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Séditions et révoltes dans la réflexion politique de l'Europe moderne (Séville)

Séditions et révoltes dans la réflexion politique de l'Europe moderne (Séville)

Publié le par Université de Lausanne (Source : alexandra merle)

SÉDITIONS ET RÉVOLTES DANS LA RÉFLEXION POLITIQUE DE L’EUROPE MODERNE

Colloque international, Séville, 22-24 mai 2017

Manuel Herrero Sánchez (UPO Séville), Alexandra Merle (ERLIS, Caen),

Marina Mestre Zaragozá (IRHIM-UMR 5317, ENS Lyon)

Dans le cadre du programme ANR « Cultures des Révoltes et des Révolutions en Europe » (dir. Alain Hugon, CRHQ, Caen) consacré à l’analyse des productions culturelles de toute nature (écrite, orale, iconographique) élaborées et diffusées lors de mouvements contestataires exprimant une volonté de rupture politique avec l’ordre en place survenus en Europe de la fin du Moyen Âge jusqu’au début du siècle des Lumières, la question de la mise en mémoire de ces événements – qu’ils aient été couronnés de succès ou réprimés – a été évoquée lors d’un colloque organisé en décembre 2015 (Formes et usages de la mémoire des révoltes en Europe, Madrid, Casa de Velázquez). Cette rencontre internationale a  mis en lumière les usages contrastés de la mémoire : dans certains cas, le souvenir d’événements passés a joué un rôle performatif en permettant de justifier ou même de préparer de nouvelles contestations. Inversement, une volonté d’occultation ou de dénégation a été maintes fois constatée, que ce soit de la part des anciens révoltés ou des autorités qui travaillent à effacer les traces d’un manquement à l’obéissance. Enfin, on a également relevé dans certains types de discours – non pas historiographiques mais juridiques ou politiques, et notamment dans des correspondances ou des écrits circulant à l’intérieur des cercles de gouvernement – un rappel des épisodes de révolte et de leurs circonstances à des fins préventives.

Dans la continuité de ces travaux, nous souhaitons consacrer une nouvelle rencontre internationale à la réflexion politique à laquelle les divers mouvements de révolte survenus entre la fin du Moyen Age et l’époque moderne ont pu mener,  qu’il s’agisse de réflexions inspirées par un événement particulier ou de considérations plus générales sur les causes des séditions et des mouvements de contestation, les moyens d’y remédier et de les prévenir, leurs effets néfastes ou au contraire régénérateurs.

Ces questions se trouvent en effet au cœur de la réflexion politique et donnent lieu à des débats nourris au cours de l’époque moderne ; ainsi, Machiavel, rompant avec le concept aristotélicien d’harmonie selon lequel le bon gouvernement est celui qui maintient la stabilité et permet d’éviter les conflits internes, décèle dans ces affrontements un mécanisme de transformation et d’amélioration des institutions. Parmi les sujets les plus débattus se trouvent encore les liens entre tolérance religieuse et sédition, ainsi que le rapport entre conflits internes et guerre hors des frontières, cette dernière étant souvent considérée comme un moyen efficace de canaliser les énergies, en particulier celles d’une aristocratie turbulente, et de prévenir ainsi contestations et dissidences. Par ailleurs, la légitimité d’interventions visant à susciter ou appuyer les mouvements de sédition et les révoltes dans des Etats étrangers, afin d’éviter la guerre ou simplement pour soutenir leur droit à la résistance et au changement de souveraineté, est aussi objet d’examen dans la littérature théorique comme dans les écrits des conseillers et gouvernants à l’époque moderne.

Nous nous proposons d’étudier le rôle que les mouvements de révolte survenus dans l’Europe moderne ont pu jouer dans l’évolution et les orientations de la réflexion sur toutes ces questions qui occupent une place centrale dans la littérature politique - notamment à partir de la propagation de la notion de « raison d’Etat » qui fait de la conservation de l’Etat la finalité première du bon gouvernement.

L’analyse portera sur un ensemble d’écrits politiques rédigés à l’usage des gouvernants ou d’un plus large public  - mémoires et rapports, mais aussi traités sur l’art de gouverner qui foisonnent partout en Europe à l’époque moderne et connaissent une large réception. Si cette littérature a coutume de faire usage d’exemples historiques, généralement éloignés dans le temps et ou dans l’espace, il faut s’interroger sur les possibles répercussions sur la réflexion théorique d’une expérience tirée de mouvements de révolte récents ou contemporains.

Il s’agira enfin d’approfondir l’examen des liens qui unissent la théorie et l’action politique : de même que l’influence de certaines doctrines sur l’origine et les limites du pouvoir, sur le droit de résistance, etc., a pu être mise en évidence dans de nombreux discours de contestation produits par les révoltés, il convient de considérer les effets de l’action contestataire sur la réflexion et les conseils dispensés aux gouvernants dans différents types de discours théoriques élaborés dans l’ensemble de l’Europe moderne, après le succès ou l’échec de soulèvements et de révoltes contre l’autorité souveraine.

Les propositions de communication (une quinzaine de lignes, en français, anglais, espagnol ou italien), assorties d’un bref curriculum vitae, devront être adressées aux organisateurs avant le 15 octobre 2016.

Alexandra.merle@unicaen.fr

mahersan@upo.es

marina.mestrezaragoza@ens-lyon.fr

coloquiosedicion@upo.es