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Appels à contributions
Sons et cultures sonores (revue Sociétés & Représensations)

Sons et cultures sonores (revue Sociétés & Représensations)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Pascale Goetschel)

Appel à contributions lancé par la revue Sociétés & Représentations 

pour un numéro spécial intitulé « Sons et cultures sonores », 

coordonné par Pascale Goetschel et Christophe Granger

(Centre d’histoire sociale des mondes contemporains – Paris 1/CNRS) 
 

Argumentaire 

Quiconque se tient aujourd’hui à l’écoute du renouvellement des objets de savoir en sciences sociales est frappé par la place qu’y occupe l’étude des conduites sonores et des rapports aux sons. Les études sont déjà anciennes sur le sujet, du travail d’E.P. Thompson sur les charivaris anglais à celui d’Alain Corbin sur les cloches de village. Elles ont désormais des prolongements foisonnants. Bien plus qu’une volonté de concurrencer le regard ou les pratiques visuelles, l’ambition est celle d’une compréhension assumée pour elle-même de la place particulière que prennent ou ont pris dans l’agencement des sociétés humaines les manières collectives d’organiser les sons, de les écouter, de les faire entendre, de les discipliner, mais aussi de leur attribuer du sens ou du pouvoir. C’est tout l’objet de ce numéro que de mettre au clair ce qu’il en est des sciences sociales du sonore. En croisant différentes disciplines et différents types d’« archives sonores », il s’agira à la fois de produire des connaissances sur les conduites sonores et de réfléchir aux démarches qui leur sont associées. 

Seront privilégiés ici ce que l’on peut appeler les usages publics du sonore, ceux qui procèdent de la mise en ordre des groupes (d’âge, de classe, de sexe, etc.), de la contestation de l’ordre (nocturne, urbain, professionnel) ou encore de l’orchestration ordinaire des conduites collectives. 

De ce point de vue, le numéro se propose d’articuler plus particulièrement deux terrains d’analyse. 

1. L’un concerne la configuration proprement sonore des existences passées ou présentes. Quelle place y tiennent le bruit, les cris, les chants, et comment s’en soucie-t-on ? D’où viennent les circonstances dans lesquelles les sons, travaillés, qualifiés, désignés, prennent signification, valeur de nuisance ou promesse de bien-être, et comment s’efforce-t-on d’en ordonner, d’en susciter ou d’en faire taire la présence ? 

2. L’autre terrain, relié, tient plus spécialement aux usages sociaux, politiques ou ordinaires des sons. Il s’agit de comprendre comment les sons, dûment lestés de sens, interviennent dans l’orchestration des existences, comment ils produisent des effets collectifs, font naître des gestes, des attentes et des évidences communes, comment ils permettent aux acteurs de se signifier, de se comprendre ou de s’opposer, bref comment ils ont place dans les luttes que suppose la mise en ordre de la réalité sociale. 

Ce sont ces enjeux, et la plus vaste interrogation sur ce que peuvent être les « sources » de cette démarche, qui structureront le numéro. Ils ont pour principe commun d’étudier la constitution sociale et historique de « cultures sonores », c’est-à-dire le partage entretenu ou disputé de repères, de conduites et de déchiffrements collectifs des sons, mais aussi d’éprouver la pertinence qu’il y a justement à parler de « cultures ». Par là, il ne s’agit pas d’inventer ou de documenter un univers de conduites et de perceptions sociales qu’on pourrait isoler des autres, et qui serait en propre celui des sons : en montrant au contraire que le sonore est mêlé à la plupart des conduites humaines, il s’agit d’œuvrer à une fécondation plus ample du questionnement des sciences sociales. 

Dans cette mesure, le numéro, prolongement d’un séminaire entamé en 2018, est résolument ouvert aux historiens des diverses périodes canoniques, aux sociologues, aux anthropologues, aux politistes, aux spécialistes d’études littéraires, théâtrales ou artistiques, aux sciences du droit, du sport et de l’éducation. 
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Modalités de soumission : 

Une proposition argumentée d’environ 3 000 signes, présentant l’objet précis de l’article envisagé, le problème qu’il entend se donner et la démarche mobilisée, est attendue pour le 15  avril 2019

Elle sera envoyée aux deux coordinateurs du numéro : 

pascale.goetschel@gmail.com 

granger.chris@dbmail.com 

Les auteur.e.s dont les propositions sont retenues seront avisé.e.s de la décision du comité de rédaction le 15  mai

Les textes, d’une longueur de 30 000 signes (espaces et notes comprises) devront ensuite être rédigés pour le 1er  octobre 2019. Ils seront soumis à l’évaluation des deux coordinateurs du numéro et à celle de deux lecteurs du comité de rédaction de la revue.