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Séminaire Poésie au féminin

Séminaire Poésie au féminin

Publié le par Marielle Macé (Source : CELIS)

<!> Séminaire« Poésie au féminin  »

Le séminaire « Poésie au féminin », quidébutera en novembre 2010, est inscrit dans le prolongement du colloqueinternational « Voi(es)x de l'Autre : poètes femmes XIXe-XXIesiècles » qui s'est tenu à la MSH de Clermont-Ferrand en novembre 2007 etqui soulevait la question du rapport entre la poésie écrite par des femmes etla notion d'altérité. Il se déroulera en alternance avec le séminaire« Voix poétique et mythes féminins » (responsable : PascaleAuraix-Jonchière).

Présentationgénérale :

De par le choix d'aborder exclusivement des écritsféminins, de par sa thématique, le colloque se situait dans l'héritage destravaux de la critique littéraire féministe et/ou « féminine »[1]apparue dans le sillage des mouvements de femmes des années 1970. Ce courant dela critique fondé sur les apports de la théorie féministe, des théoriciennes dela « différence sexuelle », intégrait, de manière originale etdissidente à une époque dominée par les apports du structuralisme, la notion degenre dans la lecture et l'analyse des textes littéraires. Son apparitioncoïncide avec la parution, en 1970, du livre de Kate Millett, SexualPolitics (La politique du mâle), qui inaugure la première phase de la critiquelittéraire féministe fondée sur l'analyse des « Images de femmes » etleur détermination culturelle dans les écrits masculins. Les années 1970 et 1980 voient également l'émergencede la « deuxième phase » de ce courant critique, centrée, cette fois,sur les oeuvres de femmes, non plus « andro-centrée » mais« gyno-centrée ». Au sein de ce courant, qui inaugure la« gynocritique », s'imposent les travaux d'Elaine Showalter,notamment l'étude consacrée au roman anglais A Literature of their Own.British Women Novelists from Brontë to Lessing, paru en 1977, et les essais « Toward a FeministPoetics » et « Feminist Criticism in the Wilderness », parussuccessivement en 1979 et 1981. Onmentionnera également l'important recueil d'essais édité par Elaine Showalter, TheNew Feminist Criticism, Essays on women, literature and theory (1986).

Nombre de travaux consacrés à la poésie paraissentparallèlement à ces travaux abordant le roman, dont nous ne citerons que quelques titres de référence :en 1978 paraît Naked and Fiery Forms, Modern American Poetry by Women de Suzanne Juhasz, suivi, en 1979, de l'ouvragecollectif édité par Sandra M. Gilbert et Susan Gubar, Shakespeare's Sisters,Feminist Essays on Women Poets ;en 1980, Margaret Homans publie une étude sur la poésie féminine au XIXesiècle, Women Writers and Poetic Identity : Dorothy Wordsworth, EmilyBrontë and Emily Dickinson, suivie dedeux études d'Alicia Ostriker, elle-même à la fois critique et poète, Writinglike a Woman et Stealing theLanguage, The Emergence of Women's Poetry in America, parus en 1983 et 1986… Tous ces ouvrages portentmanifestement sur la poésie anglophone, surtout américaine, mais les thèmesqu'ils abordent, les problématiques qu'ils développent se révèlent être biensouvent en résonance avec les travaux consacrés aux poètes femmes appartenant àd'autres aires géographiques (comme l'illustreront notamment les étudesrassemblées dans le volume des Actes du colloque « Voi(es)x del'Autre : poètes femmes XIXe-XXIe siècles » à paraître au printemps2010). Une même double interrogation parcourt ces travaux dans leur ensemble etla critique féministe et/ou « féminine » de manière originale :En quoi le fait d'être une femme peut-il affecter la création en poésie ?Qu'est-ce qui fait la différence des écrits poétiques de femmes ? 

