Questions de société
«Résister à la sélection par la désobéissance éthique:

«Résister à la sélection par la désobéissance éthique: "Demain dépend de nous"», P. Maillard, blog Polared, 21/01/18

Publié le par Bérenger Boulay

Résister à la sélection par la désobéissance éthique: "Demain dépend de nous"

Pascal Maillard - blog Polared, 21 janvier 2018

Nous avons besoin d’une université libre, ouverte et démocratique. Et non de la sélection qui conduira à l’exclusion de milliers de bacheliers de l’enseignement supérieur. Nous avons besoin d’une société de la solidarité et de l’entraide. Et non d’un système de la compétition généralisée qui ne fait que « sélectionner les plus conformes », ainsi que nous le disait Albert Jacquard en 1994.

Des extraits de cet article ont fait l’objet d’une communication au meeting organisé par l’ASES à la Bourse du travail de Paris, le 20 janvier 2018. Ce rassemblement unitaire intitulé « La sélection n’est pas la solution » a réuni 300 personnes et s’est achevé par l’adoption d’un appel important qu’on peut lire sur plusieurs sites (voir ICI ou ).

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       « Demain dépend de nous » 

         Résister à la sélection par la désobéissance éthique

  

Je dédie cet article à Cédric Herrou et à tous les désobéissants qui apportent aide et soutien aux migrants. Même si les situations sont  incomparables, même si les frontières ou les murs ne sont pas les mêmes, il y a une signification politique au fait que ce soit le même pouvoir qui conduit une politique d’exclusion des migrants et qui entend imposer l’exclusion de milliers de jeunes de l’enseignement supérieur.

  

Avec la plateforme Parcoursup et le projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite étudiante (loi ORE), le gouvernement Philippe, conformément au programme du candidat Macron, prépare l’université de demain : une entreprise concurrentielle qui sélectionnera et classera ses clients. Exit le service public ouvert à des usagers. Pour être rentable il faut sélectionner et donc exclure. Et en finir avec l’idéal républicain de l’ascenseur social et de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Ce que je nommais dans un précédent billet "la catastrophe qui vient" ouvre dans l'éducation l'ère du prédictible, du profilage et de la science infuse à travers l'obligation qui est faite aux enseignants de déterminer l'avenir professionnel de chaque adolescent. 

Mais ce gouvernement néolibéral entend aller encore plus loin : à travers la réforme du bac qu’il envisage, les lycées de demain délivreront un diplôme maison et entreront en concurrence entre eux. De ce « demain » nous sommes nombreux à ne pas vouloir. Car la réforme conduite au pas de charge par Frédérique Vidal contient un projet de société qui n’est pas le nôtre, qui ne peut pas être celui de tous les humanistes et progressistes : au lieu que l’éducation, l’enseignement et la culture ont pour fonction d’élever l’humain, les projets Blanquer-Vidal- Macron élèveront les individus les uns contre les autres, les établissements les uns contre les autres, les territoires les uns contre les autres. La guerre des meilleurs nous promet « Le meilleur des mondes ». Il arrive trop souvent que « les premiers de cordée » - dont notre président fait l’éloge – coupent la corde une fois arrivés au sommet, y vivent sereinement dans leur petit monde et ignorent celui d’en-bas. De ce monde de la distinction et de l’élection, nous ne voulons pas. Il créera un enseignement supérieur à deux vitesses : grande université de recherche intensive aux diplômes d’excellence très sélectifs et fort chers, petit pôle de formation de premier cycle, accessible aux lycéens les moins fortunés ou dont les dossiers sont moins solides.

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