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Sport et art

Sport et art

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Laurent DANIEL)

SPORT ET ARTS : CONSTRUCTION ET REALITE

« Sports et arts » doit se comprendre au sens de « sport(s) dans les arts », où « arts » est à prendre dans son acception la plus large : arts visuels, graphiques, oraux, etc., mais aussi au sens de « sport(s) en tant qu'art », art de la guerre ou art martial certes, mais d'abord et avant tout au sens de forme d'expression corporelle encadrée par un ensemble de règles, précises, réfléchies, évolutives.

Lors de ce colloque, on se proposera d'analyser :

- la manière dont le(s) sport(s) et le jeu sont représentés, c'est-à-dire la manière dont on les peint, dont on les sculpte, dont on les filme, dont on les écrit ;

- la manière dont on danse (pour reprendre la qualification de Hegel) le(s) sport(s) et le jeu ou dont on les exerce, pour le moins ;

- la manière dont on chante (pour reprendre encore la qualification de Hegel) le(s) sport(s) et le jeu ou dont on en parle, c'est-à-dire ce que ces représentations projettent ainsi que l'interprétation qu'on en fait.

CONSTRUCTION, REALITE et MEDIATION

Qu'est-ce que ces formes artistiques nous disent du sport et que veulent-elles nous en dire ? Qu'est-ce qui est « réalité », qu'est-ce qui est « construction » ?

Ce type de source n'est peut-être pas utilisé de manière aussi régulière, sérieuse et critique que d'autres sources plus traditionnelles par l'historien. Ce congrès se propose donc de réunir des chercheurs d'horizons différents susceptibles de faire partager leurs recherches et leurs outils. On espère réunir un nombre suffisant de communications afin de permettre l'organisation de la réflexion autour des notions de « réalité », de « construction » et de « médiation » explicitées ici pour le plus grand bénéfice des chercheurs aguerris et des jeunes chercheurs à la recherche d'outils méthodologiques applicables et adaptables à leurs propres champs de recherche.

« REALITE »

Certaines représentations artistiques, pour être nécessairement construites, n'ont probablement d'autre ambition que de refléter une « réalité » ; « réalité » propre à telle ou telle autre forme d'art, probablement, mais « réalité » différente et changeante, cependant, puisqu'il est très improbable qu'un même sport signifie la même chose pour tous les hommes, quels que soient le coin de la planète qu'ils occupent et l'époque à laquelle ils vivent ou ont vécu. Nul doute qu'une étude comparée (en Europe, de l'Europe au monde et du monde à l'Europe) et diachronique (de la plus haute antiquité au présent) de ces représentations (à l'intérieur d'un même mode d'expression artistique ou entre modes d'expression artistique différents) aidera à mieux comprendre cette pluralité, et à se donner des outils d'analyse qui pourraient venir étayer et élargir les champs d'investigation des historiens du sport.

« CONSTRUCTION »

Certaines autres représentations artistiques nourrissent d'autres ambitions. Les oeuvres sportives censées glorifier un espace géographique ou social, une organisation sociale ou politique ou la suprématie d'une race sur une autre, par exemple, sont bien connues. Mais à l'autre extrémité du spectre, les oeuvres destinées à glorifier l'égalité entre blancs et noirs, hommes et femmes, riches et pauvres et autres paires censément antinomiques sont nombreuses. Dès lors, il sera intéressant, toujours dans une perspective aussi pluraliste et historique que possible, de s'intéresser à l'éthique au service de laquelle l'art a mis le sport, ce qu'on appelle « construction », ici.

« MEDIATION »

Le sport, en effet, dans les arts et en raison des règles qui l'encadrent et des qualités physiques et morales dont il autorise ou contraint ceux qui le pratiquent à faire preuve est le réceptacle privilégié de tout un tas de projections mentales, souhaitables et moins souhaitables, le véhicule privilégié d'une éthique sociale qui nécessite d'envisager « réalité » et « construction » de manière dialectique. Ainsi, le sujet permet-il également de s'intéresser à « ce que le sport dit » et « ce qu'on (veut) lui faire dire », à « ce qu'on (veut) lui faire dire », car tout sport est construction artistique, nous l'avons vu, mais aussi construction sociale, historiquement créée, et à « ce qu'il dit ».