Essai
Nouvelle parution
Saint-John Perse (1945-1960) : Une poétique pour l’âge nucléaire

Saint-John Perse (1945-1960) : Une poétique pour l’âge nucléaire

Publié le par Camille Esmein (Source : Marie-Pierre Ciric)

Saint-John Perse (1945-1960) : Une poétique pour l'âge nucléaire

Textes réunis par Henriette Levillain et Mireille Sacotte

Coll. « Bibliothèque contemporaine », 10, Circa, 200 pages.

Prix public : 17

Isbn : 2-252-03484-X

 

L'ouvrage que l'on donne à lire vise à renouveler le discours critique sur Saint-John Perse. Plus historique, il tient compte de la situation d'exil du poète aux Etats-Unis entre 1940 et 1958. Dans quelle mesure s'est-il, pour cette raison, singularisé dans le champ littéraire contemporain français ? Quels sont les aspects de la vie américaine qu'il a appréciés ? (les grands espaces et ... les sous-vêtements de femmes). Quelles rencontres intellectuelles majeures a-t-il faites alors ? (celle d'Einstein et de la science de l'atome est au coeur du sujet). Quels contacts continuait-il à avoir avec les milieux littéraires parisiens ? (Le discours Nobel (1960) peut être lu entre les lignes comme une réponse à l'existentialisme ambiant). À quelles lectures a-t-il procédé qui aient pu orienter son intérêt vis-à-vis des phénomènes cosmiques et de la science physique ?

 

Toutes ces observations ont permis d'entrer dans l'oeuvre poétique par un angle d'attaque inhabituel, à savoir de la rapporter plus étroitement que cela n'a été fait jusqu'ici au contexte intellectuel et littéraire de son auteur. En conséquence on aura pu mesurer les relations de distance ou de proximité de la poésie persienne avec les idées de son temps, que ce soit le postbergsonisme, l'existentialisme ou les philosophies du cosmos. C'est ainsi que l'on a pu rapprocher dans une grande famille de penseurs poètes des personnalités apparemment éloignées les unes des autres telles Teilhard de Chardin, Caillois ou Lévi-Strauss. Aussi a-t-on été rendu sensible à l'expression poétique de ce rapport d'immédiateté au monde, que ce soit en y retrouvant les figures très concrètes du savant ou en discernant, comme le fait un jeune physicien, les retombées des théories physiques d'Einstein.

 

On a finalement voulu réintroduire l'Histoire du temps présent dans l'oeuvre poétique de Saint-John Perse, en partant du discours Nobel et de son ancrage dans la physique d'Einstein. Qui pense y trouver un écho des évènements dramatiques consécutifs à la déflagration mondiale restera déçu. On pourra s'en étonner, voire le déplorer, sachant quelle part Alexis Léger avait prise dans les préparatifs de la seconde guerre mondiale. Ce silence fut une décision autant morale que poétique. On sera, en revanche, heureusement surpris d'apprendre que c'est la réflexion d'Einstein sur la matière qui détournant le poète de la pensée, courante à l'époque, de l'échec de la civilisation occidentale et du vide métaphysique l'a orienté principalement à partir de Vents vers une vision du temps cyclique et de la vie en permanente gestation.

 

Henriette Levillain est professeur à l'université de Paris-Sorbonne. Elle est l'auteur d'études consacrées à Saint-John Perse, Mme de La Fayette ou Marguerite Yourcenar. Elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs sur Dante, sur la Guadeloupe et sur la sainteté. Elle a publié chez Klincksieck Qu'est-ce que le baroque ? (« 50 questions », 2004).

 

Mireille Sacotte est professeur de littérature française à l'université de Paris 3-Sorbonne nouvelle. Domaines de recherche : Giono, Gary, Saint-John Perse ; poésies des XIXe et XXe siècles (Hugo, Claudel, Char) ; roman des XIXe  et XXe  siècles (Maupassant, Zola, Genevoix).