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Appels à contributions
Revue Insignis, n°2, Caïn

Revue Insignis, n°2, Caïn

Publié le par Laurent Zimmermann (Source : Christine Marcandier)

Insignis

Revue d'études littéraires et transdisciplinaires sur le XIXe siècle

Appel à contribution - Numéro 2

 

 

Caïn

 

Caïn, fils aîné d'Adam et Eve, est considéré dans la tradition judéo-chrétienne comme le premier meurtrier de l'Histoire. Au XIXe siècle, il incarne la tragique beauté du crime. Pour Baudelaire, il est le fondateur d'une « race », la figure tutélaire d'une humanité révoltée contre sa longue misère[1]. Le poème Abel et Caïn se trouve d'ailleurs dans la section Révolte des Fleurs du Mal.

Caïn hante l'imaginaire du 19ème siècle. Pensons à La Légende des siècles de Hugo (La Conscience), à Byron (Caïn) ou encore à Balzac. La lettre que Lucien adresse à Herrera avant son suicide définit l'essence toute négative, insurrectionnelle ou malheureuse, de l'action et de la conscience humaines :

 

« il y a la postérité de Caïn et celle d'Abel, comme vous disiez quelquefois. Caïn, c'est le grand drame de l'Humanité, c'est l'opposition[2] ».

 

L'objet de ce second numéro d'Insignis ne sera pas de dresser une liste des représentations littéraires, picturales ou musicales du personnage, mais de mettre en relief la manière dont Caïn figure, incarne les enjeux de retournement, d'opposition et de renouvellement du siècle, qu'ils soient moraux, ontologiques comme esthétiques ou politiques.

 

Caïn, réhabilité, est un Ange déchu, un révolté, « l'un des avatars possibles de la figure tant prisée du génie[3] ». Byron, en 1821, innocente Caïn, ouvrant la voie au Révolté (Nerval, Baudelaire, Leconte de Lisle), à un personnage devenu le révélateur d'une pensée sociologique et historique (Dickens, Balzac) ou politique (Hugo, Wilde). Le personnage est présent de Shakespeare (Hamlet) à Sade, du théâtre au roman populaire (Soulié, Les Aventures de Saturnin Fichet, 1847 ; Ponson du Terrail). Quels que soient ses avatars, ses représentations, il incarne un refus des limites, une forme de connaissance supérieure.

 

Les études que la Revue Insignis veut susciter permettront d'aborder les notions suivantes : révolte, ambiguïté, connaissance, folie, meurtre. Il s'agira, à partir des occurrences du personnage, dans une oeuvre précise ou un corpus plus transversal, d'ouvrir aux interrogations d'un siècle en perpétuel questionnement des frontières ; de voir également de quelle manière le personnage – étymologiquement : « forgeron » - fonde une « langue », à l'image de celle des Contes drolatiques de Balzac où le verbe « caïner semble une sorte d'hapax[4] ». L'investigation pourra aussi porter sur des réécritures et des interprétations de récits bibliques ou coraniques (Ballanche, Lamartine, La Chute d'un ange). Elle pourra enfin envisager en quoi Caïn est devenu, au XIXe siècle, figure du Créateur, du Poète, humain trop humain.

 

 

 

www.revue-insignis.com

 

 

Merci d'adresser vos propositions ou contributions par mail en fichier Word attaché à Christine Marcandier (cmarcandier@neuf.fr, 29 rue Chevreul, 94240, L'Haÿ-les-Roses) ou Vincent Vivès vincent-vives@wanadoo.fr, 109 rue Quincampoix, 75003 Paris). Avant le 15 juin 2010. Les articles devront être envoyés avant le 15 décembre 2010, pour une mise en ligne durant le premier semestre 2011. 

 

 

INSIGNIS    

Revue d'études littéraires et transdisciplinaires sur le XIXe siècle

 

Directeurs de publication : Christine Marcandier, Vincent Vivès

Maîtres de conférences à l'Université Aix-Marseille I

 

 

Insignis est une revue d'études qui souhaite interroger la littérature française du XIXe siècle tant dans ses propres composantes qu'à travers son inscription au sein de la Weltlitteratur qui lui est contemporaine, au regard des siècles précédents, dans le concert des différents arts, de l'Histoire et de la philosophie.

Ses buts sont multiples : favoriser la pluridisciplinarité afin de mieux circonscrire l'objet littéraire, promouvoir de multiples méthodes d'investigation, ouvrir un espace d'échange où se rencontrent scientifiques et jeunes chercheurs littéraires, esthéticiens des arts plastiques et de la musique, philosophes et psychanalystes, enfin tous ceux pour qui le XIXe siècle est source de réflexion et d'inspiration.

