Collectif
Nouvelle parution
B. Petey-Girard, P. Sévérac (dir.), Représentations de la souffrance

B. Petey-Girard, P. Sévérac (dir.), Représentations de la souffrance

Publié le par Vincent Ferré (Source : LIS, EA 4395, Université Paris Est Créteil)

Représentations de la souffrance,

sous la dir. de Petey-Girard (Bruno), Sévérac (Pascal)

Nombre de pages: 410
ISBN: 978-2-406-07437-3 —ISSN: 2103-5636 — DOI: 10.15122
Éditeur: Classiques Garnier
Collection / Revue: Rencontres, n° 365
Date de parution: 19/12/2018

 

Les articles de ce volume cherchent à comprendre la souffrance à partir de ses propres représentations et soulignent la nécessaire articulation des discours littéraires, philosophiques, psychanalytiques et médicaux pour cerner ce fait social et moral total qu’est l’expérience, vécue et vivante, de la souffrance.

Contributeurs: Abettan (Camille), Abi-Aad (Randa), Agnese (Roberta), Alfandary (Isabelle), Arama (Fanny), Barroux (Gilles), Bodet (Clément), Bustan (Smadar), Chiron (Pierre), Courtil (Jean-Christophe), Dingremont (François), Diop (Papa Samba), Farhat (Amina), Ferré (Vincent), Furlanetto (Rémi), Gianico (Marilina), Hich-Chou (Mohamed), Jouanny (Sylvie), Knee (Philip), Labia (Julien), Litwin (Christophe), Martin-Ulrich (Claudie), Nélaton (Christelle), Nervaux-Gavoty (Laure de), Petey-Girard (Bruno), Rustighi (Lorenzo), Sévérac (Pascal), Sgambato-Ledoux (Isabelle)

 

Sommaire    

Avant-propos  Petey-Girard (Bruno), Sévérac (Pascal)

Lire l'avant propos en PDF 

PREMIÈRE PARTIE : DE L’ANTIQUITÉ AU XIXe SIÈCLE
 
L’instrumentalisation de la souffrance dans la rhétorique attique
Chiron (Pierre)

 Exprimer ou maîtriser la souffrance ? Retour sur un dilemme antique
Dingremont (François)

Souffrance et désir de souffrance dans la dialectique d’amour chez Thérèse d’Avila. Lecture anthropologique du Livre des Demeures

Abi-Aad (Randa)

 La lamentatio un discours sans art ? Une enquête d’Érasme à Gérard Vossius
Martin-Ulrich (Claudie)

« L’ame, qui tousjours s’esgratigne et s’ensanglante elle-mesme. »Cruauté et repentir, de Pascal à Montaigne

Litwin (Christophe)

« Le but des peines n’est pas de tourmenter et d’affliger un être sensible. »La représentation de la souffrance dans Des délits et des peines de Cesare Beccaria et la culture de la sensibilité

Gianico (Marilina)

Souffrance et méconnaissance chez Joseph de Maistre

Knee (Philip)

Le discours sur la douleur chez quelques auteurs catholiques héritiers de la pensée contre-révolutionnaire dans la seconde moitié du xixe siècle

Arama (Fanny)

La Joie de vivre de Zola ou la souffrance faite roman

Farhat (Amina)

DEUXIÈME PARTIE :PHILOSOPHIE ET MÉDECINE

Le fonctionnement de la douleur selon Sénèque. Entre physiologie médicale et éthique stoïcienne
Courtil (Jean-Christophe)

Sade et la souffrance, une lecture foucauldienne

Rustighi (Lorenzo)

Douleur, sensibilité, symptôme.La place de la souffrance dans la médecine des Lumières

Barroux (Gilles)

   La souffrance, en premier lieu puis en première personne
Nélaton (Christelle), Labia (Julien)

Souffrance animique et constitution individuelle.Avec Spinoza et Freud

Sgambato-Ledoux (Isabelle)

 Se représenter l’incompréhensible.L’interprétation phénoménologique de la souffrance psychotique

