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Sémiotique : le sens, le sensible, le réel

Sémiotique : le sens, le sensible, le réel

Publié le par Marion Moreau (Source : Maria Giulia Dondero)

Sémiotique : le sens, le sensible, le réel

Colloque international 

Vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 juin 2010

Avec le soutien de l'Ecole doctorale V « Concepts et Langages » (ED 0433) et du Conseil scientifique de l'Université de Paris-Sorbonne, de l'Ecole doctorale « Pratiques et théories du sens » de l'Université Paris 8, du CeReS (Centre de Recherches Sémiotiques) de l'Université de Limoges et du CREA / Ecole Polytechnique. Colloque réuni à Royaumont par Anne Hénault (Professeur, Ecole Doctorale V. Paris-Sorbonne).

Comité organisateur : J. Alonso, D. Bertrand, J.-F. Bordron, I. Darrault, V. Estay Stange, A. Hénault et H. Parret.

Argument

De l'histoire déjà longue de la sémiotique, nous aimerions dégager trois tendances, parmi d'autres possibles, auxquelles correspondent les trois journées qui jalonnent le présent colloque.

A côté de l'héritage structuraliste centré sur les oppositions et les transformations simples, sont apparues des notions qui mettent l'accent sur les concepts hjelmsleviens de dépendance et d'intersection au sein d'un espace simple : l'espace tensif. Sémiotique des passions avait ouvert la voie en proposant l'analyse des passions au principe des formes de vie. La tensivité permet d'envisager la description formelle et rigoureuse des affects et des valeurs qui « affectent » justement les sujets. Cette sémiotique procède certes à partir des formes selon la recommandation saussurienne, mais ces formes sont dans la dépendance des mesures effectuées sur certaines dimensions : l'intensité et l'extensité (l'étendue), dont la première propriété est d'être mesurables. À cette ouverture de la sémantique sur la quantité non numérique répond une ouverture de la syntaxe. Le paradigme de la syntaxe distingue pour l'instant trois syntaxes spécifiques : la syntaxe jonctive qui accorde à la concession une portée considérable ; la syntaxe intensive des augmentations et des diminutions en concordance avec le caractère mesurable des grandeurs ; enfin la syntaxe extensive des tris et des mélanges auxquels les sujets individuels et collectifs incessamment recourent. Une dialectique positive s'établit entre les domaines et les concepts descriptifs qui ainsi s'enrichissent mutuellement.

Il est d'autre part apparu naturel de s'interroger sur la formalisation possible des données analytiques fournies par la sémiotique et sur leur implémentation cognitive. Cela soulève de très nombreux problèmes particulièrement difficiles : quel genre de modèles (logiques, algébriques, topologiques, dynamiques), quelle implémentation (neuronale, psychologique, socio-cognitive) ? Un paradigme – dit morphodynamique – s'est particulièrement développé. Il consiste à traiter les structures de la sémio-linguistique structurale comme des organisations morphologiques au sens de la Gestalttheorie, à appliquer des modèles morphodynamiques et à les implémenter neuralement. Ce paradigme converge d'une part avec celui des linguistiques cognitives et d'autre part avec celui de la naturalisation cognitiviste de la phénoménologie.

Enfin, bien qu'étant une discipline ayant d'abord trait à la forme grammaticale des différents langages, la sémiotique devait peu à peu s'intéresser au monde perçu, à son apparaître et à la façon dont on l'éprouve. Il y avait là une nécessité dans la mesure où l'une des originalités de cette discipline est d'insister sur la dimension de l'expression, du signifiant sensible. Aussi considère-t-on la production de plans d'expression, divers selon les modalités sensorielles, comme la source essentielle de la régulation et de la symbolisation de notre rapport au monde. Comment les significations sédimentées dans nos langages trouvent-elles, au moins pour une part, leur origine dans la perception ? On peut comprendre cette question de différentes façons et selon des axes de recherches multiples. La première tâche est sans doute de se demander en quel sens la perception est une fonction sémiotique et jusqu'à quel point on peut la décrire comme telle. La tradition phénoménologique doit aussi être mobilisée dans la mesure où la proximité entre celle-ci et l'histoire de la sémiotique est évidente. Il y a entre cette dernière, comprise comme science de l'expérience du sens, et la phénoménologie, davantage qu'un simple air de famille. Si, selon l'expression de Merleau-Ponty, « la perception est une re-création ou une re-constitution du monde à chaque moment », il semble qu'il s'agisse bien là d'un phénomène essentiellement sémiotique entrant en résonance avec ce que la phénoménologie décrit par ailleurs. La perception possède une dimension que l'on peut dire « éprouvée » et par là susceptible d'une analyse réflexive. Mais elle s'exprime aussi dans le langage qui pour une part la catégorise et jusqu'à un certain point la dirige. Dans cette optique, l'analyse sémantique des descriptions de perceptions offre une ressource importante, en particulier lorsque l'on a affaire à une esthétisation de notre environnement sensible. Il apparaît finalement que de nombreuses questions, pour partie traitées par la sémiotique, peuvent être envisagées à partir de la perception : le statut du corps propre, l'organisation sensible du temps et de l'espace, le rôle de la mémoire dans la constitution du sentiment de réalité….

