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La Lecture littéraire dans tous ses états. Rencontres Internationales de Reims

La Lecture littéraire dans tous ses états. Rencontres Internationales de Reims

Publié le par Marc Escola (Source : Alain Trouvé)

CIRLEP — CRIMEL
Université de Reims Champagne-Ardenne
28 mai-31 mai 2018

« Rencontres Internationales de Reims : la Lecture littéraire dans tous ses états »

En point d’orgue de deux années (2016-2018) dédiées aux « Paroles de lecteurs », l’équipe du Séminaire Approches Interdisciplinaires et Internationales de la Lecture (A2IL, CRIMEL-CIRLEP))  organise en mai 2018, les premières « Rencontres Internationales de Reims : la lecture littéraire dans tous ses états ». Elle  propose d’en décliner les problèmes selon trois axes :

1/ Lecture littéraire et développements théoriques : du jeu à la parole.

Le jeu et la parole sont des concepts-notions propres à la pensée complexe, sans doute nécessaires pour appréhender la relation esthétique. Le jeu synthétise des attitudes divergentes : présence au monde, détachement imaginaire jusqu’au fantasme et à l’hallucination, pratique du langage et de la symbolisation. La parole, complémentaire du jeu, mais non-superposable – on peut jouer sans produire un texte –, est elle-même une notion ambivalente. Soumise aux déterminismes qui la forgent à notre insu, jusqu’au cliché, elle peut se faire parole inventive, la visée auctoriale coïncidant avec l’émission d’une « parole singulière » (Laurent Jenny), et rien n’interdit que sur le versant d’une lecture littéraire assumée retentisse encore dans une contre-parole de lecteur  « l’incompréhensible pluralité des individus dans l’espèce » (Francis Ponge).  Articuler dans la lecture littéraire une pensée du jeu et une pensée de la parole est peut-être l’occasion de revoir sous un jour nouveau la classique partition entre roman et poésie.

2/ Lecture littéraire et plurilinguisme : littérature et traduction, lecture d’écrivains translinguistiques.

Il est reconnu depuis longtemps que la traduction et l’écriture-lecture littéraire sont de proches parentes. L’arrière-texte, notion élaborée dans le cadre du séminaire AIL depuis une dizaine d’années,  offre un cadre peut-être renouvelé pour penser les affinités et les décalages entre texte source et traduction. Véritable texte de lecture littéraire, la traduction joue avec  le texte à traduire en mettant en correspondance les deux faces de l’arrière-texte, auctoriale et lectorale, deux univers linguistiques et culturels partagés entre coïncidence et divergence. L’affaire se complique pour la difficulté et le plaisir de tous lorsqu’un même écrivain écrit et pense lui-même en plusieurs langues. C’est pourquoi des écrivains en langue étrangère se joindront à cette réflexion (Harry Belevan, Polibio Alves).

3/ La lecture littéraire comme performance : de la salle de classe à la scène de théâtre.

Il est connu là encore que l’efficacité des enseignants de français et de littérature, tous niveaux, tient au fait qu’ils sont eux-mêmes des amateurs de littérature. La lecture littéraire, qui a conquis une place importante et justifiée dans le discours didactique, désigne cet espace de compréhension-reproduction-création commun à tous les locuteurs. Si l’on appelle performance, l’acte de langage, écrit ou oral, par lequel l’élève ou l’étudiant s’approprie l’œuvre d’autrui, selon une dynamique comprenant des remodelages délibérés, plus ou moins marqués, il n’y a plus de complète solution de continuité de la salle de classe à la scène à laquelle elle s’apparente parfois. Les métiers du théâtre, en ce sens, principalement ceux de metteur en scène et d’acteur auxquels il faudrait ajouter le rôle potentiellement actif du spectateur, ont encore à voir avec la lecture littéraire comme performance. Parfois niée ou contestée au sein de la relation littéraire classique au nom de l’écrasante parole d’auteur, la parole littéraire, dans la salle de cours ou au théâtre, partage cette propriété plus sensible  de s’inscrire dans un système d’échos entre sujets au pluriel.

Comité scientifique

Aniko Adam (LEA !, UCPP, Budapest), Michel Arrivé † (U. Paris X), Françoise Aubès (U. Paris X), Esteban Bedoya, (Diplomate, Paraguay), Harry Belevan (U. San Marcos, Lima,  Academia Peruana de la Lengua), Rachel Bouvet (UQAM), Maria Jesus Cabral (LEA !, U. de Lisbonne), Jean-Louis Dufays (U. Louvain), Bertrand Gervais (UQAM), Susana Gomez (U. Cordoba, Argentine), Sébastien Hubier (U. Reims), Vincent Jouve (LEA !, U. Reims), Karen Haddad (LEA !, U. Paris X), Laurent Jenny (U. de Genève), Greta Komur-Thilloy (U. de Haute-Alsace),  Jean-Jacques Lecercle (U. Paris X),  Brigite Louichon (U. Montpellier 2), Bertrand Marchal (U. Paris IV), Dominique Massonnaud (U. de Haute-Alsace), Catherine Mazauric (U. Aix-Marseille), Jean-Charles Monferran (U. Strasbourg), Stefano Montes (U. de Palerme), Misako Nemoto (U. Meiji de Tokyo), Thomas Pavel (U. Chicago), Michel Pierssens (U. Montréal), François Rastier (CNRS, Paris),  Nathalie Roelens (LEA !, U. du Luxembourg), Françoise Roger (U. Reims), Ricardo Silva (Instituto Riva Agüero, Président de l’Académie Péruvienne de la Langue, Pérou), Franc Schuerewegen (LEA !, U. d’Anvers), François Soulages (U. Paris VIII), Isabelle Turcan (U. de Lorraine), Frank Wagner (U. Rennes), Marta Waldegaray (U. Reims)

