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Sixième colloque du CRI

Sixième colloque du CRI

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Centre de recherche sur l'intermédialité)

LA NOUVELLE SPHÈRE INTERMÉDIATIQUE VI

Enjeux interculturels des médias.
Violences, discontinuités, altérités

Sixième colloque international
du Centre de recherche sur l'intermédialité (CRI)

Sous la direction
de Walter Moser, Michèle Garneau
et Hans-Jürgen Lüsebrink
En collaboration avec le Goethe-Institut

Montréal
Du 14 au 16 octobre 2004

Au Goethe-Institut
418, rue Sherbrooke Est


PROBLÉMATIQUE
Enjeux interculturels des médias

Comment les médias se sont-ils inscrits dans le processus actuel de mondialisation culturelle? Quelles sont les images d'autres cultures qu'ils construisent? Et dans quelle mesure l'évolution des médias, notamment celle de l'audiovisuel caractérisée par une accélération des images et un mélange croissant entre information et entertainment, exerce-t-elle une violence par rapport à d'autres cultures qui ont l'habitude de vivre selon d'autres conceptions temporelles, et de se représenter dans d'autres genres médiatiques que ceux de l'Occident? Voilà quelque-unes des questions auxquelles ce colloque vise à donner des réponses, en ciblant les rapports entre l'interculturel et les médias à la fois dans leurs développements contemporains et à travers une mise en perspective historique.

Le paysage médiatique contemporain a en effet atteint une complexité interculturelle et technologique sans précédent; en des réseaux intégrés où interagissent divers médias, il couvre toute la surface de la terre. Favorise-t-il pour autant la médiation entre les cultures? Cette question simple appelle aujourd'hui des réponses complexes. Car, d'une part, le paysage des médias s'est complexifié: au cours du 20e siècle, certains médias modernes se sont perfectionnés (téléphone, radio, film), d'autres ont émergé (télévision, vidéo), un hypermédia très puissant s'est imposé mondialement (Internet), la numérisation du traitement des données a eu un impact révolutionnaire pour la vitesse de leur traitement, pour l'étendue des réseaux et pour l'effet d'instantanéité de leur transmission. Anciens médias et nouveaux médias coexistent, souvent dans une relation de remédiation; l'équilibre entre les régimes médiatiques (oral, écrit-imprimé, audio-visuel), longtemps assuré par l'hégémonie de l'écrit-imprimé, s'est rompu et se déstabilise.

D'autre part, dans ces nouvelles conditions, l'accès à l'autre, la connaissance de l'autre culture, la communication avec d'autres cultures ne sont pas devenus plus faciles. Il s'avère au contraire que, dans bien des cas, la prétendue transparence du média s'éloigne comme un idéal incertain. Soit que le média fasse lui-même écran et devienne un dispositif déformant, soit qu'il fasse obstacle et bloque l'échange interculturel. Soit encore que l'usage des médias soit biaisé par des idéologies ou des relations de domination et ne permette alors l'avènement d'aucune interculturalité positive. Enfin, parallèlement à une enquête sur les médias spécifiques, et aux formes de violence quils génèrent, on réfléchira sur la question de la médiation, implicite à la notion de média. L'idée que par les médias, la médiation n'est pas nécessairement assurée, constituera le point de départ de cette réflexion. N'est-ce pas la durée qui seule pourrait permettre un espace de médiation, c'est-à-dire un temps de réflexion? Avant toute censure délibérée, la violence ne serait-elle du côté de l'appropriation du temps et de l'espace public, dans leur aménagement technique par ceux qui exercent le pouvoir médiatique? Alors que la violence de certains médias de communication est dans la précipitation ou la compression du temps, d'autres au contraire prennent le temps de donner à voir une autre réalité culturelle.

Pour aborder ce complexe état de choses, les organisateurs du colloque proposent de l'articuler en trois enjeux et questionnements: 1) Construction médiatique de l'Autre 2) Discontinuités de la globalisation 3) Violence interculturelle des médias


