Essai
Nouvelle parution
René Char Paysages premiers

René Char Paysages premiers

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Decitre - Vigilibris)

René Char. Paysages premiers
Exposition. L'Isle-sur-la-Sorgue, Musée Campredon (2007)
Collectif: : Daniel Abadie, Yannick Pompidou, Yves Peyré,

Editions Hazan
2007
Isbn : 978-2-7541-0228-5
144p
30€

Prière d'insérer:

« On sait combien, depuis la fin du XIX° siècle, etplus particulièrement depuis Mallarmé faisant illustrer d’eaux-fortesde Manet les éditions de bibliophilie de ses livres, les relations despoètes et des peintres ont été à la fois fortes et complexes. Si un tellien a pu d’abord se créer, c’est certes parce que les peintresnouveaux ont trouvé dans les poètes de leur temps non seulement unecompréhension qui leur était souvent refusée par le public, mais aussiune chambre d’écho de leur recherche, une manière différente de lafaire appréhender par leurs contemporains. Ce que Mallarmé avait initiédevint, au début du XX° siècle, tradition chez les poètes :Apollinaire, Max Jacob, Pierre Reverdy, André Salmon, Blaise Cendrarsse tournèrent tout naturellement vers Picasso, figure emblématique del’avant-garde, mais aussi vers Braque ou Matisse, Léger ou Robert etSonia Delaunay….) Aux illustrateurs de la première décennie du sièclene tardèrent pas ainsi à s’ajouter les noms de Max Ernst, de Miró, deMasson, de Dali, tous gravitant dans l’orbite du surréalisme, maisaussi les premiers maîtres de l’abstraction, à commencer par Kandinsky.Il n’est donc pas surprenant que ce soit justement parmi ces noms quese trouvent les premiers illustrateurs des ouvrages que René Charcommence à publier à partir de 1930. Dali (pour Artine, 1930) ouKandinsky (pour Le Marteau sans maître en 1934) ont alors en effetl’agrément d’André Breton, encore fasciné par la capacité d’inventiondélirante du premier et qui témoigne, comme le prouve Le Surréalisme etla peinture, d’une grande estime pour le second. Mais la véritablerencontre de René Char avec la peinture ne commence de fait qu’aprèsguerre. . La proximité de Braque, lecteur attentif dès 1945 et bientôt(1947) auteur d’un rideau de scène et de costumes pour le ballet LaConjuration, puis d’eaux-fortes pour Le Soleil des eaux (1949), pour LaBibliothèque est en feu (1956) et qui, l’année même de sa mortréalisera les vingt-sept lithographies de l’édition bibliophilique deLettera amorosa, signifie, bien plus que l’opportunité d’unillustrateur célèbre, l’une de ces rencontres essentielles (ainsi ensera-t-il plus tard de Nicolas de Staël puis de Vieira da Silva) parlesquelles le poète vérifie, dans un langage qui n’est plus fait demots, la vérité de sa parole. Ce qui retient sans doute au premier chefRené Char dans le travail des peintres, c’est la capacité d’incarnationde la pensée qu’offre la peinture, et c’est en ce sens qu’il fautentendre les termes d’alliés substantiels, sous lesquels il réunitpeintres et sculpteurs qui l’ont retenu ». Daniel Abadie