Enjeux intellectuels

En tête de toute oeuvre collective, il convient d'établir le lexique spécial grâce auquel, en précisant la valeur de chaque terme, le projet apparaît. Celui qu'il faut expliciter ici a pour nom : Insignis, qui porte une marque distinctive, remarquable, distingué, singulier, en bonne et mauvaise part.

Tout comme le sacer, relatif aux animaux glorieux et intouchables parce que sacrifiés aux dieux ou aux criminels immolés pour un immonde outrage, Insignis porte la trace d'une dualité. Il compose en lui seul une réalité qui n'est pas sans rappeler celle décrite par Friedrich Schlegel et Baudelaire : être dans les contraires comme seule possibilité à l'être. Cette dualité – qui porta au XIXe siècle le nom d'ironie – est la signature de la revue. Insignis promeut donc une critique littéraire et esthétique conçue comme un engagement, sage ou non, selon les voeux de ceux qui s'y consacrent, mais toujours sérieuse, consciente des enjeux scientifiques, cependant jamais rassasiée, comme le laisse entendre le titre du dossier principal : Sed non satiata. Car la critique n'est pas la légitimation d'un ordre ou d'une réalité, ni même le recensement des objets, mais leur compréhension, leur restitution nécessairement médiatisée, qui imposent qu'une conscience les prenne en charge, les distingue, les fasse connaître sous les divers angles qu'elle se choisit, et qui ne sont jamais neutres : structuralisme, sémiologie, histoire littéraire, sociocritique… autant de formes de questionnement pour autant de réponses diverses. On postule ici que l'un ou l'autre de ces divers modes d'appréhension de la littérature ne doit pas prévaloir principiellement sur un autre, ni que celui-ci ou celui-là seul détiendrait la vérité, ― ce qu'il fait généralement dès qu'il est, institutionnellement, mais temporairement, dominant.

Insignis est composée de plusieurs sections :

1- Prima Verba - Préface où seront formulées la problématique générale du numéro, l'articulation entre les articles, l'analyse des outils méthodologiques employés.

2- Sed non satiata - Partie la plus conséquente autour de laquelle sera construit le numéro, elle prend son origine dans une question, une notion paradoxale et plurielle.

3- Ex libris - Cette section se veut un complément aux réflexions développées dans les articles, et offrira une synthèse du sujet à travers une bibliographie nourrie par les auteurs participant au numéro.

4- Insignis - Ici seront regroupés des travaux divers qui, pour de multiples raisons, ne peuvent entrer dans le dossier : traductions d'articles, reprise d'études anciennes d'un grand intérêt pour la recherche… Y trouveront leur place des éditions critiques de textes littéraires qui ne font plus l'objet d'une édition papier aisément disponible.

Insignis est une revue électronique semestrielle, d'accès gratuit. Elle est informatiquement administrée et scientifiquement dirigée par Christine Marcandier et Vincent Vivès.

 

Numéro 1 : Trans(e), avril 2010.

 

 

Numéro spécial : Hommages à Joëlle Gleize, septembre-octobre 2010.

 

 

Numéro 2 : Caïn, janvier-février 2011.

 


[1] Baudelaire, Les Fleurs du mal. Abel et Caïn et Les Litanies de Satan. - Paris, Gallimard, "Pléiade", 1975, t. I., p. 122-123 et 123-125.

[2] Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes. - Paris, Gallimard, "Pléiade", 1977, t. VI, p. 819. Dans le discours de séduction de l'abbé Carlos Herrera à Lucien de Rubempré (Illusions perdues), Balzac divise déjà l'humanité en deux races : « les uns descendent d'Abel, les autres de Caïn […], je suis un sang mêlé : Caïn pour mes ennemis, Abel pour les amis, et malheur à qui réveille Caïn », Illusions perdues. - Paris, Gallimard, "Pléiade", 1977, t. V, p. 704.

[3] Véronique Léonard-Roques, Caïn et Abel, Rivalité et responsabilité, éditions du Rocher, 2007, p. 14. Voir aussi Cécile Hussherr, L'Ange et la Bête, Caïn et Abel dans la littérature, Cerf, 2005.

[4] Alex Lascar, "Caïn dans l'oeuvre balzacienne", L'Année balzacienne 2001/1, n° 2, p. 186.