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Roussel, orfèvre de la langue

Roussel, orfèvre de la langue

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Hermes Salceda)

La Revue des Lettres modernes 

Raymond Roussel 5

Roussel, orfèvre de la langue 

Pour le cinquième numéro de notre revue nous souhaiterions relier deux problématiques  récurrentes dans les préoccupations des études rousselliennes. Celle de l'inscription, toujours flottante, de l'auteur dans l'histoire littéraire (décadent ? épigone du symbolisme ? précurseur des surréalistes ? surréaliste ? plagiaire par anticipation de l'OuLiPo ? précurseur du Nouveau Roman ?) et celle de son usage de la langue, de son style, dont on se souvient qu'il avait fait dire à Alain Robbe-Grillet que Roussel écrivait « tout simplement mal », menant de nombreux critiques à étudier la lassitude censément dégagée par sa prose.

L'oeuvre de Roussel semble indubitablement frappée du sceau d'un usage singulier, artisanal de la langue caractérisée par un maniement particulier des mots. Ce travail d'orfèvre a sans doute contribué à justifier l'image de la « paroi lisse » accompagnant son écriture réflexive et miroitante. De même, des phénomènes liés à l'énonciation et à la position instable du narrateur peuvent contribuer à expliquer l'impression glaçante que dégagent souvent ses textes.

De manière générale, nous nous proposons ainsi d'interroger, dans ce numéro, le rapport de Roussel à la langue. Non seulement, son style, mais aussi sa façon d'explorer le potentiel poétique des mots, autant dans leur sens que dans leur forme, et les effets finalement humoristiques qu'il en tire.

L'histoire de la littérature étant inévitablement liée à celle de la langue, il s'agira aussi d'analyser les phénomènes éventuellement susceptibles d'expliquer l'avènement dans le paysage littéraire fin/début de siècle du traitement roussellien des mots, des vers et de la phrase : la crise de l'alexandrin, l'intérêt que des linguistes, tels Darmesteter, montrent pour les phénomènes de l'analogie, la quête d'une motivation absolue du langage, dérivant chez certains auteurs jusqu'à la création de « fictions mots ».

L'analyse du traitement roussellien de la langue pourrait aussi permettre d'établir de nouveaux rapprochements entre son écriture et celle des surréalistes. Les avant-textes, dans la mesure où ils permettent de suivre le travail minutieux et acharné de l'auteur pour composer ses phrases, seront certainement d'une grande aide pour éclairer toutes ces questions.

En somme, nous attendons des analyses de ce numéro les éclairages exégétiques qui permettront que soient mieux connus les mécanismes contribuant à donner à la langue roussellienne sa forme spécifique, avec son halo si caractéristique de mystère difficile à percer.

Calendrier : Remise des propositions, avec titre et présentation des objectifs de l'article, jusqu'au 15 juillet 2011.

Remise des articles : jusque fin janvier 2012.

Christelle Reggiani (U. de Lille III) : christelle.reggiani@gmail.com ;

Christophe Reig (EA 4400 / Paris III) : reig.christophe@orange.fr ;

Hermes Salceda (U. de Vigo) : 2001hs@gmail.com