Abettan (Camille)

 Les recoins de la douleur et la souffrance.La représentation de la douleur chronique et de sa souffrance est remise en question par ce que l’on éprouve

Bustan (Smadar)

     TROISIÈME PARTIE : DU XIXe SIÈCLE À LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE
« La Douleur – comporte un Élément de Vide – » L’expérience de la souffrance chez Emily Dickinson
Nervaux-Gavoty (Laure de)

 Souffrir : Bartelby d’Herman Melville
Alfandary (Isabelle)

 « Les idées sont des succédanés des chagrins » Souffrance et théorie chez Proust
Ferré (Vincent)

La représentation de la souffrance dans les récits de guerre.Approche croisée des Croix de bois de R. Dorgelès et du Feu d’H. Barbusse

Hich-Chou (Mohamed)

   Expression de la souffrance en temps de guerre dans la poésie de Léopold Sédar Senghor Diop (Papa Samba)

 L’expérience de la souffrance chez Paul Valéry

Furlanetto (Rémi)

    Une poétique de la souffrance chez Henry Bauchau. De L’Enfant rieur à La Déchirure
Jouanny (Sylvie)

Seuils de visibilité.La photographie et la représentation de la souffrance

Agnese (Roberta)

Regards sur la souffrance dans la photographie

Bodet (Clément)

  (...)

Résumés

Pierre Chiron, « L’instrumentalisation de la souffrance dans la rhétorique attique »

S’appuyant sur les analyses de l’émotion de pitié proposées par Aristote, cet article teste leur pertinence pratique sur quelques discours judiciaires rédigés par Lysias. Dans ces textes la souffrance est représentée ou au contraire occultée avec une parfaite maîtrise de tous les paramètres qui permettent de contrôler son impact sur les jugements collectifs.

François Dingremont, « Exprimer ou maîtriser la souffrance ? Retour sur un dilemme antique »

Des épopées homériques, où est valorisée l’expression pathétique de la souffrance, au christianisme nous observerons les différentes étapes qui conduisent à une maîtrise virile du pathos puis en contrepoint à l’idée chrétienne d’une souffrance non seulement éducatrice, mais aussi salvatrice.

Randa Abi-Aad, « Souffrance et désir de souffrance dans la dialectique d’amour chez Thérèse d’Avila. Lecture anthropologique du Livre des Demeures »

Chez Thérèse d’Avila, la dynamique de la voie unitive a pour moteur la souffrance. Ce papier en propose une approche analytique : sa centralité anthropologique, sa nécessité et son rapport au désir, la complexité et la richesse du lexique, le paradoxe de la souffrance.

Claudie Martin-Ulrich, « La lamentatio un discours sans art ? Une enquête d’Érasme à Gerard Vossius »

Cet article étudie l’écriture de la souffrance à la lumière des traités de rhétorique d’ancien régime. Il se focalise sur la lamentation, tout à la fois thème et genre de discours et montre pour quelles raisons selon l’humaniste hollandais Gerard Vossius (1577-1649), se lamenter nécessite peu d’art.

Christophe Litwin, « “L’ame, qui tousjours s’esgratigne et s’ensanglante elle-mesme.” Cruauté et repentir, de Pascal à Montaigne »

Montaigne et Pascal proposent chacun une critique radicale de ce que Foucault nomme une économie du pouvoir de l’âge classique. Mais le premier critique la cruauté des pratiques judiciaires et pénales, quand le second se montre silencieux sur ce point. La présente étude éclaire cette différence.

Marilina Gianico, « “Le but des peines n’est pas de tourmenter et d’affliger un être sensible.” La représentation de la souffrance dans Des délits et des peines de Cesare Beccaria et la culture de la sensibilité »

Cette contribution relie le plaidoyer de Beccaria contre la torture et la peine de mort aux représentations « sensibles » de la souffrance. Sont ainsi mises en lumière la profonde cohérence de l’œuvre de Beccaria et son lien au courant sentimental qui parcourut tout le xviiie siècle européen.