NB : LEA ! : Groupe Lire en Europe Aujourd’hui !

Inscriptions
Attention : deux catégories de liens : 1/ Pour les membres extérieurs, 2/ pour les membres de l’URCA.
Pour les extérieurs :
– en français : https://colloques.univ-reims.fr/colloque/inscriptionEtape1.jsp?locale=fr&semId=RA2IL-18
– en anglais : https://colloques.univ-reims.fr/colloque/inscriptionEtape1.jsp?locale=en&semId=RA2IL-18
Pour l’URCA :
– en français : https://colloques.univ-reims.fr/colloque/inscriptionEtape1.jsp?locale=fr&semId=RA2IL-U
– en anglais : https://colloques.univ-reims.fr/colloque/inscriptionEtape1.jsp?locale=en&semId=RA2IL-U

 

Programme

1/ Lundi 28 mai :
13h30 : Accueil des premiers participants.
14h : Salle des fêtes de L’Hôtel de Ville de Reims : Discours de l’adjoint au Maire de Reims, du Président de l’Université et des directeurs des labos impliqués (CIRLEP et CRIMEL).
14h30 : Le mot d’ouverture et de bienvenue des organisateurs de l’équipe A2IL
14h40 : Table ronde présidée et animée par Jean-Louis Dufays (U. Louvain), réunissant les acteurs rémois de la Lecture littéraire : Michel Picard, Bertrand Marchal, Vincent Jouve et un représentant de l’équipe A2IL.
16h : Intermède musical et dédicaces d’ouvrages par Michel Picard.
17h : Vin d’honneur et cocktail
17h30 : Allocution du Maire de Reims et remise de la médaille à Michel Picard.

2/ Mardi 29 mai : Salle La Môme Moineau, Le Cellier, 4 rue de Mars
Lecture littéraire et développements théoriques
 : du jeu à la parole
9h-9h30 : Michel Picard : « Une lecture littéraire »

Matinée : Fiction et jeu
Modérateur : Michel Picard
9h30- 10h15 : Franc Schuerewegen (U. Anvers) : « La lecture est une hallucination »
10h15-10h30 : discussion

10h30-10h45 : pause

10h45-11h05 : Hélène Crombet (U. Bordeaux) : « Lecture littéraire : l’expérience d’oscillation identitaire et le processus d’« hallucination négative » »
11h05-11h25 : Nicolas Garayalde (U. Cordoba, Argentine) : « Vers une poéthique de la délecture »
11h25-11h45 : Marika Piva : « L’autofiction comme création et réception d’identités non tautologiques. Sphère auctoriale et sphère lectorale chez Chloé Delaume »

11h45-12h15 : Discussion

Pause déjeuner sur place.

Après-midi : Du jeu à la parole, à l’épreuve des corpus et des nouveaux contextes
Modérateur : Thomas Nicklas
13h45-14h30 : Nathalie Roelens et Cristabel Marrama (U. du Luxembourg) : « Le sens de la lecture ».
14h30-14h45 : Discussion
14h45-15h05 : Marion Lata (doctorante, U. Paris III) : « Les textes à lecture ludique : entre mode d’emploi et règles du jeu »

15h05-15h20 : Pause

15h20-15h40 : Isabelle Turcan (U. Lorraine) : « Paroles de lexicographes. La réception de Racine par les rédacteurs du Dictionnaire de Trévoux »
15h40-16h00 : Tomas Koblizek (Académie Tchèque des Sciences) : « Lecture littéraire de la poésie concrète »
16h-16h30 : Discussion.

18h30-20h : Médiathèque de Reims.
Table ronde, animée par Marie-Madeleine Gladieu, avec le concours de Roselis Batista et Audrey Louyer
« Ecrivains et lecteurs : d'un continent à l'autre ».
Invités :  Harry Belevan (Pérou), Polibio Alves (Brésil)

 

3/ Mercredi 30 mai : Médiathèque de Reims.
Lecture littéraire et plurilinguisme.

