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Shakespeare et le spectaculaire

Shakespeare et le spectaculaire

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Pascale Drouet)

Colloque: Shakespeare et le spectaculaire

14-15 février 2008, Université de Poitiers (Laboratoire Forell, B1)

Les propositions de communications sont à envoyer avant le
15 novembre 2007 à pascale.drouet@neuf.fr


Il s'agira de s'interroger sur l'économie du spectaculaire dans les pièces de Shakespeare et de ses contemporains, et sur le fait que le spectaculaire apparaît souvent au sein d'une mise en abyme comme pour en démultiplier les reflets et les effets cathartiques. On pourra se pencher sur un spectaculaire codifié, comme le « pageant », lié à une mise en scène officielle du pouvoir qui se doit de forcer l'admiration et le respect, ou comme le masque de court où le spectacle époustouflant côtoie la surenchère, tout autant qu'un spectaculaire plus évanescent, plus irrationnel, celui des apparitions spectrales (Hamlet, Macbeth) et des mises en scène surnaturelles (The Tempest), destiné d'emblée à frapper de stupeur, sans oublier le théâtre de la cruauté (Titus Andronicus, King Lear), version fictive du supplice et de sa visibilité sur la place publique, et dont la dimension spectaculaire peut rapidement, sur scène, basculer dans le grand-guignolesque. On s'intéressera donc au rapport, explicite ou implicite, entre spectaculaire et idéologie, entre spectaculaire et pouvoir (en amont et en aval : qui tire les ficelles et pour obtenir quels résultats), entre un spectaculaire qui serait du pur divertissement et un spectaculaire qui serait l'affirmation inconditionnelle d'un pouvoir absolu — autrement dit, existe-t-il une économie politique du spectaculaire ? le spectaculaire peut-il être l'expression médiatisée d'une instance totalitaire ?

Ces interrogations trouvent de nouveaux prolongements lorsqu'il s'agit de représenter, que ce soit à la scène ou à l'écran, le spectaculaire. Certes Shakespeare choisit (et il sera intéressant de se demander pourquoi) de rapporter, en recourant au discours épidéictique ou à l'ekphrasis, certaines scènes grandioses (la victoire de Coriolan, l'arrivée de la nef de Cléopâtre) ou si riches en émotions qu'elles en deviennent presque inexprimables (les retrouvailles de Léontes et de sa fille). Mais certains metteurs en scène et réalisateurs ne se sont-ils pas risqués à représenter ces moments d'intensité ? dans quelle mesure y sont-ils parvenus ? Plus généralement, comment le spectaculaire se met-il en scène ? De quels moyens le théâtre et le septième art disposent-ils ? Quels problèmes cela pose-t-il ? Ce qui en impose à l'imagination ne risque-t-il pas de perdre en intensité en tentant de parler aux yeux ? On pourra étudier comment, selon les siècles et les cultures, les metteurs en scène, puis les cinéastes, ont traité la question du spectaculaire, et comment ils s'y prennent de nos jours pour éveiller les émotions et provoquer les réactions de spectateurs vivant dans une société saturée d'effets spéciaux et d'images-chocs.

Quelques pistes bibliographiques

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