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(Re)penser les crises au prisme de l'exemple caribéen (Séminaire Afdec, en ligne)

(Re)penser les crises au prisme de l'exemple caribéen (Séminaire Afdec, en ligne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marie Larose)

“[Re]penser les crises au prisme de l’exemple caribéen”

Appels à communications pour la Série de webinaires 2021


À l’heure des pandémies mondiales et autres maux globalisés de l’ère capitaliste, le mot “crise” semble s’immiscer chaque jour un peu plus durablement dans nos quotidiens : chouchou lexical des médias ; tic langagier de la classe politique, hantise partagée des communautés. Chaque génération semble pourtant avoir connu quelque période de remous généralisés – qu’il s’agisse des grandes guerres du XXème siècle, des chocs pétroliers des années 1970 ou de la bulle des subprimes en 2007-2008. Or, certaines régions du globe arborent une étroite relation avec la notion de crise dans toute sa polysémie – notion qui marque toujours un moment singulier de rupture dans la temporalité du collectif, porteur d’un avant et d’un après.

La Grande Caraïbe est de ces espaces nés de l’imbrication des ruptures et de leurs constantes reconfigurations. De la quasi annihilation des civilisations amérindiennes – notamment dans les Antilles – au transbordement de millions d’Africains réduits en esclavage ; de l’avènement d’une matrice socio-culturelle plantationnaire à la construction de sociétés postcoloniales plombées par la dépendance structurelle ; des luttes pour l’autonomie politico-administrative aux souverainetés mitigées sur fond d’intégration supranationale ; des risques naturels habituels aux nouvelles menaces que constituent les algues sargasses et les brumes de sables pour une région familière de l’asphyxie : le champ des études caribéanistes n’a eu de cesse d’explorer l’espace social caribéen en termes de crises et de résilience , d’ aléas ou de catastrophes . En effet, si ces problématiques ne se limitent aucunement à la région ciblée, force est de constater que l’intersectionnalité et la superposition des crises au sein de cet espace (somme toute, restreint) depuis cinq siècles, en fait une aire d’étude privilégiée quant à la place que celles-ci peuvent tenir dans nos sociétés. Les pratiques sociales, culturelles et politiques qui en découlent s’agrègent et se recomposent lors de moments ou d’actes politisés, par le biais d’une pluralité de vecteurs et de lieux (littérature, rapports de genre, mobilisations collectives, appropriation de l’espace, etc.). Est-il possible, pour autant, de réduire le panorama des sociétés caribéennes à un perpétuel amoncellement de crises dont les échos se font entendre à intervalles sourds mais réguliers par-delà ses frontières géographiques et diasporiques ? Le caractère résilient imputé à ces sociétés n’alimente-t-il pas le risque d’essentialisation des populations concernées, aux dépens d’une prise en compte approfondie des dimensions sociohistoriques et politiques qui sous-tendent et englobent chacune des crises traversées? Jusqu'où peut-on avancer que la crise est consubstantielle de l’histoire « moderne » de la Caraïbe? L’actualité nous invite à interroger et revisiter la place de la crise dans nos sociétés contemporaines, au prisme, tant synchronique que diachronique, de l’expérience caribéenne. La série de rendez-vous virtuels programmés tout au long de l’année 2021 au titre des Webinaires de l’AFDEC, aura ainsi à coeur de (re)penser les crises au prisme de l’exemple caribéen ;ce, dans l’optique de replacer la Grande Caraïbe en point de départ théorique, empirique et méthodologique pour l’appréhension d’un concept dont la banalité croissante tend à éclipser la
complexité.
Axes thématiques

Axe 1 : Circulations et (im)mobilités

L’un des aspects les plus saillants de la crise sanitaire de la Covid-19 réside dans les implications directes qu’elle entretient avec les mobilités. Autant dans la propagation globale du virus - transformant son statut d’épidémie à pandémie - que dans l’arrêt tantôt saccadé, tantôt régulier des circulations humaines, la «crise sanitaire mondiale » qui a rythmé l’année 2020 amène àrepenser les enjeux liés aux déplacements humains.

La Caraïbe constitue un espace géographique marqué par les circulations (au niveau intra-régional mais également mondial) et régulièrement envisagé sous un prisme diasporique. Cet axe thématique propose d’examiner ces circulations bouleversées voire interrompues, notammentsur les plans migratoires et touristiques.

Les contributions questionnant la variété et le cumul des crises, ainsi que les articulations entre le local et le global, sont bienvenues.
 

Axe 2 : Pratiques sociales, sanitaires et politiques de la crise

Ce second axe thématique vise à mettre en exergue et en dialogue les pratiques sociales, sanitaires et politiques relevant de la crise - tant dans son anticipation que dans sa gestion à court, moyen et long terme.

