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Nouvelle parution
Revue Proteus n°4 - la place de l'esthétique en philosophie de l'art

Revue Proteus n°4 - la place de l'esthétique en philosophie de l'art

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Bruno Trentini)

Référence bibliographique : Revue Proteus n°4 - la place de l'esthétique en philosophie de l'art, , 2012. EAN13 : ISSN2110557X.

Sommaire
La place de l'esthétique en philosophie de l'art

Percept VS concept – une approche cognitive de l'art et de l'esthétique
Edmond Couchot (Université Paris 8, INREV)

Des réflexions sur l’esthétique à la proposition d’une aisthesis réfléchie
Marianne Massin (Université Lille 3, UMR STL)

Corps à corps oeuvre-public : approche esthésique d’une installation
Françoise Lejeune (Université de Lorraine, CREM)

Introduction à l’esthétique darwinienne
Laurent Jullier (Université de Lorraine, IECA ; IRCAV)

L’esthétique, entre métaphysique et ontologie
Jacques Morizot (Université Aix-Marseille, UMR CEPERC)

Esthétique et effectivité de la pensée : à propos du spectateur d’art chez
Rancière
Nicolás Alvarado (Université Paris 8, LLCP)


Étude monographique

L'image déraisonnable dans les films de Michael Haneke
Ralitza Bonéva (Université Bordeaux 3, EA MICA) 58


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Édito
On le sait, les écrits de Platon abordaient séparément les questions relatives au beau et à l'art, séparément aussi celles relatives à l'art et aux sensations. Mis à part quelques textes précurseurs, il a fallu attendre le xviie siècle pour que se théorisent plus précisément les liens unissant l'art aux sensations et que le goût intéresse les philosophes de l'art. Les règles de la bonne oeuvre se voient évacuées au profit d'une appréciation subjective du spectateur. L'art est dès lors affaire d'esthétique.

Quelque trois siècles ont suffi pour que se multiplient les opposants aux approches esthétiques de l'art ; ce présent numéro de la revue Proteus peut à ce sujet être lu comme un commentaire du texte de Timothy Binkley intitulé « “Pièces” contre l'esthétique ». Ce texte défend l'idée que l'apparence sensible de certaines pièces d'art n'est clairement plus gage de leurs appréciations et que l'esthétique n'a donc plus de pertinence pour penser l'art. Cette hypothèse, pour être consolidée, doit encore considérer le sujet percevant en plus du monde sensible lui-même : ce n'est en effet pas le monde sensible qui sent, et l'esthétique est affaire du sujet sentant. Ce sujet sentant est toutefois le même qui trouve souvent qu'il faille connaître un artiste pour aimer ses oeuvres, le même qui dit parfois ne rien « comprendre » à l'art contemporain. Entre sensations et connaissances, entre appréciation et compréhension, c'est la place de l'esthétique en philosophie de l'art qu'il s'agit ici d'interroger. L'appréciation artistique passe-t-elle par l'émotion et l'expérience esthétique ? On le voit avec les articles du dossier : si l'esthétique veut conserver une place, elle n'a pas forcément à se renouveler comme a dû le faire la peinture avec l'arrivée de la photographie. L'esthétique doit au contraire raviver son ancrage au social, au biologique et au psychologique, doit rappeler son importance au sein d'un sujet vivant et social avant qu'il soit un sujet spectateur.

Les enjeux de ces questions sont importants et vont au-delà de l'intérêt épistémologique pour le chercheur : il s'y trouve un réel intérêt pratique concernant la médiation de l'art. Doit-on communiquer uniquement sur l'artiste, sa démarche, son ancrage dans l'histoire aussi bien de l'art, que des idées, ou doit-on également – voire uniquement ? – communiquer sur l'attention du spectateur sur soi-même en tant que sujet percevant et sentant ?

Il nous semble que ces questions sont cruciales pour qui pense l'art et pour qui pense que l'art a un rôle dans la société. L'important n'est peut-être pas tant de s'accorder que de prendre position afin d'être en mesure d'étudier l'art à travers le crible qui nous semble le plus pertinent. En adoptant des angles variés et complémentaires, des points de vue nuancés ou forts, les textes de ce numéro permettent d'éclairer la place de l'esthétique en philosophie de l'art.

Bruno Trentini, coordinateur du numéro

 

Octobre 2012

Proteus 2012 © tous droits réservés
ISSN 2110-557X