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Séminaire « Cinéma, théâtre, littérature au croisement des arts »Cécile Falcon (ENS) : « Mettre en scène Orgie de Pasolini, la question de la représentation de la violence au théâtre »

Séminaire « Cinéma, théâtre, littérature au croisement des arts »Cécile Falcon (ENS) : « Mettre en scène Orgie de Pasolini, la question de la représentation de la violence au théâtre »

Publié le par Mireille Brangé

Séminaire « Cinéma, théâtre, littérature au croisement des arts »

 

Séance du mercredi 5 mai 2010, Salle Weil, 17h-19h :

 

Cécile FALCON (ATER à l'ENS) parlera de  

 

« Mettre en scène Orgie de Pasolini, la question de la représentation de la violence au théâtre »

 

« À partir de mon expérience en tant que collaboratrice artistique à la mise en scène d'Orgie de Pasolini, par Marcel Bozonnet, en 2006 au théâtre du Vieux-Colombier, je mènerai une réflexion sur la représentation de la violence physique au théâtre. Comment représenter des actions violentes sur scène ? La question peut paraître naïve, et pourtant, elle se pose de manière très concrète à un metteur en scène qui choisit de monter une oeuvre dont le texte, les didascalies, le propos, ont trait à une certaine forme de brutalité. D'un côté, le metteur en scène peut choisir de faire jouer l'illusion théâtrale et de tendre vers une représentation réaliste, sinon réelle, de la violence. De l'autre, il peut préférer la styliser, la figurer. Ces deux solutions peuvent évidemment se mélanger au cours d'une même mise en scène et il existe bien sûr une infinité de solutions intermédiaires.

Mais le problème le plus aigu qui se pose est celui du fonctionnement plus général de la violence au théâtre, dépassant ainsi sa dimension purement physique. Qu'est-ce qui provoque ce « [réveil] des nerfs et du coeur » dont parle Artaud ? Comme l'exige ce dernier, le théâtre doit être au moins aussi violent que la vie. Mais est-ce que ce qui fait le plus violence au spectateur, c'est cette représentation d'actions violentes ayant des effets sur les corps, représentation tendant vers une pure présentation, hyper-réelle de la souffrance physique ?

En fait, il n'existe pas de rapport nécessaire entre la souffrance apparemment subie par les corps et la violence théâtrale. Un corps violenté peut très bien faire rire dans le cas de farces ou de spectacles sanguinolents, ne cherchant pas à créer un effet pathétique, mais de distance comique. De façon symétrique, la violence ne suppose pas nécessairement des manifestations physiques. Elle peut être d'ordre psychologique, moral (pensons à Strindberg) ou symbolique. La violence théâtrale n'est pas uniquement rendue effective par la représentation ou la présentation de corps malmenés. Quels sont les autres moyens de la violence théâtrale? Qu'est-ce qui crée l'image violente, le texte ou la figuration par les corps ? les deux combinés, mais comment ?

Mis à part l'exemple central d'Orgie, d'autres mises en scène seront évoquées : d'une part, Les Bacchantes d'Euripide, dans la mise en scène de Klaus M. Grüber et dans celle d'André Wilms, d'autre part, Viol, de Botho Strauss, mise en scène de Luc Bondy, et Les Métamorphoses, La Petite dans la forêt profonde, de Philippe Minyana d'après Ovide, mise en scène de Marcial di Fonzo Bo. Enfin, quelques incursions dans le cinéma sont prévues (Crash de Cronenberg et Orange mécanique de Kubrick) ».

 

Cécile Falcon (ENS)