1. Construction médiatique de l'Autre
Dans toute relation à l'autre culturel et à d'autres cultures intervient un moment de médiateté, moment qui se concrétise dans l'incontournable réalité du média sous ses aspects d'appareil, de matérialité, de technique et de manipulation. Il conditionne et façonne la relation à l'autre culture et à ses représentants, dans ses dimensions perceptive, cognitive, interactionnelle et politique. Dès le frottement des cultures en contact ou le face-à-face de leurs représentants intervient ce moment de la médiateté, ne fût-ce que de manière implicite: dans des moules symboliques préconstruits, des stéréotypes discursifs, iconiques, auditifs. Ces moules sont conservés et transmis par des supports médiatiques et ne sauraient exister sans dispositif d'archivation. Dans le « contact à distance », chose paradoxale que sont en train de perfectionner les nouveaux médias, intervient une autre dimension de la problématique qu'il y a lieu d'interroger de manière critique: le rôle important du média dans la représentation de l'autre distant, qui s'avère être une capture, une invention, une construction, sinon une « fabrication » de toutes pièces. On peut retracer ce rôle à travers tout l'éventail des sites possibles de représentation de l'autre: récits de voyage, oraux et écrits, puis audio-visuels, enregistrements sonores ou audiovisuels de l'altérité culturelle (que ce soit dans un contexte ethnographique scientifique ou exotico-touristique), le reportage photographique, les films documentaires, les vidéos privés, les émissions de télévision sur d'autres cultures, la construction d'un « autre » dans le rôle de l'ennemi par les médias de masse, la circulation intense de capsules d'altérité culturelle dans le média Internet. On examinera les modalités selon lesquelles différentes scènes de médiation donnent accès à l'altérité, la déforment ou l'effacent carrément, ou encore la font circuler comme une commodité. La spécificité de chaque média, quant à ses possibilités mais aussi ses restrictions et contraintes, est à penser de même que l'effet cumulé, la mise en abîme (remediation) ou l'interférence de plusieurs médias.

2. Discontinuités de la globalisation
L'actuel processus de globalisation, depuis le début des années 1990, est caractérisé, sur le plan médiatique, par une intensification sans précédant d'informations et d'échanges d'offres médiatiques sur la planète, en particulier en provenance des cultures occidentales, et notamment nord-américaines, propulsée à la fois par la libéralisation économique et des inventions technologiques comme l'Internet et le digital. Le colloque se propose de questionner ces processus non pas à partir des formes d'imitation et d'acculturation qu'ils ont suscités dans toutes les cultures du monde, mais au contraire à partir des discontinuités et des résistances qu'ils ont provoqués: telles l'appropriation et la transformation radicale de modèles médiatiques occidentaux aboutissant à de nouvelles formes culturellement hybrides, comme le cinéma indien de Bollywood, le Rap français, les road movies québécois et latino-américains ou les bandes dessinées japonaises; telle la relecture et la ré-interprétation d'offres médiatiques occidentales, en particulier US-américaines, dans d'autres cultures, notamment non-occidentales; ou telle encore la résistance à l'occidentalisation médiatique observable dans de nombreuses formes de contre-culture et de contre-discours, en Occident, mais surtout dans le monde non-occidental (Moyen Orient, Afrique, Asie, Amérique latine).

3. Violence interculturelle des médias
La rencontre, le croisement et le choc des cultures se sont considérablement intensifiés par la mondialisation, la diversité et l'hybridation médiatiques. Ce phénomène a entraîné des effets bénéfiques et/ou pervers qu'il semble opportun d'appréhender sous l'angle de la violence. On conduira une réflexion, non pas sur les formes de représentation de la violence médiatique, ni sur ses répercussions psychologiques ou sociales, mais sur la violence du rapport que les médias instituent au temps, à l'espace, à l'événement, à l'autre et à sa réalité culturelle. On partira du principe que toute violence n'est pas mauvaise, et que chaque médium l'incarne, de par les contraintes structurelles qui sont les siennes, de manière spécifique. La violence interculturelle des médias ne commencerait-elle pas avec la couverture de la « réalité » que nous propose le journal télévisé, et dans les privilèges qu'il accorde au national ou à l'occidental? Nous sommes en présence d'une homogénéisation croissante des modes de production, dominée par des États puissants et leurs multinationales. Une analyse de la situation de pays tributaires de ces modes, devant gérer une logique qui n'est pas la leur au départ, s'impose. Quelles formes de socialisation les contenus de cette logique représentent-ils et quelles interactions génèrent-ils avec des groupes culturels divers? Contraintes économiques, contraintes spatio-temporelles, contraintes du modèle, acculturation seront autant de formes de violence abordées dans cette section consacrée à la violence interculturelle des médias.


Walter Moser
Hans-Jürgen Lüsebrink
Michèle Garneau

Prière de nous faire parvenir un résumé de 150 mots maximum avant le 15 décembre 2003 ainsi qu'une brève notice bio-bibliographique. Nous acceptons les communications en anglais.

Pour toute information :

Karine Martinez
coordonnatrice des activités publiques
tel. : (514) 343-7793
fax : (514) 343-2393
courriel : karine.martinez@umontreal.ca
Site internet du CRI : http://cri.histart.umontreal.ca