise, pour la transformer sensiblement, sur la théorie mythologique à base comparatiste et étymologiste qui tisse la trame des Dieux antiques, « traduction » ou « adaptation libre », très libre devrait-on dire, du Manual of Mythology de G.W. Cox.
Je me propose ici de rendre compte de quelques-unes de ces divergences, quitte à problématiser la conception platonicienne de la représentation. Je postulerai que, entre le Manual de Cox, l'adaptation de Mallarmé et l'archi-texte théorique comparatiste, se met en place un jeu de rapports textuels qui redouble et subvertit, au plan herméneutique où il apparaît symboliser l'apprésentation phénoménologique de la vérité, le « drame solaire » qui est au coeur de la philologie comparée. Sous couleur de dévoiler de manière transparente le texte original, et l'origine du sens qu'il prétend (re)découvrir, l'adaptation mallarméenne le voilerait, en rendrait l'appropriation et l'identification filiative à sa « source » sinon impossibles, du moins très problématiques.