Philip Knee, « Souffrance et méconnaissance chez Joseph de Maistre »

La véhémence de Maistre est emblématique de la place accordée à la souffrance par les écrivains traditionalistes après la Révolution française. Au nom de la soumission à la providence, il traite du châtiment, de la guerre, du sacrifice et de la prière en s’efforçant de neutraliser le rationalisme que son lecteur hérite des Lumières.

Fanny Arama, « Le discours sur la douleur chez quelques auteurs catholiques héritiers de la pensée contre-révolutionnaire dans la seconde moitié du xixe siècle »

Au xixe siècle, la représentation littéraire de la souffrance et son apologie visent à créer des objets de crainte – ou de vénération – de manière à réintroduire du sacré là où le monde moderne évacue toute figure autoritaire à l’aura surnaturelle et discrédite officiellement les manifestations du divin.

Amina Farhat, « La Joie de vivre de Zola ou la souffrance faite roman »

Dans ce roman de Zola, la souffrance tient une place primordiale et ce, malgré l’annonce euphorique du titre. Physique, morale, psychologique ou économique, la souffrance se multiplie et se diversifie pour accabler et hanter les différents personnages jetant ainsi son ombre sur leur vécu et sur leurs émotions.

Jean-Christophe Courtil, « Le fonctionnement de la douleur selon Sénèque. Entre physiologie médicale et éthique stoïcienne »

L’œuvre de Sénèque contient plusieurs développements médicaux expliquant les mécanismes physiologiques de la douleur. Ces passages s’attachent à mettre en place une « sagesse du corps » qui permette, par une meilleure connaissance de la douleur, de la vaincre.

Lorenzo Rustighi, « Sade et la souffrance, une lecture foucaldienne »

L’essai développe le thème « Représentations de la souffrance » à travers la lecture de Sade élaborée dans Les Mots et les choses par Foucault. Il s’agit de montrer que chez Sade la souffrance garantit le fonctionnement du dispositif représentatif qui selon Foucault est propre de l’âge classique.

Gilles Barroux, « Douleur, sensibilité, symptôme. La place de la souffrance dans la médecine des Lumières »

La souffrance, au-delà de la douleur, évoque le vécu de la maladie par les malades eux-mêmes. Si la notion de souffrance, au xviiie siècle, n’accuse pas de réelle pertinence médicale, il n’en reste pas moins qu’elle investit, de manière au moins implicite, les discours sur la maladie physique comme mentale.

Christelle Nélaton et Julien Labia, « La souffrance, en premier lieu puis en première personne »

À partir d’une lecture de Schopenhauer et de l’éthique narrative du philosophe américain Richard Zaner, la philosophie peut penser à nouveaux frais la relation entre la littérature, la médecine et son propre travail conceptuel sur la souffrance individuelle.

Isabelle Sgambato-Ledoux, « Souffrance animique et constitution individuelle. Avec Spinoza et Freud »

Spinoza et Freud font la genèse de la souffrance animique à partir de la constitution de l’individu : si elle provient d’abord du déséquilibre existant entre sa puissance et celle des causes externes, elle a aussi des causes internes ou endogènes, propres à la conflictualité affective ou psychique.

Camille Abettan, « Se représenter l’incompréhensible. L’interprétation phénoménologique de la souffrance psychotique »

Cet article étudie comment la phénoménologie psychiatrique rend compte de la souffrance psychotique. Les conditions de possibilité d’une telle approche, ses différentes versions ainsi que le statut qu’il faut lui accorder sont examinés.

Smadar Bustan, « Les recoins de la douleur et la souffrance. La représentation de la douleur chronique et de sa souffrance est remise en question par ce que l’on éprouve »

Cette analyse philosophique, scientifique et clinique des phénomènes de la douleur chronique et de la souffrance expose une forme méconnue de passivité existentielle qui met en question un a priori classique sur la représentation certaine de ces phénomènes (Husserl, Tye). La solution à apporter à cette douleur et cette souffrance quotidiennes pourrait se trouver dans la renonciation à la maîtrise par l’introspection et la représentation de soi.

