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Scénographies de la punition dans la culture italienne moderne et contemporaine

Scénographies de la punition dans la culture italienne moderne et contemporaine

Publié le par Marielle Macé

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Appel à communication

Colloque « Scénographies de la punition

dans la culture italiennemoderne et contemporaine »

Centre d'Études et de Recherchesur la Littérature Italienne Médiévale, Moderne et Contemporaine (CERLIMMC - EA3417)

Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, les 19 et20 octobre 2012

Responsablesscientifiques : Valeria Giannetti et Philippe Audegean

(Université Paris 3 –CERLIMMC).

La punition est la sanction qui réprime uncomportement considéré comme fautif. Elle peut être prononcée et infligée pardes institutions commises à cette fonction, ou par des sujets (individuels oucollectifs) qui se jugent autorisés à punir.

Mais le terme désigne aussi unchâtiment qui survient en dehors de toute volonté déterminée, tel uneconséquence néfaste ou un malheur entraîné par des agissements fautifs. Kantconsidère ce type de punition comme une « peine naturelle »,« par laquelle le vice se punit lui-même et à laquelle le législateur n'apoint d'égard ». Elle peut être à l'origine de ce qu'Aristote définit parle terme de « δυστυχίαν » :c'est le malheur qui frappe le héros tragique coupable d'une erreur. Dans la Poétique, il l'évoque comme le dénouement de la tragédieet la condition même de l'émotion du spectateur.

Lorsque la punition s'exerce comme l'effet d'unevolonté de punir ayant pour but aussi bien la correction que la dissuasion, enun sens qui connaît une profonde évolution en passant du droit d'Ancien Régimeau droit pénal moderne, elle repose sur une « technologie de lareprésentation » (Foucault) qui évolue des rituels anciens et des« théâtres du châtiment » à la prison moderne.

Mais la punition qui s'exerceindépendamment de toute volonté, judiciaire ou autre, produit elle aussi sesreprésentations : le malheur des coupables, parfois leur pénitence, ouencore le pathos et l'ensemble des bouleversements qui affectent le coupable (remords,repentir, autocommisération, colère, humiliation…) ainsi que ceux qui sonttémoins de sa faute (crainte et pitié, réprobation…). Un des châtiments lesplus célèbres de la littérature, celui de Raskolnikov, consiste aussi bien dansla sanction infligée (le camp de travail) que dans le tourment qu'il éprouvelorsqu'il prend conscience de son « erreur » (ne pas avoir étécapable d'agir comme un « surhomme »). Bien que ces représentationsne soient pas régies par une « technologie », elles ne prennentpourtant pas forme de façon autonome. Le châtiment qui frappe« naturellement » les coupables ainsi que sa perception même serapportent en effet à des codes culturels et moraux, à des traditions et descroyances sociales. En ce sens, le châtiment implique la réélaboration demythes collectifs et entraîne à son tour des processus de symbolisation.

Le colloque sera consacré auxquestions de poétique (et non aux problèmes juridiques) liées au motif de lapunition dans la littérature italienne moderne et contemporaine. La punitionsera envisagée comme une forme-sens, vecteur d'une interprétation du monde, quise déploie à plusieurs niveaux : théologique (Providence, jugementdernier), moral (humiliation, colère, vengeance, douleur, remords), existentiel(le désir de punir, voire d'être puni), politique (qui punitlégitimement ?). À cela s'ajouteque l'écrivain se saisit parfois du motif de la punition non seulement enreprésentant l'acte de punir, mais en faisant de son oeuvre un instrument depunition : dénonciation, critique, correction, dissuasion, etc. (cf. castigatridendo mores).

Le colloque entend ainsi poser laquestion du lien entre poétiqueset conceptions de la punition.La réflexion pourrait s'engager à partir d'une première série (non exhaustive)de questions :

– Y a-t-il des configurationspoétiques (narratives, symboliques, etc.) induites dans les oeuvres par le motifmême de la punition ?

– De quelle manière lesreprésentations de la punition en tant que peine naturelle (pathos, pénitence,malheur) peuvent-elles être considérées comme un élément de la poétique del'auteur, au sens où elles ouvrent sur des processus de symbolisation oud'élaboration de mythes collectifs et personnels qui structurent son universpoétique ?

– La punition est-elle un élémentsémiotique, une possibilité de signification où se reflètent certains élémentsde la culture de l'époque à laquelle l'oeuvre est écrite ?

– C'est sans doute à la faveur d'undépassement d'Aristote qu'on a pu assister à différentes formes de divorce entredénouement et punition : par exemple, dans la culture française, àl'occasion d'un acte de clémence solennel et pacificateur (Cinna), ou au contraire avec le triomphe des impunis(Sade, Balzac). Qu'en est-il dans la culture italienne ?

– Que punit la punition ? Unefaute ? Un vice ? Une simple erreur d'évaluation ? Uneresponsabilité ? Un manque ? Le motif de la punition devient-il unindice révélateur d'un brouillage, parfois involontaire, du statut même despassions ? (Des passions du coeur, à partir de la Nouvelle Héloïse, aux passions impures dans le roman réaliste etnaturaliste.)

– Quel rôle joue le motif de lapunition dans la représentation narrative du sujet ? Identification dusujet en tant que sujet moral ? Âme multiple ? Découverte del'« autre » ?

– De quelle façon certains théâtresde la punition (le procès, le tribunal, la prison) ont-ils pu s'intérioriser, àtravers l'acte de l'écriture, se transformant en une autre scène, celle del'inconscient ?

Les propositions de communication(2500 caractères environ, en français ou en italien), assorties d'une brèvenotice bio-bibliographique, sont à adresser au plus tard le 20 septembre 2011 àValeria Giannetti <valeria.giannetti-karsenti@univ-paris3.fr>et Philippe Audegean <philippe.audegean@univ-paris3.fr>. Ces propositionsseront examinées par le comité scientifique, composé de : PhilippeAudegean, Valeria Giannetti, Guido Mazzoni (université de Sienne), PierluigiPellini (université de Sienne), Martin Rueff (université de Genève).

L'université Paris 3 prendra encharge l'hébergement des communicants pour les nuits des 18-19 et 20 octobre,ainsi que les repas pendant les deux jours du colloque.

Conformément aux règles en vigueur àl'université Paris 3, un droit d'inscription sera demandé aux participants.

Les actes du colloque feront l'objetd'un volume qui sera soumis pour publication aux Presses Sorbonne Nouvelle.

  • Adresse :
    Paris III