Yelles Hédia (Museum National d'Histoire Naturelle)
Représentations des figures féminines d'Algérie dans le musée colonial
Au cours desdécennies qui suivent la colonisation de l'Algérie, l'essor del'ethnographie tend à mieux faire connaître les populations indigènesqui peuplent ce nouveau territoire français. L'institutionnalisation decette jeune discipline se confirme par la création en métropole et dansles colonies de nombreux musées ethnographiques proposant aux visiteursune sélection de collections sensées représenter les culturesautochtones.
Au muséeethnographique du Bardo d'Alger ainsi qu'au musée ethnographique duTrocadéro à Paris – futur musée de l'Homme- se dessine un mondeindigène multiple et riche. Mais derrière un discours qui se veutscientifique se profile une réalité coloniale complexe souvent niée auprofil d'un propos volontiers caricatural.
L'indigène défini àtravers une catégorisation - géographique, ethnique et sexuelle – sevoit une fois de plus renvoyé au registre du fantasme et du stéréotype.Ceci est d'autant plus vrai dans le cas de la figure féminine.Incarnation d'un rêve oriental encore bien tenace au 20ème siècle, laChaouia, la Tergui ou l'Algéroise sous vitrine illustrent mieux quenuls autres une culture sous domination. Hommes et Femmes indigènessont certes sous la coupe coloniale, mais force est de constater que lafemme est doublement « inférieure » dans un monde coloniale etdéfinitivement masculin.