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Le terme illustration dans le photobook, conf. P. Edwards; les livres d'images de l'éditeur Aubert, conf. V. Stiénon (Séminaire TIGRE, ENS Paris)

Le terme illustration dans le photobook, conf. P. Edwards; les livres d'images de l'éditeur Aubert, conf. V. Stiénon (Séminaire TIGRE, ENS Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Evanghelia Stead)

Séminaire TIGRE : le terme illustration dans le photobook (Paul Edwards)

et les livres d'images de l'éditeur Aubert (Valérie Stiénon)

 

— Paul Edwards (Maison française d'Oxford, CNRS, et Université Paris VII), Le terme “illustration” dans le photobook littéraire (1845-1939) : synonymes et stratégies d’évitement pour une meilleure reconnaissance sociale des photographes    

Je commence par une enquête quantitative sur les mots qui annoncent la présence de photos dans le livre, les phrases exactes qui décrivent la photographie. Les expressions comme : « Illustré par la photographie », ou « Compositions par… », ou, en anglais, « Photo-pictures by… ». Je m’intéresse à ce que ces mots – sur la couverture d’un livre ou sur sa page de titre – disent de la photographie, ce qu’ils laissent supposer d’elle. Existe-t-il un vocabulaire spécifique adopté par tous, ou a-t-on réinventé les termes à des moments historiques précis ? Le vocabulaire utilisé valorise-t-il la photographie, ou la cantonne-t-il au rôle de « l’humble servante » (Baudelaire) du texte ? De tous les mots mis à contribution, celui de l’« illustration » est, pour nous aujourd’hui, le plus sujet à interrogations, puisqu’on sait qu’il avait suscité chez les peintres, dessinateurs et graveurs une attitude de défiance. Être qualifié d’« illustrateur », lorsqu’on se conçoit peintre, peut être vécu comme un déclassement social (Kaenel, 1996/2005). Qu’en est-il pour le photographe ? Le terme d’ « illustration » est-il utilisé systématiquement lorsqu’il s’agit de l’image d’après nature, ou est-il évité, et si oui, dans quel contexte ? Le mot « illustration » est-il utilisé de la même manière en France, en Grande Bretagne et aux États-Unis ? Quels tendances ou appréciations peuvent être révélées par une étude quantitative ?

— Valérie Stiénon (Université Paris XIII, labo Pléiade), Désignations et déclinaisons du livre d’images chez Aubert (1830-1860)

Sous la monarchie de Juillet, la maison Aubert et son gérant Charles Philipon sont à la tête d’une entreprise de presse satirique illustrée fondatrice d’un puissant langage visuel. L’image, sous la double forme de l’estampe lithographique et de la vignette gravée, est tellement centrale que tout accompagnement par le texte apparaît bien souvent second, suivant en cela une dynamique semblable à celle des caricatures qui circulaient dans les bureaux de rédaction en attente d’une légende qui en arrête le sens, parmi de nombreux autres. Aussi l’équipe de journalistes et de dessinateurs de la maison Aubert se consacre-t-elle à développer, parallèlement aux journaux, des produits dérivés sur divers supports et dans des formats variés qui réaccommodent l’estampe en volume. Pour comprendre ce qu’impliquent ces déclinaisons créatives et transmédiales du recueil d’images, on propose d’étudier le métadiscours (dans les catalogues, la presse et le paratexte des œuvres) qui accompagne, annonce et présente des produits culturels allant du « livre à gravures » au « livre-album » en passant par l’« album avec/sans texte ». Il s’agira, à partir de cette enquête dans les désignations génériques, de tenter de cerner l’apport de la maison Aubert au dispositif iconotextuel et de rendre compte des renégociations de la hiérarchie du texte et de l’image, en lien tout à la fois avec la sérialité de la périodicité médiatique, le marché du livre romantique et une certaine économie publicitaire qui sont investis avec brio par l’imprimeur-éditeur.