Questions de société

"Rentrée universitaire: la douche froide" (Politis,2/10/8).

Publié le par Marc Escola (Source : SLU)

LA DOUCHE FROIDE
Source : "Politis", N°1020, 2 octobre 2008, p.12

PAR INGRID MERCKX
jeudi 2 octobre 2008


La rentrée en fac est marquée par 900 suppressions de postes et une dégradation des conditions de vie des étudiants. Les syndicats, ainsi que « Sauvons la recherche », qui ouvre son université d'automne, protestent.


L'université embraie après l'école. Les étudiants font leur rentrée dans des conditions similaires à celles des élèves du primaire et du secondaire. « Cette rentrée 2008 est la rentrée d'une université qui change, et en premier lieu “pour ses étudiants” », a déclaré Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, lors de sa conférence de presse de rentrée. Premier changement : 900 postes sont supprimés, 450 dans la recherche, autant dans l'enseignement supérieur. Une première dans le secteur, qui laisse enseignants, chercheurs et étudiants perplexes. Comment lutter contre l'échec en aggravant le sous-encadrement ? Comment améliorer l'état de la recherche avec moins d'enseignants-chercheurs ? Dans le budget 2009, il manque plus d'un milliard d'euros sur ce qui était prévu. Les premières conséquences de la loi LRU sur l'autonomie des universités se font sentir. Les « Plan campus » et « Plan licence » que vient de lancer Valérie Pécresse sont contestés. L'exercice démocratique au sein des instances universitaires est mis à mal. De sérieux doutes pèsent sur l'autonomie de la recherche et la formation des enseignants. Le ministère reste sourd aux propositions des syndicats. Et, pour couronner le tout, les conditions de vie des étudiants connaissent une nette dégradation. 2008, année de quel changement ?

« C'est la douche froide, résume Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef, première organisation étudiante. Valérie Pécresse avait fait des promesses concernant l'amélioration des conditions de vie des étudiants. Mais maintenant que la LRU est passée et que la rigueur budgétaire frappe aussi son ministère, on ne voit rien venir. La seule disposition qu'elle ait prise réformant le prêt étudiant est une provocation ! » Début septembre, la ministre a remplacé le système de prêt à taux zéro proposé par les Crous par un système de prêt avec des taux d'intérêt fixés par des banques. « 3 % des étudiants ont recours à une demande de prêts, rappelle l'Unef. En effet, peu d'étudiants souhaitent débuter leurs études en étant déjà “dans le rouge”. […] Valérie Pécresse propose désormais d'ajouter l'endettement aux difficultés d'insertion professionnelle des jeunes diplômés. » En juillet 2007, le diagnostic sur la situation sociale des étudiants semblait partagé. Un an plus tard, 7 % des étudiants voient leur situation améliorée par des mesures qui restent très en deçà des besoins. « 93 % des étudiants sont perdants », calcule l'Unef. Qui cite des chiffres inquiétants : une hausse de 5,9 % du coût mensuel de la vie étudiante due à une hausse des loyers d'emménagement de 8,3 % à Paris et 4,3 % en province, une augmentation des produits alimentaires de 6,9 % et des droits d'inscription de 4,3 %, tandis que les bourses n'ont augmenté que de 2,5 %. L'organisation étudiante réclame donc la mise en chantier d'un « plan d'action sociale étudiante » et lance une campagne pour des mesures d'urgence. Au même moment, le ministère publie un rapport rédigé par Denis Lambert, directeur du Crous de Lyon, qui préconise le remplacement des Crous par des « agences » devant chercher des ressources propres et se mettre au service des objectifs d'attractivité des universités. Un projet en totale contradiction avec les missions sociales des Crous. D'où son surnom : « LRU des Crous ».