Questions de société
Sarkozy lance la réforme des lycées et de la formation des enseignants (Les Échos, 02/06/08).

Sarkozy lance la réforme des lycées et de la formation des enseignants (Les Échos, 02/06/08).

Publié le par Marc Escola

"Sarkozy lance la réforme des lycées et de la formation des enseignants"

Les Échos, 02/06/08






La réforme des lycées sera effective à la rentrée 2009. La moitié des bénéfices des suppressions d'emplois sera reversée aux enseignants. Une réflexion sur le système d'affectation va être lancée. Dès 2010, deux nouveaux concours de recrutement des enseignants seront mis en place.
Nicolas Sarkozy a choisi de profiter du bicentenaire des recteurs d'académie pour lancer officiellement la réforme des lycées, de la formation et de la revalorisation du métier d'enseignant. Trois dossiers épineux sur lesquels le chef de l'Etat s'était engagé pendant la campagne présidentielle.

Réforme des lycées dès la rentrée 2009

Devant 30 recteurs, 300 inspecteurs généraux et 80 présidents d'université, Nicolas Sarkozy a tout d'abord confirmé le lancement de la réforme des études au lycée dans les classes de seconde à partir de la rentrée 2009. "Sur cette réforme, je souhaite que nous avancions vite. Je souhaite que la nouvelle seconde soit mise en place dès la rentrée 2009, avec un objectif, c'est que le nouveau lycée soit transformé à l'horizon 2012", a déclaré le chef de l'Etat. "La situation actuelle n'est plus tenable. Le système des filières, écrasé par la section scientifique, est déséquilibré et ne remplit pleinement aucun des objectifs recherchés", a-t-il justifié.
"Il nous faut, ensemble, imaginer un lycée beaucoup plus souple, qui dépasserait les impasses d'un cloisonnement trop rigide en filières. (...) Cette liberté plus grande donnée au lycéen le préparerait mieux à l'enseignement supérieur", a poursuivi le chef de l'Etat. "La différenciation des parcours que j'appelle de mes voeux ne signifie pas une quelconque forme de papillonnage, elle vise au contraire une manière nouvelle, plus originale, plus individuelle, plus progressive aussi, de se spécialiser", a-t-il ajouté. La mise en place de la "nouvelle seconde" dès la rentrée 2009 devrait permettre la mise en place d'un "nouveau baccalauréat" en 2012, selon l'Elysée.

La moitié des bénéfices des suppressions d'emplois reversée aux enseignants

Nicolas Sarkozy a par ailleurs répété que la moitié des économies produites par les suppressions d'emplois dans l'Education nationale serait redistribuée aux enseignants, dans le cadre d'un "pacte de confiance", dans un discours devant les cadres supérieurs de l'Education. "Nous voulons signer avec les professeurs de France un nouveau pacte de confiance. Cela implique un effort, y compris financier, de la part de l'Etat. C'est pourquoi j'ai annoncé, dès la campagne électorale, que la moitié des économies produites par les économies d'emplois dans l'Education nationale seraient redistribuées aux professeurs", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Dès cette année, l'Etat a consenti des efforts considérables pour améliorer le pouvoir d'achat des enseignants. Nous avons distribué davantage d'heures supplémentaires", a ajouté le président. "Ce pacte de confiance ne peut consister en une mesure de revalorisation générale et sans contrepartie, comme on l'a si souvent vu par le passé. L'état des finances publiques ne le permet pas", a-t-il poursuivi.
Nicolas Sarkozy a également exhorté les professeurs à accepter "de réfléchir avec nous, de façon constructive et responsable, à une évolution de leurs pratiques et de leurs missions, selon des modalités qui restent largement ouvertes à la discussion". "Il faut arrêter de dire que l'Education nationale c'est prioritaire et de ne pas accepter de véritable débat, un véritable dialogue, un véritable compromis sur l'avenir de notre Education nationale. Il faut sortir du jeu de rôles, il faut que chacun prenne ses responsabilités".

Réflexion sur le "système des affectations" dans l'Education

Nicolas Sarkozy a souhaité une réflexion sur "le système des affectations" dans l'Education, proposant de "placer la bonne personne au bon endroit". "A moyen terme, je veux que l'on se penche sur le système des affectations. Trop souvent, aujourd'hui, l'Education nationale ne parvient ni à satisfaire le souhait d'un professeur, ni à répondre aux besoins des élèves", a-t-il affirmé. "Je ne dis pas que l'on ne fait rien pour résoudre la difficulté. Je dis que l'on pourrait faire mieux. Je n'ai pas de solution miracle. Mais est-ce trop demander que d'essayer (...) de mieux écouter les attentes des uns et des autres et de placer la bonne personne au bon endroit ?", a ajouté le chef de l'Etat. "De surcroît, si les affectations pouvaient être annoncées par la hiérarchie, ce ne serait pas si mal", a-t-il dit.

L'Education dans la culture de l'évaluation et du résultat

Relever le "double défi" de la "démocratisation" et de l'"élévation du niveau général exige que l'Education nationale entre résolument dans la culture de l'évaluation et du résultat", a affirmé Nicolas Sarkozy. "Votre rôle dans cette petite révolution est absolument capital. C'est à vous, dans chaque académie, dans chaque département, pour chaque filière et pour chaque disipline, de promouvoir cette nouvelle façon de diriger l'école", a-t-il lancé. "C'est à vous, sur le terrain, d'encourager les bonnes pratiques et de récompenser des efforts, de repérer les difficultés, de traquer les dysfonctionnements et de sanctionner les insuffisances", a-t-il insisté. L'évaluation n'est "pas pour stigmatiser tel ou tel", mais "un instrument très concret du pilotage", a précisé Nicolas Sarkozy.
Nouveaux concours de recrutement des enseignants dès 2010
Nicolas Sarkozy a annoncé l'intégration des différents concours d'enseignants au cursus universitaire et précisé que deux "nouveaux concours" seraient "mis en place dès la session 2010" pour tout titulaire d'un master. "Je souhaite que l'enseignant de demain soit mieux formé, que la durée de ses études soit allongée d'un an. Je souhaite en outre que la place des universités dans cette formation soit pleinement reconnue", a affirmé le chef de l'Etat, devant les cadres de l'Education et de l'Enseignement supérieur. Pour le chef de l'Etat, "c'est quand même une idée curieuse" de ne pas "former les enseignants dans nos universités". "Nous avons décidé, avec Xavier Darcos, que les différents concours (professeurs des écoles, Capes, agrégation) puissent être intégrés au cursus universitaire, et soient ouverts à tout titulaire, ou tout futur titulaire d'un master 2 . En échange de cette année d'études supplémentaire nous nous engageons à ce que les débuts de carrières soient revalorisés", a-t-il ajouté. "Dans le système profondément renouvelé que nous préparons, le corps enseignant est appelé lui aussi à évoluer", a-t--il dit, affirmant mesurer "l'étendue du malaise enseignant". (Source AFP)