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Roland Barthes et la question du style : l'exemple des Classiques

Roland Barthes et la question du style : l'exemple des Classiques

Publié le par Matthieu Vernet

La prochaine séance du séminaire CERPHI (UMR 5037) de l'ÉNS de Lyon, LLF056 "Pensée du style", aura lieu le jeudi 10 février de 10h à 12h en salle F.103

Lise FORMENT (ÉNS Lyon - Paris 3) interviendra sur "Roland Barthes et la question du style : l'exemple des Classiques"

Présentation :

 Dans les années 1960 et 1970, la notion de style a subi les foudres des théoriciens de la modernité. On lui a reproché non seulement son flou conceptuel, mais aussi et surtout ses liens avec l'idéologie bourgeoise, avec les valeurs « de droite » — le style renvoyant pêle-mêle au mythe puriste du « bien écrire », à « l'empire de l'Auteur », à une définition « expressive » de la littérature, etc. La fameuse triade qu'établit Barthes dans Le Degré zéro de l'Écriture peut être considérée comme le premier anathème lancé contre le style. D'une part, Barthes valorise fortement la notion d'écriture au détriment de celle de style (le style est le produit d'une biologie et d'un passé ankylosants pour l'écrivain, tandis que l'écriture est « la morale de la forme », le lieu où il s'engage) ; d'autre part, Barthes prône pour la modernité la production d'une écriture « au degré zéro », « neutre » ou « blanche », autrement dit une écriture sans style. Bernard Vouilloux, dans L'Oeuvre en Souffrance, commente et critique la formule de Barthes ; il choisit celle d'« écriture blanche », dans laquelle il ne voit qu'une utopie fondée sur une définition contestable du style, et paradoxalement datée — celle du style comme lieu valorisé de la singularité.
Sans remettre en cause la pertinence de sa démonstration, je chercherai à montrer que Bernard Vouilloux, en se concentrant sur l'unique moment du Degré zéro, occulte le cheminement de la question du style dans l'ensemble de l'oeuvre de Barthes. Un double détour à travers d'autres textes de Barthes, antérieurs  au Degré zéro (comme « Réflexion sur le style de L'Étranger) ou postérieurs (comme « Le style et son image »), permettent de suspendre le verdict d'ostracisme dont le style semble être frappé en 1953.
En nouant la question du style à un autre fil conducteur dans la réflexion de Barthes — les Classiques et le classicisme — je tenterai de repenser son désir d'une « écriture neutre » ou « sans style ». Mon intention est de dégager ainsi une autre définition barthésienne du style, porteuse d'une certaine positivité et non réductible à ce « lieu valorisé de la singularité » dont parle Bernard Vouilloux.