Les trois temps du séminaire :

Dans un premier séminaire (26 novembre 2010), partant de la notion d'altérité au féminin quisous-tendait le colloque, à l'aide des outils fournis par la critiquelittéraire féministe et/ou « féminine » dont le séminaire voudrait sefaire l'écho (la critique américaine, Hélène Cixous, Béatrice Didier …), maissans sectarisme, dans un esprit d'ouverture et de pluralité des voi(es)xpossibles, nous aborderons lapoésie au féminin sous l'angle des représentations de la position d'altérité dupoète femme par rapport à la tradition littéraire, à l'autorité littéraire etculturelle traditionnellement masculine. A travers les époques, nombred'oeuvres poétiques révèlent, au niveau du discours ou/et des représentationsimaginaires, la conscience qu'a le poète femme d'êtrel' « Autre » de la création en poésie, d'appartenir à une« minorité » dans la tradition littéraire, une position qui apparaîtcomme le reflet de la situation du sujet femme dans le monde comme« Autre » et comme « deuxième sexe », pour reprendrel'analyse de Simone de Beauvoir. Nombre de poètes femmes manifestent cetteconscience et/ou explorent cette situation dans leurs écrits, sur le mode de laplainte, de l'auto-dénigrement souvent teinté d'ironie, de la représentation etde la satire de la domination masculine, de la contestation de l'autoritéculturelle... L'altérité au féminin est alors présentée comme un fardeau, commeune source d'exclusion, de préjugés avec lesquels le texte poétique se débat…ou dans lesquels il s'enferme. Pourront être abordées également les notions deconformité à ou de rejet d'une certaine idée, élaborée culturellement, de la« poésie féminine ». Une attention particulière sera portée auxphénomènes d'écriture, dans les textes poétiques féminins,  liés auxreprésentations de cette position d'altérité imposée culturellement:conformisme exacerbé ou au contraire subversion des formes, des conventions etdes codes hérités de la tradition poétique…

Dans un deuxième temps, dansun second séminaire (courant 2011), nousnous intéresserons aux phénomènes de prise en compte volontaire etd'appropriation de la « différence sexuelle », du genre par lespoètes femmes, telles que celles-ci ont pu se dessiner à travers les époques et en particulierau cours du XXe siècle, notamment dans le sillage des mouvements des femmes desannées 1960 ou dans des oeuvres antérieures, dans un élan précurseur. Cedeuxième volet du séminaire sera consacré à des auteurs femmes dont les oeuvresrelèvent du parti pris d'intégrer la dimension du « féminin », de la« féminité », de l' « identité féminine » dansl'écriture quand cette intégration revêt la forme d'une quête identitaire,quand ces notions ne sont plus envisagées comme un fardeau, par défaut, maiscomme une richesse et une ressource. Une intérêt particulier sera porté auxphénomènes d'écriture, aux expérimentations formelles et langagières, créationde nouveau(x) langage(s), d'un « style féminin »…

Un troisième temps du séminaire (courant 2012), abordera, à l'inverse, les phénomènes de rejet, denégation ou de dénégation de l'altérité au féminin, tels qu'ils se manifestentdans les oeuvres de poètes femmes, au fil des époques, à travers les jeux demasques, jeux sur la persona, le travestissement ou le « camouflage »de l'identité sexuelle, du genre, la « dépersonnalisation »volontaire du sujet lyrique . Nous aborderons alors les phénomènesd'écriture volontairement inscrits dans le dépassement de la dichotomie desgenres masculin/féminin au profit de l'exploration d'une certaine formed' « androgynie » ou de « bisexualité » dans lacréation, ou de traversée des genres. Il sera temps alors de tirer lesconclusions des réflexions générées par les différents séminaires qui donnerontlieu à une publication.

Ouvert à toutes les littératuresà travers les époques, le séminaire a pour but d'élargir et d'approfondir larecherche engagée par le colloque. Comme le colloque de novembre 2007, ilmettra en relation chercheurs et poètes à travers l'organisation de lectures depoètes invitées. Force est de constater que ce séminaire consacré à « lapoésie au féminin » voit le jour à une époque qui entreprend d'accorder àcelle-ci une place importante. En effet, le 12e Printemps despoètes, intitulé « Couleur femme », qui se déroulera à Paris en mars2010, sera consacré aux poètes femmes.

Date du premier séminaire : 26 novembre 2010. Les propositions de communication sont à envoyer àPatricia Godi-Tkatchouk (avant fin avril 2010) (réponse en mai) à l'adresse suivante : patricia.godi@wanadoo.fr


[1]Dans l'ouvrage intitulé Méthodes de critique littéraire, Elisabeth Ravoux-Rallo qualifie la démarchecritique d'Hélène Cixous de « critique féminine ».