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Ad hoc n°4 : La Figure

Ad hoc n°4 : La Figure

Publié le par Marc Escola (Source : Association Adhoc)

Double appel à communication – La Figure

(Revue Adhoc n°4 – Journée d’étude, 3 juin 2015)

Personnage-figure, antipersonnage, transfiguration ou dépersonnalisation du personnage ?

« Les figures (…) se défilent au moment même où l’on croit les atteindre, et elles font de la double distance, du presque-saisi et du toujours-déjà-évanoui leur modalité fondamentale d’appréhension », B. Gervais, Les Logiques de l’imaginaire, Tome I, Montréal, Le Quartanier, 2007, p. 107-108.

La figure est une notion critique très exploitée dans des études larges qui cherchent à déterminer des constantes dans la culture. Elle paraît apte à désigner indifféremment tout un ensemble de réalités. Le terme est polysémique dès ses origines, comme le montre Eric Auerbach dans Figura : « Forme plastique » et « forme perceptible » dans l’Antiquité païenne, elle en vient à désigner le portrait, le visage, pour aboutir enfin à l’acception de « cas exemplaire ». La figure est donc à la fois ancrée dans une matérialité concrète, dans une forme de corporalité (figure synonyme de visage, d’apparence extérieure), et pleinement abstraite. Cette multiplicité d’acceptions n’a pas faibli, loin s’en faut. S’il est possible d’évoquer, comme en témoignent de nombreux ouvrages et colloques, la « figure du féminin », la « figure du tueur en série », la « figure d’auteur », la « figure de Salomé » mais aussi les « figures de la colère », ou encore le seul terme de « figure », sans complément de nom, c’est bien la preuve de l’extrême polyvalence de la notion. Comme ces exemples le montrent, la figure renvoie à la fois à des mythes, à des archétypes, à des états ou des fonctions, voire à ce qui serait une évolution/transformation du « personnage » : y a-t-il une parfaite correspondance entre ces différents termes ?

Peu définie, la figure est trop souvent utilisée comme une convention de langage. Elle semble alors impliquer un décalage implicite par rapport au personnage, qu’il s’agisse d’un supplément ou d’un évidement. Mais la critique ne s’y attarde pas, comme si la notion était presque de l’ordre de l’indicible. La théorisation même de la notion de figure se fonde sur des notions de mystère, d’aura, de dessaisissement et va parfois jusqu’à remettre en question sa légitimité : Xavier Garnier précise ainsi que la figure ne laisse pas d’assise à la théorie (L'Éclat de la figure : étude sur l'antipersonnage de roman, Bruxelles, P.I.E. - Peter Lang, 2001). Pour cette raison, on privilégiera l’étude de cas plutôt qu’une théorisation plus générale afin de saisir ce qu’est la figure.

 

Estimant que le passage de la notion de personnage à celle de figure est susceptible d’aider à cerner la spécificité du concept, le quatrième numéro de la revue Ad Hoc propose d’explorer la construction ou la révélation de la figure, dans une approche qui se veut transdisciplinaire (littérature, histoire, philosophie, études cinématographiques et théâtrales, arts visuels, arts plastiques…) et diachronique : quelle est la différence entre le personnage et la figure ? Qu’est-ce que la figure a de plus (ou de moins) que le personnage ? Comment passe-t-on de l’un à l’autre ? Qu’est-ce qui la différencie du héros, du type, du modèle ? Comment se construit, se déconstruit, ou se révèle une figure ? 

Les propositions d’articles peuvent s’inscrire dans une ou plusieurs de ces directions (liste non exhaustive) :

-          Figure et personnage : la figure comme évidement du personnage, de son contenu pour devenir forme, contours, voire surface de projection (comment passe-t-on du personnage romanesque ou théâtral à la figure ? Une figure peut-elle être vidée de son contenu pour n’être qu’un masque ?) ; la figure comme « somme »  des représentations (la figure mythologique issue d’une multiplication des représentations littéraires et picturales ; le passage d’un personnage pictural à une figure, ses traits caractéristiques et ses modes de défiguration, ses modes de représentation ; la  transfiguration et la défiguration d’un personnage historique) ; la figure conceptuelle (on pourra interroger l’élaboration de personnages conceptuels pour représenter et expliciter un trait de la psyché humaine ou un concept théorique).

 

-          Construction de la figure : comment la représentation concrète (description, portrait, représentation picturale, photographique…) participe de la construction de la figure ? Dans quelles mesures le discours, pris au sens large (récit littéraire, historique, mythique, médiatique ou critique) est-il mis au service de l’élaboration d’une figure? Comment le chercheur se saisit d’un personnage pour en faire une figure ?

 

-          Figure et réception : la figure et l’imaginaire collectif (quelle est la place de l’imaginaire collectif dans le passage du personnage à la figure et dans son maintien ? Comment la figure s’inscrit-elle dans cet imaginaire ? Perturbe-t-elle les habitudes du récepteur ou suscite-t-elle un plaisir de reconnaissance ?) ; exploitation, manipulation et utilisation de la figure.

 

Les propositions pour la Journée d’étude (3 juin 2015), d’une quinzaine de lignes, doivent être envoyées au plus tard le 15 décembre 2014, accompagnées d’une notice biobibliographique et du laboratoire d’affiliation, à l’adresse asso.adhoc@gmail.com. Nous souhaitons que les communications rédigées nous soient envoyées pour le 15 avril 2015, afin de publier les actes de cette journée dans la revue. Une publication augmentée est envisagée.

 

Les propositions d’articles (max. 1 page) doivent être envoyées au plus tard le 20 janvier 2015, accompagnées d’une notice biobibliographique et du laboratoire d’affiliation, à l’adresse asso.adhoc@gmail.com. Nous attendons la version définitive de l’article (30 000 signes espaces non compris) pour le 1er avril au plus tard.