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Appels à contributions

"Partir" (Revue Tête-à-tête n°6)

Publié le par Florian Pennanech (Source : Anna Guilló)

 

N° 06 (printemps 2014)

PARTIR

Partir. Voilà commune façon d’agir. Même en partant de rien, on ne trouve guère d’itinéraire qui ne dispose au choix, au renoncement, au sacrifice, au départ, au partage, à la rupture, à la fuite, à la mort. Aussi de tout homme, pour oraison, on finira par dire qu’il est parti, préférant à l’idée qu’il puisse être emporté la possibilité que son épique destinée ne s’arrête pas au dernier souffle. Le thème résonne donc d’enjeux vitaux et, par-delà l’emphase romantique dont il est frappé, on comprend qu’il occupe une place importante dans la pensée et les œuvres.

Portés à nous intéresser plus particulièrement au domaine de la création, nous proposons d’inviter ici ceux pour qui partir, que l’action soit volontaire ou forcée, imaginaire ou réelle, ponctuelle ou définitive, devient la condition pour faire œuvre. Nombreux sont les créateurs dont la pratique est rivée à la question du départ, qu’ils en aient fait un sujet nodal, le moteur d’un projet ou encore un mode opératoire par lequel l’œuvre se construit. Le thème est fécond et draine un large éventail d’univers qui nous parlent de voyage, de transit, d’exil, d’errance…

 

Partir, c’est faire la démonstration d’une capacité d’agir. Celui qui part a trouvé la force de trancher pour quitter par le geste ou la pensée, à moins qu’on ne l’ait rejeté, expulsé, ou qu’on ne soit venu l’enlever à ce qui enracinait son identité et sa conscience. N’y a-t-il pas dans l’acte de partir, quelles qu’en soient les raisons et les circonstances, ce mouvement ambivalent qui transforme la fin en commencement, la perte en découverte et l’exil en promesse de retour ? Ce déplacement, assumé ou contrarié, réel ou fictionnel, ne produirait-il pas sa propre énergie, celle des récits de voyage, des blogs, des road movies, des reportages, des romans d’aventures, des paysages arpentés, des webdocumentaires ?

 

Si certaines pratiques réclament une vie nomade, d’autres naissent dans le fracas du départ. Cette vision initiatique du traumatisme, qui trouve un écho chez certains artistes ou penseurs, ne convient certainement pas pour qualifier toutes les démarches qui s’accomplissent par cette déterritorialisation. On peut s’interroger néanmoins sur ce qui relie ces formes d’expression à travers le temps et l’espace pour, peut-être, repérer la part constante de cette propension à rendre compte d’une expérience de l’étranger à l’aune de ce qu’on a quitté. On pourra enfin tenter d’approcher la diversité des moyens par lesquels s’engagent ces entreprises afin d’apprécier notamment si les outils contemporains de prévisualisation du monde et des parcours atténuent la solitude du départ et si le rapport à l’ailleurs en est modifié. L’observation attentive des représentations qui en découlent dit probablement beaucoup de ce qui imprime au monde son mouvement.

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Les projets seront rédigés selon les modalités suivantes :

a) Une proposition d’entretien argumentée, en relation directe avec le thème du numéro, ne dépassant pas 3000 signes ;

b) Une ébauche de questionnaire comportant une dizaine de questions donnant les principales orientations de l’entretien ;

c) Deux courtes bio-bibliographies (vous et la personne avec laquelle vous voulez faire l’entretien).

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Les projets sont à envoyer par mail à l’adresse suivante : contact@revue-tete-a-tete.org
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Date limite de réception du projet : 20 mai 2013

Date limite de réception de l’entretien définitif après acceptation du projet : 21 octobre 2013