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Romantismes et croyances

Romantismes et croyances

Publié le par Marc Escola (Source : Jocelyn Vest)

Journée d’étude – 12 mars 2015 – ENS de Lyon

Romantismes et croyances

Après la Révolution, les romantiques regrettent la perte de la croyance, au moment où l’essor de la science a promu un scepticisme, voire un athéisme généralisé. Nodier, dans Lydie ou la Résurrection, évoque « un siècle de peu de foi », tandis que Nerval, dans Aurélia, déplore la difficulté, pour ceux qui sont « nés dans des jours de révolution et d’orage, où toutes les croyances ont été brisées […], de reconstruire l’édifice mystique dont les innocents et les simples admettent dans leurs cœurs la ligne toute tracée ». Ce déclin de la religion se renverse alors en nécessité de croire. Mais en quoi ? Ou en qui ?

 

Cette journée d’étude se propose de faire le point quant aux différentes réactions des intellectuels du temps devant ce sentiment de vide métaphysique.

La réflexion portera d’abord sur le rapport des écrivains romantiques à la religion chrétienne. On pourra envisager les phénomènes de conversion et la relation parfois tumultueuse entretenue par nombre d’allemands avec le protestantisme et le catholicisme,  l’attitude ambiguë d’un Balzac envers Dieu et l’Église chrétienne, ou encore les tendances apologétiques d’auteurs affirmant la supériorité d’une religion, par l’essai ou la fiction ; on questionnera les éventuelles limites de cette démarche, esthétisation de la religion ou séduction par le diable ou encore les dieux païens.

Loin de se cantonner au domaine religieux, le romantisme se caractérise en outre par ce que Serge Zenkine a nommé un « relativisme culturel ». « Plus il y a de culture, moins il y a de religion », nous dit le fragment 233 de l’Athenäum. Développant une relation neuve à l’Autre, l’écrivain de la première partie du XIXe siècle accueille d’autres façons de penser et d’autres formes de croyances. Ainsi, Nerval, dans Le Voyage en Orient, avoue « [avoir] toujours été plus disposé à tout croire qu’à tout nier ». À côté du Dieu chrétien reviennent les divinités païennes (Heine, Les Dieux en exil) ; parallèlement ressurgissent des savoirs ésotériques (occultisme, spiritisme, magnétisme) ainsi que des croyances populaires et folkloriques. Il s’agira dès lors d’analyser les modalités de coexistence de ces différentes références au sein du texte, de mettre au jour l’émergence de syncrétismes ou de relations de concurrence.

La diversité de ces phénomènes de croyance nous semble enfin aller à l’encontre de la quête d’absolu qui est celle des romantiques, de sorte qu’il est permis de se demander s’il existe un principe unificateur, qui pourrait être une foi nouvelle, celle dans l’écriture, poésie ou fiction, dans l’invention d’une esthétique neuve, d’une transcendance profane.

 

Les propositions de communication, d’une longueur de 300 mots environ, sont à adresser avant le 7 décembre 2014 à Vincent Bierce (doctorant à l’ENS de Lyon, LIRE, vincent.bierce@ens-lyon.fr) et à Jocelyn Vest (doctorant à l’ENS de Lyon, CERCC, jocelyn.vest@ens-lyon.fr).