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Séminaire TIGRE,

Séminaire TIGRE, "Figure et illustration" (Benoît Tane et Ségolène Le Men) (Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Evanghelia Stead)

Séminaire TIGRE, "Figure et illustration" (Benoît Tane et Ségolène Le Men) (Paris)

 

16 novembre 2018

ENS, salle de Conférence, 46, rue d'Ulm, 75005 Paris, 16-19h

 

PRÉSENTATION 

Benoît Tane, « Figures : en deçà/au-delà de l’illustration ? »

Qu’est-ce qu’une « figure » ? Rien ou presque aujourd’hui dans le vocabulaire du livre, où le mot semble toujours prêt à disparaître au profit d’autres termes ? Tout ou presque dans le livre antérieur au XIXe siècle, dans lequel il comblerait l’absence du mot « illustration » ? Nous faisons une hypothèse différente, dans laquelle la « figure » est aussi capitale pour l’approche de l’image dans le livre qu’elle est problématique. La notion de « figure » est en effet structurante, comme le rappelle Ségolène Le Men dans la « dichotomie entre l’ornement et la figure qui reste essentielle à tous les systèmes de décor, et qui vaut aussi pour le manuscrit enluminé ou le livre illustré » (Le Men, 2014, p. 89). Surtout, l’usage de ce terme dans le domaine du livre est ancien et se nourrit de sa polysémie historique : non seulement il ne saurait être un simple équivalent d’illustration, voire un équivalent simplifié d’illustration, mais la figure s’affirme comme une notion au moins autant révélatrice de la complexité intrinsèque des rapports du texte et de l’image que de leur évolution.

Dans cette présentation nous mettrons d’abord en évidence son importance historique dans le domaine du « livre à figures » ou « avec figures » antérieur au XIXe siècle.La richesse de cette notion impose néanmoins de prendre en compte sa polyphonie, dont nous ne tenterons pas ici une synthèse, de l’exégèse biblique à l’histoire de l’art en passant par la rhétorique, mais dont nous montrerons en quoi elle peut engager un rapport spécifique au réel. Cependant, il ne s’agit pas tant d’un « âge des figures » que d’un processus qui a des prolongements jusque dans notre réception de la fiction illustrée : la figure ouvre la voie aussi à une « défiguration ». Nous nous appuierons sur nos publications mais en les mettant en perspective dans la logique terminologique et méthodologique du séminaire.

Références :

Le Men, Ségolène, La Cathédrale illustré de Hugo à Monet, Paris [CNRS Editions, 1998], Hazan, 2014

Tane, Benoît, Avec figures. Roman et illustration au XVIIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2014

Tane, Benoît, « Le livre illustré au XVIIIe siècle. L’œuvre au risque de sa défiguration », in L’Esthétique du livre, Milon, Alain, Perelman, Marc dir., Presses universitaires de Paris Nanterre, 2010, p. 315-331.

 

Ségolène Le Men, L’illustration romantique et son autodéfinition: la vignette dans L’Artiste en 1832

Entre 1830 et 1835 prend son essor la première forme du livre illustré romantique, le livre à vignette liminaire, gravée sur bois de bout d’après un croquis souvent dû au crayon de Tony Johannot.  Cette petite gravure qui s’introduit sur la page de titre ou la couverture des nouveautés littéraires s’impose d’autant mieux qu’elle est reproduite dès sa publication dans les comptes rendus des revues.  À travers L’Artiste, qui préconise la synthèse romantique des arts et introduit alors dans la presse le mot "illustration" au sens moderne d’image associée à un texte, il est possible de suivre l’histoire de la vignette romantique telle que les contemporains l’ont perçue au fil des jours, tout particulièrement en 1832, -année où paraissent un grand nombre de ces vignettes d’annonce ou de reprise qui marquent l’orée d’une culture publicitaire de l’édition illustrée, tout en apportant une définition visuelle de ce qu’est la vignette romantique.