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Doletiana, n° 5-6 :

Doletiana, n° 5-6 : "Traduction et Interartialité"

Publié le par Marc Escola (Source : Núria d'Asprer)

Doletiana 5-6

Traduction et interartialité

Le numéro double 5-6 de la revue Doletiana sera consacré à un questionnement portant sur les multiples interactions développées au fil du temps entre les arts, aussi bien traditionnels (architecture, musique, littérature, danse, peinture, sculpture), que plus récents (photographie, cinéma, télévision). Le processus de traduction, compris dans une acception large, en termes de passage d’un art à un autre, mais aussi comme médiation et reprise, sera au centre de ce questionnement.

L’idée directrice de ce rapprochement conceptuel entre l’acte de traduire et l‘acte de transfert artial trouve son point de départ dans un mot-clé commun aux deux, plus spécifiquement la relation. Tout d’abord, on se souvient que, selon Ricœur (1997), la traduction suppose une relation entre deux partenaires : l’étranger (terme générique couvrant l’œuvre, l’auteur et sa langue), et le lecteur destinataire, par le biais du traducteur, c’est-à-dire celui qui transmet et qui «fait passer le message». Par analogie, on considère que tout transfert entre une œuvre d’art et une autre, relevant d’un même art ou bien d’un art différent, passe par la traduction. On retrouve la relation au centre de la définition de l’interartialité, terme générique désignant les relations entre les arts (Moser, 2007). Cette coïncidence terminologique nous incite à rapprocher les deux concepts afin de les faire travailler ensemble à partir d’analyses de productions artistiques variées : des tableaux mis en musique, des romans adaptés au cinéma, des sculptures transposées en littérature, des danses exprimées en peinture, des architectures devenues photographies, ainsi que des objets simultanés, tels que les robes-poèmes ou les poèmes-peints, parmi d’autres déclinaisons interartielles. De manière explicite ou implicite, directe ou (re)médiatisée, pouvant aller jusqu’à un vertige baroque d‘entrelacements entre plusieurs arts, ces traductions se manifestent depuis toujours et dans toutes les cultures.

En réfléchissant sur ces phénomènes et pratiques translatifs au sein des arts, une série de questions s’imposent. Est-ce qu’une œuvre d’art - tableau, roman, opéra, etc. -, par sa nature, est traduisible dans une œuvre relevant d’un autre art ? Y a-t-il des résistances manifestées par un art devant sa traduction dans un autre art, par rapport à son devenir quelque chose d’autre, quelque chose de différant ? Comment un produit artistique est-il mis à l’épreuve dans le processus de transfert dans un autre art? Qu’est qu’on sauvegarde, qu’est-ce qu’on perd et qu’est-ce qu’on gagne dans le processus de translatio interartial ? Quelles «mutations de matière» (Eco, 2003) un art subit-il dans son passage à un autre art ? Quelles relations s’établissent entre des œuvres issues d’arts différents au moment où elles sont convoquées dans un même espace, de dialogue ou de confrontation ? Et, dans ce contexte, quels seraient le rôle et la «tâche» de l’auteur-traducteur ?

En paraphrasant encore Ricœur, et en extrapolant au domaine artistique, on pourrait se demander s’il y a des arts plus hospitaliers que d’autres, qui manifestent généreusement ce «plaisir de recevoir chez soi» (1997), tel l'accueil d'une altérité, ou une “hospitalité du lointain”, si nous empruntons la formulation d’Antoine Berman (1985). Enfin, pourrait-on mettre en relation cette «hospitalité» avec le concept de l’œuvre d’art totale, qui hante plusieurs manifestations artiales, depuis le théâtre antique, en passant par l’opéra, jusqu’au cinéma et au-delà ?

Voici quelques questions auxquelles les contributions à ce numéro de la revue Doletiana sont invitées à répondre. Traduction intersémiotique, interartialité, intermédialité, adaptation, transmutation, iconicité, ekphrasis, impureté, hybridité, tels sont quelques uns des concepts à explorer, à partir d’une réflexion d’ordre traductologique, dans des productions artistiques issues de toutes les cultures et sans limites spatio-temporelles. La diversité et l’originalité des approches sont fortement encouragées.

Informations pratiques :

Les articles (rédigés dans l’une des langues de Doletiana –français, anglais, catalan ou castillan– et présentés en format word) doivent être envoyés aux coordinateurs du numéro par courriel, en pièce jointe et sous présentation anonyme. Dans un autre fichier attaché, on indiquera: nom et prénom, qualité scientifique, affiliation de l’auteur(e), titre de l’article.

L’article sera accompagné d’un résumé ne dépassant pas 200 mots, rédigé en anglais et dans la langue de l’article et suivi de 4-5 mots–clés dans les deux langues, ou seulement en anglais si c’est la langue de l’article.

Calendrier:

-Date limite de réception des articles proposés: 30 juin 2015.

-Communication de l’acceptation des articles et, éventuellement, envoi des rapports d’évaluation-révision: novembre 2015.

-Date limite de réception des articles corrigés: 31 janvier 2016.

-Date approximative de parution en ligne du numéro: fin mars 2016.

 

Coordination du numéro :

- Núria d’Asprer (Universitat Autònoma de Barcelona):

deasprer@gmail.com

- Marina Vargau (Université de Montréal):

marinavargau@yahoo.ca