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Séminaire Approches de la littérature du XIXe s. Perception(s), imaginaire et savoir (Paris 3)

Séminaire Approches de la littérature du XIXe s. Perception(s), imaginaire et savoir (Paris 3)

Publié le par Marc Escola (Source : CRP19)

Séminaire Approches de la littérature du XIXe siècle. Perception(s), imaginaire et savoir

Université Paris 3

22 mars — 17.30-19.30

Université Paris 3, Centre Censier, salle D. 38

« Avec ou contre les épopées impérialistes des grands explorateurs :

les récits de voyageurs réels ou fictifs en France, en Afrique et au Brésil »

Séance organisée par Marie Frisson et Hortense Delair,

avec Nathalie Carré (MCF-Inalco), Kevin Even (Paris 3), Nataly Jollant (ED 122-Paris 3).

 

- "Lire entre les lignes : langues en contact et représentations de l’altérité dans les récits d’exploration (XIXe siècle)", par Nathalie Carré :

Dans cette communication, nous nous proposons d’analyser au travers d’exemples précis ce qui se joue et se lit dans les échanges linguistiques pratiqués lors des explorations en Afrique est-orientale au XIXème siècle et dont les récits gardent la trace. A la manière du récent ouvrage de Cécile Van den Avenne, De la bouche même des indigènes, nous considérerons ces traces des langues autres comme des indices des usages et des représentations qui se mettent progressivement en place aussi bien du côté des populations autochtones que de celui des futurs colonisateurs, tous confrontés à des univers nouveaux à traduire culturellement selon un mode propre.
Nous nous attacherons pour cela à un double corpus : des récits de voyage datant du XIXème siècle et rédigés en swahili (les Safari za Wasuaheli collectés par Carl Velten auprès de divers informateurs et la Maisha rédigée par Tippu Tipp) et des récits d’exploration rédigés en langues européennes (Burton, Guillain, Stanley, von Götzen…). La langue en tant que « zone de contact » au sens au l’entend Mary Louise Pratt et les exemples tirés des textes nous permettront de nous interroger sur les mécanismes de transposition/traduction à l’œuvre : quelle(s) langue(s) parlaient les personnes entre elles ? Quelle maîtrise avaient-elles de ces langues ? Que recèle l’utilisation de tel ou tel vocable ? Pourquoi se sont-ils imposés ? Quelles incompréhensions, réelles ou supposées, découlent de certaines situations.    

- "Pour une colonisation française en Amazonie : la France équinoxiale d’Henri Coudreau (1859-1899)", par Nataly Jollant : 

Entre 1883 et 1899, l’explorateur français Henri Coudreau a mené plusieurs expéditions en Amazonie. Les publications issues de ces expéditions ont participé à la consolidation en France d’une sorte de vulgate sur la région. Son œuvre, composée de dizaines de récits de voyage, d’articles et d’ouvrages de vulgarisation, se caractérise par la défense acharnée du projet d’une colonisation civilisatrice. Pour ce faire, en même temps que l’explorateur réalisait une cartographie plus précise des fleuves amazoniens, il dressait un inventaire des ressources naturelles de la forêt et essayait de bâtir un imaginaire qui l’associait au « cellier du monde ». Son but était de convaincre ses compatriotes d’y installer une colonie française, la France Équinoxiale. Comprendre les enjeux de ce projet et analyser dans quelle mesure les publications d’Henri Coudreau ont été un vecteur de vulgarisation de l’Amazonie en France au XIXe siècle constituent les principaux défis de cette communication.

- "L'Afrique de Cinq semaines en ballon : entre fantasmes et (re)connaissances", par Kevin Even : 

En 1863, Jules Verne publie Cinq semaines en ballon, le premier roman de ses Voyages extraordinaires. Localisé en Afrique, le récit condense nombre d'informations scientifiques sur le "continent mystérieux" et semble respecter à la lettre la politique éditoriale de la collection pour adolescents. Dictée par Pierre-Jules Hetzel, celle-ci gage du sérieux scientifique des romans verniens et de leur aspect récréatif de telle sorte que la lecture de ces livres "a tout à la fois les qualités d'un aliment substantiel et la saveur des mets les plus piquants". Toutefois, les informations distillées par Verne sur les régions visitées par ses personnages sont loin de présenter l'Afrique avec le sérieux revendiqué. La démarche de l'auteur est en effet biaisée par ses convictions ethnocentristes et le récit s'attache à relayer des stéréotypes correspondant à l'image négative que les européens se font de l'Afrique. La première épopée vernienne inaugure donc une représentation colonialiste récurrente au XIXe siècle d'un continent qu'il faut cartographier, envahir et civiliser.

Séance organisée avec les participants et les spécialistes invités, Xavier Garnier, Henri Scepi, et Paolo Tortonese. 

http://www.crp19.org/article/approches-de-la-litterature-du-xixe-siecle-perceptions-imaginaire-et-savoir