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Séminaire "Débords — du cinéma" (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Peter Szendy)

Séminaire "Débords — du cinéma"

 

Un «débord», indique le Littré, c’est la «partie d’une route qui borde le pavé». En se laissant guider par ce mot, notre séminaire voudrait d’abord marquer ce qui lie le cinéma à la route, à ce «frayage permanent» du regard dont parle Jean-Luc Nancy dans L’Évidence du film. Si le cinéma est essentiellement routier, qu’arrive-t-il sur son débord?

Mais cette question se complique immédiatement si l’on pense que le cinéma n’a justement pas de bords identifiables, qu’il est au fond «le nom du monde», comme l’écrit Rancière dans La Fable cinématographique. Ce qu’il faut alors tenter de saisir, c’est le passage du cinéma hors de lui-même: un passage que Deleuze, dans sa «Lettre à Serge Daney», voyait se produire avec la télévision, mais auquel on assiste aussi dans le cinéma dit «élargi», qui s’expose dans d’autres lieux et se dissémine sur d’autres écrans, du musée aux téléphones portables en passant par l’art vidéo.

Toujours selon le Littré, le «débord» désigne l’«éruption, en parlant des humeurs». De fait, c’est aux sécrétions suscitées par les films que ce séminaire prêtera également l’oreille: aux larmes, au sang et au sperme, à ces fluides corporels dont le cinéma serait à la fois la production et la gestion, tout particulièrement sur ses bords, c’est-à-dire dans ces genres souvent considérés comme marginaux que sont le mélodrame, l’horreur et la pornographie (les body genres dont parle Linda Williams).

«Débord», dit encore le Littré, c’est un «terme de monnaie», à savoir la partie d’une pièce entre la légende et la circonférence externe. Et c’est enfin la dimension économique des excès du cinéma que notre séminaire tentera d’interroger: là où, comme l’indiquait Lyotard dans L’acinéma, il résiste à «l’élimination des mouvements aberrants», là où il s’approche de la pure dépense bataillienne en se portant vers «l’immobilité» ou «l’excès de mouvement».

Sous le titre Débords — du cinéma, il s’agira en somme de tous les bords du cinéma, et de ses débordements.

 

Vendredi 15 décembre, 19h-21h: Emanuele Coccia (Ehess) et Peter Szendy (Brown University), L’image véhicule

Mardi 19 décembre, 19h-21h: Peter Szendy, Face value, ou les masques de l’argent

Mercredi 10 janvier, 19h-21h: Georges Didi-Huberman (Ehess) et Laura Odello (Brown University), Penser les larmes. Un dialogue

Mercredi 17 janvier, 19h-21h: Laura Odello, «Monté sur larmes»: l’œil en excès