Les travaux de Royaumont auront pour objectif d'approfondir les liens théoriques et méthodologiques entre les problématiques et les procédures issues de ces trois orientations.


- Programme -

Sémiotique : le sens, le sensible, le réel

11-12-13 juin 2010, Abbaye de Royaumont


Vendredi 11 juin

Passions, tensivité, corporéité

9h-9h30
Accueil des participants

9h30  
Café d'accueil

9h55 Anne Henault : ouverture
10h-10h45
Francesco MARSCIANI : Ebauche d'une sémiotique de l'image discursive
10h45-11h30
Claude ZILBERBERG : L'hypothèse tensive : point de vue ou théorie ?
11h30-12h15
Jacques FONTANILLE : Corps communiquant et corps signifiant
12h15-13h
Paolo FABBRI : Au coeur du thymique : pour une (critique) sémiotique du dégoût

Déjeuner

14h-14h45
Eric LANDOWSKI : L'expérience du sens
14h45-15h30
Denis BERTRAND : Enonciation et instances
Amir BIGLARI : répondant
15h30-16h15
Juan ALONSO : Figures sémiotiques du politique et du conflit : la surprise stratégique
16h15-17h
Diana LUZ PESSOA DE BARROS : Les sens de la gestualité

Pause

17h15-18h00
Ivan DARRAULT : Le destin d'un « voeu pieux de Greimas » : l'ethosémiotique

18h00-18h45
Anne CROLL : Un parcours sémiotique paradoxal : du  bégaiement masqué associé à la honte de soi à l'acceptation de soi dans le bégaiement retrouvé

18h45-19h30
José Maria PAZ GAGO : Husserl face à Peirce. Sur les fondements phénoménologiques de la sémiotique
19h30-19h45

Jacques FONTANILLE : Synthèse de la journée. Perspectives générales

20h00

Dîner

Samedi 12 juin

Epistémologie et genèse du sens

9h-9h45
Per Aage BRANDT : Morphogenèse du sens et philosophie de l'esprit
9h45-10h30

John SEARLE : Language and social ontology

Pause

10h45-11h30
Jean PETITOT : Modèles sémiotiques et cognitifs
11h30-12h15
David PIOTROWSKI : Morphodynamique et phénoménologie du signe saussurien

Déjeuner

13h30-14h15
Alessandro ZINNA : La sémiotique de Hjelmslev et l'École de Paris
14h15-15h
Waldir BEIVIDAS : Le statut de l'affect dans la sémiotique : phénoménologie ou sémiologie?

15h-15h45
Jean-Pierre DESCLES : Quelle épistémologie pour la sémiotique ?

Pause

16h-16h45
Bruno CANQUE, Denis BERTRAND : Le langage et le vivant : conditions d'adéquation
16h45-17h30
Raymond PICTET : Quelles relations entre biologie et sémiotique : l'exemple des caractéristiques du comportement liées aux "spécificités morphofonctionnelles"
17h30-17h45
Jean PETITOT : Synthèse de la journée

18h
Concert et réception offerts par l'Abbaye de Royaumont

20h30
Dîner

Dimanche 13 juin

Perception et signification

9h-9h45
Jean-François BORDRON : Existe-t-il une perception multimodale ?
9h45-10h30
Hermann PARRET : L'oeuvre de main : pour une sémiotique haptologique

Pause

10h45-11h30
Odile LEGUERN : Apprentissage de la texture par le récit : analyse d'un livre tactile
11h30-12h15
Veronica ESTAY STANGE : La musicalité, au fondement de la perception esthétique ?

Déjeuner

13h30-14h15
Bernard POTTIER : La figuration des modèles sémantiques
14h15-15h
Manar HAMMAD : Ordonner l'espace en fonction du temps, le cas des transformations urbaines de Palmyre
15h-15h45
Maria Giulia DONDERO : Perception et image scientifique
15h45
Anne BEYAERT : Assomption figurative et perception

Pause

16h-16h45
Audrey MOUTAT : Perception et signification : problématisation de la sémiose perceptive
16h45-17h30
Eric BERTIN : L'écoute répétitive en musique : éprouver et décrire
17h30-18h15
Giulia CERIANI : Régimes de visibilité, croyance et trompe-l'oeil
18h15-18h30
Jean-François BORDRON : Synthèse de la journée



Clôture des travaux.  Anne Hénault