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Subjectivité et folie

Subjectivité et folie

Publié le par Camille Esmein (Source : Wafa Bsais Ourari)



Dans le cadre de ses activités, le groupe de recherche sur « Les écritures du moi » organise, les 8 et 9 décembre 2005, un colloque sur le thème : « Subjectivité et folie »


« Un aimable gentilhomme de campagne invite don Quichotte dans sa demeure où il habite avec son fils qui est poète. Le fils, plus lucide que son père, reconnaît tout de suite dans l'invité un fou et se plaît à garder, ostensiblement, ses distances. Puis don Quichotte convie le jeune homme à lui réciter sa poésie ; empressé, celui-ci obéït et don Quichotte fait un éloge grandiloquent de son talent ; heureux, flatté, le fils est éblouï par l'intelligence de l'invité, oublie illico sa folie. Qui est donc le plus fou, le fou qui fait l'éloge du lucide ou le lucide qui croit à l'éloge du fou ? »
M. Kundéra, Le Rideau.

Analysant la fracture qu'opère la folie, dans un système se prétendant logique et inébranlable, la philosophie des temps modernes, celle de Foucault, Deleuze, Guettari et tant d'autres va trouver, dans la déraison, un langage nouveau. Dans Histoire de la folie à l'âge classique, Foucault clame le triomphe de la folie sur un monde qui, désormais, doit se justifier devant elle, « puisque dans son effort et ses débats, il se mesure à la démesure d'oeuvres, comme celles de Nietzsche, de Van Gogh, d'Artaud ». La pensée de la folie est guidée par la nostalgie d'un âge où le logos et l'hybris n'étaient pas encore séparés, la période en deçà du partage entre Raison et Déraison, le temps où la folie disait la vérité de l'homme archaïque qui est aux racines de la subjectivité, se situant aux confins du moi intime et caché.
La psychologie a creusé la faille, en démantelant la pseudo cohérence de nos sociétés modernes et en dévoilant la part de folie qui existe en chaque individu, la chose délirante qui double le discours, en apparence rationnel, le dérange et le ronge de l'intérieur et parfois le sublime, donnant vie et mouvance à des oeuvres singulières et uniques, qui procure au langage la légitimité de son existence ; c'est moi qui parle la langue, c'est la langue qui parle à travers moi.
La littérature a cette caractéristique de tisser un lien entre ces deux univers ; celui de l'objectivité du réel et celui de la subjectivité de l'idéel. Tout écrivain cherche à résoudre les contradictions qui sont au coeur de tout acte de création, notamment, dans un monde où les repères ne sont plus stables. Dans Les Sciences de la folie, R. Bastide fait correspondre aux nouveaux phénomènes scripturaux, « entre autres, la découverte ou la redécouverte de l'Imaginaire, et de la folie comme manipulation créatrice de cet Imaginaire », deux importantes mutations du capitalisme industriel, celle de sa formation et de sa métamorphose.

Comment se présente ce nouveau discours ? Comment s'allie-t-il à la subjectivité, jusqu'à en être la marque profonde ? Par quels moyens s'exprime-t-il en littérature ?

L'objectif du débat, ainsi engagé, s'articulera sur deux axes principaux :
- le discours de la folie comme source de créativité poétique (le langage générateur d'un univers étrange, d'images fantasmagoriques ou de métaphores obsédantes, l'éclatement du sens, la parole vide...)
- la représentation de la folie comme élan, à la fois spontané et subversif, d'anéantir les codes érigés par le discours de la Raison, jugé, désormais, impuissant à exorciser l'indicible et l'interdit .


Les collègues désireux de participer à cette manifestation sont priés d'envoyer leur projet de communication, à l'un des membres du comité d'organisation, et ce avant le 1er octobre 2005, délai de rigueur.

Le comité d'organisation :

Ilhem Ben MILED : ilhambenm@yahoo.fr
Wafa OURARI : bwourari@yahoo.coma
Kamel Ben OUANES : k.benouanes@topnet.tn



  • Responsable :
    ISLTunis