Laure de Nervaux-Gavoty, « “La Douleur – comporte un Élément de Vide –”. L’expérience de la souffrance chez Emily Dickinson »

Les poèmes d’Emily Dickinson mettent en scène, non pas un sujet en proie à une douleur particulière, mais une voix qui tente de définir ce qu’est la souffrance dans sa forme la plus extrême. Cette dernière apparaît moins comme ce qu’on ne peut dire que comme ce dont on ne peut faire l’expérience.

Isabelle Alfandary, « Souffrir : Bartelby d’Herman Melville »

Cet article aborde Bartleby. Une histoire de Wall Street sous l’angle de la souffrance. Contre toute attente, la peine du personnage éponyme qui se dégage du récit n’est ni un objet d’investigation, ni un thème. De la cause et de l’histoire de la souffrance de Bartleby, le narrateur pas plus que le lecteur ne sauront rien.

Vincent Ferré, « “Les idées sont des succédanés des chagrins”. Souffrance et théorie chez Proust »

Cet article analyse le rapport entre souffrance et pensée dans À la recherche du temps perdu et l’association entre les émotions et le travail de l’intelligence chez trois de personnages principaux (Swann, Charlus et le héros-narrateur), puis dans l’économie très particulière du roman proustien associant fiction et essai.

Mohamed Hich-Chou, « La représentation de la souffrance dans les récits de guerre. Approche croisée des Croix de bois de R. Dorgelès et du Feu d’H. Barbusse »

Perçue comme inéluctable par la permanence de ses manifestations, la guerre semble ainsi fasciner aussi bien ses acteurs que ses observateurs. Pourtant, la représentation de la souffrance guerrière a toujours constitué un défi pour la littérature. Écrire la souffrance de la guerre serait donc une nouvelle souffrance.

Papa Samba Diop, « Expression de la souffrance en temps de guerre dans la poésie de Léopold Sédar Senghor »

Léopold Sédar Senghor a été emprisonné comme soldat de 1940 à 1942. Il relate dans le poème « Ndessé » les souffrances engendrées par cette incarcération, mais qui n’ont pas altéré sa foi profonde en la noblesse de ses origines.

Rémi Furlanetto, « L’expérience de la souffrance chez Paul Valéry »

Dans une lettre de 1922, Valéry accorde à la souffrance une valeur que son œuvre semble d’autre part lui refuser. Cette étude vise à préciser ce paradoxe, en explorant les différentes facettes de ce que l’écrivain conçoit comme un conflit intérieur opposant celui qui souffre à sa propre sensibilité.

Sylvie Jouanny, « Une poétique de la souffrance chez Henry Bauchau. De L’Enfant rieur à La Déchirure »

Dans L’Enfant rieur, Henry Bauchau réexamine sa vie. En mettant en résonance les motifs de la souffrance de cette œuvre avec ceux de ses autres œuvres, cet article tâche de dégager un itinéraire poétique qui conduit l’auteur à concevoir la souffrance comme une initiation à la vie.

Roberta Agnese, « Seuils de visibilité. La photographie et la représentation de la souffrance »

Pour réfléchir à la problématique de la représentation de la souffrance dans la photographie contemporaine, cet article se focalise sur la notion de seuil de visibilité, en l’analysant à la lumière des concepts de cadre et de norme. Les analyses prendront notamment appui sur les travaux de J. Butler et E. Coccia.

Clément Bodet, « Regards sur la souffrance dans la photographie »

Explorer les représentations de la souffrance en photographie consiste avant tout à se saisir de l’ambivalence du médium qui projette l’image dans sa nature double, à la fois saisie objective de la réalité et témoignage personnel. Devant des êtres en souffrance captés par l’objectif, le « ça-a-été » de l’instant photographique semble avoir lieu à nouveau.