Un premier aspect recouvre le déploiement d’instruments par les États dans le contexte descrises : dispositifs d’action publique et de biopolitique, outils de disciplinarisation, ou encore gestion et prévention des risques. La crise génère par ailleurs une pluralité de pratiques sociales et culturelles travaillant l’ordre social institué : stratégies individuelles et collectives de survie et de résistance, émergence et recomposition de cultures du risque, pratiques artistiques, reconfiguration des solidarités... Le rapport à la crise pose enfin la question des perspectives et postures citoyennes, professionnelles et institutionnelles à l’égard des problématiques liées à la santé et au corps, tant individuelles que collectives.

Les communications privilégiant une approche intersectionnelle de ces pratiques, ou interrogeant les jeux d’acteurs relatifs à la renégociation des rapports d’interpersonnalité et de pouvoir autour de la crise, sont particulièrement encouragées.

Axe 3 : Du local au global. Les écosystèmes caribéens dans la crise

Le troisième axe thématique proposé invite à une réflexion portée sur plusieurs échelles au prisme de la notion de crise ; ou comment les écosystèmes se réagencent entre réalités (géographiques, environnementales, sociohistoriques, économiques, politiques) locales et dynamiques globales face à et dans la crise.

Dans un contexte de dépendance économique structurelle, il s’agit plus particulièrement d’interroger, dans le sillage de la crise, la réévaluation et la dynamisation des systèmes productifs, la redéfinition des circuits d’approvisionnement, l’élaboration et l’adaptation (le cas échéant) des
politiques de relance, les impératifs croissants de souveraineté et de sécurité alimentaire, ou encore l’évolution des modalités, perspectives et motifs de coopération régionale.

Axe 4 : Reconfigurations identitaires à l’aune des crises

Ce quatrième axe interroge les modes d’articulation variés et multiples entre crises et
identité(s) individuelles et collectives.

Il vise à questionner, d’une part, la manière dont les crises (économiques, sanitaires, sociales, environnementales, etc.) participent de la décomposition, redéfinition ou (ré)affirmationdes identités ; et d’autre part, à penser les agencements entre crises et processus de redéfinition des modes de communalité.

Les problématiques touchant notamment aux militantismes, aux faits religieux ou à l’intersectionnalité pourront ici être développées.

Axe 5 : Sciences sociales en crise, crise en sciences sociales. Épistémologie de la crise depuis la Caraïbe

Si le terme de “crise(s)” tient une place prépondérante dans les espaces politique et médiatique, sa mobilisation dans le champ des sciences humaines et sociales apparaît plus prudente. Nous proposons dans cet axe de décliner autour de trois thématiques une réflexion sur la crise.
Il s’agit premièrement de proposer un travail définitionnel de la notion de crise à partir du prisme caribéaniste, ce dernier se prêtant particulièrement à penser la crise selon son articulation auterritoire et dans la polysémie que recouvre le terme.

Par ailleurs, nous invitons à penser « les mots » de la crise, en explorant les registres discursifs employés en contexte caribéen pour l’évoquer. Entre « risque » et « catastrophe », la temporalité de la crise est mise en exergue. La mobilisation des registres mémoriels - prépondérante dans la Caraïbe - dans une lecture synchronique et diachronique des événements, sera également prise en considération.

Finalement, cet axe se veut un espace d’échange quant aux conditions d’enquête (de terrain) en temps et lieux de crise.

Modalités de participation

Les participant.e.s sont invitée.e.s à proposer d’ici le 30 janvier 2021 :

● Un panel thématique, constitué de trois à cinq intervenant.e.s (président.e inclu.e.) et éventuellement d’un.e discutant.e ;

● Une table ronde, constituée d’un.e président.e et de trois à quatre intervenant.e.s ;

● Une contribution individuelle. Les propositions, d’une longueur maximale de 350 mots pour les contributions individuelles et de 700 mots pour les propositions collectives, sont à envoyer au comité d’organisation de l’AFDEC à :

afdec.asso@gmail.com

Elles doivent inclure :

● Le ou les axe/s thématique/s auxquels la proposition se rattache ;

● Un titre et un résumé présentant la question de recherche posée et l’approche méthodologique adoptée ;

● Pour les propositions de panels et de tables rondes, le nom de la personne chargée de présider la session, des intervenant.e.s et éventuellement du.de la discutant.e.

Les interventions auront lieu tout au long de l’année 2021.

Comité d’organisation

Marie LAROSE (Trésorière) / marie_larose@brown.edu

Sébastien NICOLAS (Secrétaire) / sebastien.nicolas.edu@gmail.com

Sally STAINIER (Présidente) / sally.stainier@gmail.com

Victoria VILO (Vice-Présidente) / victoria.vilo@hotmail.fr