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Passions, affects, sentiments, sensibilité, émotions : les enjeux politiques et moraux d'un déplacement conceptuel au sein des anthropologies philosophiques du XVIe siècle à aujourd'hui (séminaire, séance 1)

Passions, affects, sentiments, sensibilité, émotions : les enjeux politiques et moraux d'un déplacement conceptuel au sein des anthropologies philosophiques du XVIe siècle à aujourd'hui (séminaire, séance 1)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Miryam Giargia)

Passions, affects, sentiments, sensibilité, émotions : les enjeux politiques et moraux d'un déplacement conceptuel au sein des anthropologies philosophiques du XVIe siècle à aujourd'hui

Séminaire

 

Présentation

Ce séminaire d'histoire de l'anthropologie politique et morale classique et contemporaine se propose de considérer les fonctions politiques, morales et sociales exercées par le « domaine » de l'homme désigné, selon les auteurs ou les périodes, sous le vocable des « passions », des « affects », des « sentiments », de la « sensibilité », ou encore des « émotions », du XVIe siècle jusqu’à aujourd'hui. Le point de départ de notre analyse, qui mettra en avant la transformation de ces inflexions terminologiques et/ou conceptuelles, sera fait des questions suivantes : quelle place est-il effectivement accordé, en philosophie politique et morale, à ce pôle de la passivité (d'une passivité apparente, pouvant assez vite se retourner en activité) ? Pouvons-nous esquisser une évolution de ce paradigme de la passivité ? Comment et à quelle condition cet ensemble conceptuel et terminologique peut-il être ordonné par une histoire raisonnée ? Quelles déclinaisons ce paradigme a-t-il reçu dans les grandes traditions de la pensée politique et morale, moderne et contemporaine ? Est-il possible de réécrire l'histoire de la philosophie politique et morale en ordonnant les différences entre les traditions justement à partir d'une analyse de leur manière d'envisager le complexe passions / affects / sentiments / sensibilité / émotions ?

Cette opération pourrait produire notamment des effets sur l’analyse de ce qui distingue les théories libérales et républicaines autant modernes que contemporaines.

Mots-clés : affect, passion, imagination, sensation, sentiment, pitié, compassion, sympathie, sensibilité, émotion, empathie, politique, morale, homme, anthropologie, expérience, passivité, activité, action, égoïsme, intérêt, utile, amour propre, amour de soi ; sensibility, feeling, moral sense, emotion, sympathy, empathy, compassion ; Gefühl, Sensibilität, Sinnlichkeit, Leiblichkeit, Mitleid ; affectus, passio, sensus, animi motus, mens emota.

 

Lieu :
 Université Paris Ouest Nanterre La Défense


 

14 octobre 2014, 1ère séance (bâtiment T, salle 237)

14H-18H

 

Pierre Crétois (Université Paris Ouest, Sophiapol/Université François Rabelais de Tours) : Le statut des passions politiques chez Rousseau.

Présentation :

Les passions ont un statut politique problématique chez Rousseau. La pitié qui s'adresse à un autre soi-même est pré-politique. Quant au politique, il se constitue par une rupture avec cette passion sociale rivale qu'est l'amour-propre. Pourtant,  le rapport vertical de chacun à la volonté générale constitue une nouvelle affectivité que l'on pourrait qualifier de politique et qui ne se rapporte pas de façon première à autrui : l'amour d'un transcendance auto-instituée dans l'immanence se formulant, par exemple, dans la forme d'un amour de la patrie et d'institutions comme la religion civile.

 

Charles Ramond (Université Paris 8, Vincennes – Saint-Denis): Le « sentiment d’injustice » dans la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith.

Présentation :

Le « sentiment d’injustice » (ou, comme le nomme Rousseau dans l’Émile, le « sentiment de l’injustice ») est l’emblème des « sentiments moraux », et attesterait même, pour certains philosophes (jusqu’à Rawls et son sense of justice) d’un « sens moral » donné à tous. Or, de façon très surprenante, le « sentiment d’injustice » se révèle presque totalement absent de la Théorie des sentiments moraux. L’exposé consistera d’abord à mettre ce fait en évidence, puis à en rechercher la signification, dans une réinterprétation du sens général de l’ouvrage d’Adam Smith et dans une interrogation plus large sur le domaine de validité des « sentiments moraux ».