Agenda
Événements & colloques
Rythme, cliquetis, sens : enjeux poétiques dans la traduction moderne des Anciens (Lille)

Rythme, cliquetis, sens : enjeux poétiques dans la traduction moderne des Anciens (Lille)

Publié le par Marc Escola (Source : Juliette Lormier)

Journée d’études des laboratoires ALITHILA et HALMA de l’Université de Lille SHS

Rythme, cliquetis, sens : enjeux poétiques dans la traduction moderne des Anciens

Mercredi 7 juin 2017

de 9.30 à 18.00, à l’Université de Lille SHS

– Domaine Universitaire de Pont de Bois, Villeneuve d’Ascq (59650)

Espace Recherche de la Bibliothèque Universitaire Centrale

 

Nous avons le plaisir de vous convier à la Journée d’études « Rythme, cliquetis, sens : enjeux poétiques dans la traduction moderne des Anciens » qui se tiendra le mercredi 7 juin 2017 dans l’Espace Recherche de la Bibliothèque Centrale de l’Université de Lille SHS.

~

Défendant l’emploi du toscan dans son Convivio (1305) pour écrire un commentaire philosophique accessible à tous, Dante formule un postulat généralisant qui paraît très clair :

« aucune œuvre mise en harmonie par le lien de la musique ne peut être transposée de sa langue en une autre sans que soient rompues toute sa douceur et son harmonie »

(« (…) nulla cosa per legame musaico armonizzata si può de la sua loquela in altra transmutare sanza rompere tutta sua dolcezza e armonia. », Il Convivio, I, chap. VII)

Selon le poète florentin, c’est précisément pour cette raison qu’à l’époque, en Italie, Homère n’a pas (encore) été traduit en latin : toute l’harmonie de ses vers en eût été brisée. Visant à illustrer cette apparente vérité générale, l’exemple d’Homère vient assimiler ici la cosa per legame musaico armonizzata à la poésie elle‑même, caractérisée communément dans les manuels littéraires par sa musicalité.

   Or, qu’elles aient été composées au Moyen Âge ou au début de ce XXIe siècle, un grand nombre de traductions modernes d’Homère, de Virgile ou d’Ovide, réfutent de facto cette assertion brutale qui ferme implacablement l’horizon littéraire à la traduction du poétique. Empruntant des chemins divers, elles se sont toutes attachées à rendre d’une manière ou d’une autre ce que Dante proclamait non transposable.

   Au regard de leurs partis pris stylistiques parfois singuliers, de telles traductions ont souvent été qualifiées d’ « artistiques » en tant qu’elles s’opposeraient diamétralement, dans leurs desseins esthétiques, aux traductions dites « philologiques », « universitaires » ou « académiques » : ces dernières seraient, par nature ou vocation, incapables de rendre quoi que ce soit de la poéticité du texte-source, tandis qu’une traduction trop attentive à cette poéticité serait une traduction indisciplinée, ayant abandonné la science et perdu son sens de la rigueur philologique. Or il est clair qu’une telle division du corpus translaté paraît caricaturale et illusoire, à la fois pour les traductions qui seraient « philologiques » et pour les traductions réputées « poétiques ».

   Nous aimerions consacrer cette journée à l’étude de ces traductions qui préservent les enjeux poétiques inscrits dans les textes anciens. Il s’agira de définir ces enjeux et de comprendre pourquoi et comment les traducteurs les prennent en compte dans leur travail en étudiant les divers problèmes qui se posent à eux au moment de traduire. Voici la question centrale que nous souhaiterions poser : existe-t-il une traduction « poétique » des Anciens et si oui, comment se définit-elle ?

    De manière à enrichir et à préciser cette définition de la traduction poétique, notre approche sera diachronique et ouverte à la fois aux traductions francophones et non-francophones des textes d’Homère, Virgile et Ovide. Nous n’excluons aucune traduction de l’étude et n’admettons pas la division « académique » / « poétique » citée plus haut. Cette journée devra permettre, nous l’espérons, de repenser les frontières du poétique en traduction et d’ébranler certaines oppositions manichéennes dangereuses et infécondes pour la traductologie (comme l’opposition des traductions en vers et des traductions en prose en tant qu’elles révèleraient respectivement une présence ou une absence de poéticité).

   À l’occasion de cette journée, nous souhaiterions étudier la façon dont les traductions modernes se montrent conscientes des enjeux poétiques inscrits au cœur des textes homériques, virgiliens et ovidiens. En mesurant l’importance de ces enjeux (particulièrement pour la réception) et en se les donnant pour horizon à ré-atteindre ou à transformer, elles ouvrent de nouvelles voies dans les littératures modernes et se saisissent de l’idée de « barrière de la langue » pour mieux la renverser.

 

PROGRAMME

MERCREDI 7 JUIN 2017

9h30 Accueil des participants

Séverine Clément-Tarantino et Juliette Lormier (Lille)

Introduction

10h00

Philippe Brunet (Rouen)

Traduire l'Odyssée d'Homère, quelques années après l'Iliade : entre vocalité et incertitude

10h30

Marie Cosnay (Bayonne)

Traduire les Métamorphoses d’Ovide

11h00 Discussion – Pause

11h30

Jacqueline Fabre-Serris (Lille)

Traduire les Bucoliques en vers : un pari risqué ?

Quelques aperçus sur les tentatives de P. Valéry (1956), M. Pagnol (1958) et H. des Abbayes (1966)

12h00 Discussion

12h30 Déjeuner

14h00

Marie-Madeleine Castellani (Lille)

Entre récit et lyrisme, la traduction des Ovidiana (Pyrame et Thisbé, Lai de Narcisse, Philomena)

14h30

Séverine Clément-Tarantino (Lille)

La marque du sublime virgilien : l'énallage dans les traductions récentes de l'Énéide

15h00

Juliette Lormier (Lille)

Mètres et figures rythmiques dans la traduction des chants IV à VI de l'Énéide :

Du Bellay (1552-1560) vs. Turgot (1778) ?

15h30 Discussion – Pause

15h45

Benjamin Demassieux, François Haverland (Lille)

Traduire le vers ancien : lectures et analyses de jeunes traducteurs de Lille 3

16h15

Aymeric Münch (Paris)

Comment traduire en hexamètres français les œuvres de Virgile ?

16h45 Discussion – Pause

17h15

Peter Fallon (Loughcrew, IR)

Translating the Ancient text: a poetry reading

18h00 Clôture

Comité d’organisation :

Séverine CLÉMENT-TARANTINO, Maître de conférences en Langue et littérature latines (Lille SHS)

Juliette LORMIER, ATER au Département de Langues et Cultures Antiques (Lille SHS)