Matinée : Problèmes de transposition
Modérateur : Christine Chollier
9h-9h45 : Christine Pagnoulle (U. de Liège) : « In Parenthesis / Entre parenthèses : labyrinthes de mots, entre lecture et traduction »
9h45-10h : Discussion

10h-10h15 : Pause

10h15-10h35: Aniko Adam (U. Budapest) : « La traduction comme arrière-lecture »
10h35-10h55 : Misako Nemoto (U. Meiji, Tokyo): « Créer et détruire autour de la traduction »
10h55-11h15 : Olivier Hercend (doctorant, U. Paris IV) : « La parole élusive : le dire et le non-dire dans The Lovesong of J. Alfred Prufrock »
11h15-11h45 : Discussion

Pause déjeuner libre, environs médiathèque

Après-midi : La traduction comme performance
Modérateur : Jean-Louis Haquette
13h30-14h15 : Greta Komur-Thillois et Nikol Dziub (UHA, Mulhouse) : « Les actes de lecture académiques à l’épreuve des textes pluri-auctoriaux et plurilingues »
14h15-14h30 : Discussion
14h30-14h50 : Marie Bizais-Lillig (U. Strasbourg) : « La traduction, un entre-textes : Ezra Pound, la poésie chinoise et la poésie anglo-américaine »

14h50-15h05 : Pause

15h05-15h25 : Ahmed Kharaz (UHA, Mulhouse) : « Esthétiques de la traduction poétique : Une lecture stylistique dans la poésie d’al-Ḥarrāq »
15h25-15h45 : Coralie Pressacco (URCA) : « La traduction de la « narco-littérature » mexicaine : enjeux et stratégies   »
15h45-16h05 : Amanda Murphy (doctorante, U. Paris III) : « Lire entre les langues : bilan sur une enquête empirique » 

16h05-16h30 : discussion.

16h45-17h45 : Lecture de textes choisis interprétés par des acteurs de la Comédie de Reims

20h30 : Dîner de gala (Restaurant Flo, place d’Erlon)

 

4/ Jeudi 31 mai : Faculté des Lettres, Amphi Recherche.
La lecture littéraire comme performance
 au pluriel

Matinée : Dire et enseigner le littéraire à plusieurs voix, dans une salle de cours
Modérateur : Isabelle Turcan
9h-9h45 : Jean-Louis Dufays (U. Louvain) : « La lecture littéraire, une notion, un modèle, des performances. Vingt ans de travaux en didactique de la littérature ».
9h45-10h00 : Discussion

10h00-10h15 : Pause

10h15-10h35 : Assia Kellil (Université de Khenchela) : « Expériences de lectures poétiques expressives au primaire en Algérie »
10h35-10h55 : Aurore Promonet (U. Lorraine) : « Scènes scolaires de lecture littéraire »
10h55-11h15 : Adèle Godefroy (U. Paris, III) : « Prétexter l'image pour enseigner la littérature aujourd'hui »
11h15-11h45 : Discussion

Déjeuner sur place.

Après-midi : Paroles littéraires,  corps lisant et lieux institutionnels
Modérateur : Jean-Michel Pottier
14h-14h20 : Marion Coste (U. Strasbourg) :  « Votre Faust, opéra participatif »
14h20-14h40 : Romain Bionda (FNS / Université de Lausanne) : « Lire une scène, lire la scène, lire sur scène »
14h40-15h00 : Discussion

15h-15h15 : Pause

15h15-16h00 : Maria de Jesus Cabral (U. Lisbonne) : « "Le je de la parole littéraire ou l'interface théâtre/lecture"
16h00-16h30 : Discussion et conclusion du colloque.

 

18h : Auditorium de la Médiathèque de Reims. Représentation de la pièce Bleu Horizon (d’après le roman de Françoise Auby) par la Compagnie du Samovar (direction Pierre Longuenesse[1]), Auditorium de la Médiathèque de Reims. (Durée 1h15)

Bleu Horizon (Der Wald Der Toten Dichter), spectacle théâtral et musical, part d’une forêt du Languedoc, plantée en 1931 et dédiée à 560 écrivains morts à la guerre de 14. Le livre traverse la guerre, fait revivre des êtres dont il ne restait plus rien ou presque, quelques plaquettes, des photographies pâlies, des noms sur une liste, un souvenir aussi léger qu’une ombre, un reflet. Au carrefour du documentaire et de la fiction, il tire des fils dont on ne sait jamais s’ils sont tout à fait réels ou tout à fait inventés, passant d’une figure à l’autre, revenant sur ses pas, proposant des hypothèses : la narratrice s’interroge avec discrétion et émotion, parfois avec humour, sur sa place dans le travail de la mémoire, et sur la nature même de ce travail.

 

[1] Pierre Longuenesse, adaptateur, metteur en scène et comédien a été formé au travail d’acteur et de metteur en scène auprès d’Antoine Vitez et son équipe (au théâtre des quartiers d’Ivry), Philippe Gaulier, Jean-Pierre Vincent et Claude Régy. Comédien-musicien, il a également joué avec Richard Dubelski à l’ATEM, et expérimenté la mise en scène d’opéra, à Bombay et Delhi (avec Muzaffar Ali et Frédéric Ligier), ou Verdun (avec Jacques Lacarrière et Michel Sendrez). Il joue et met en scène au sein de la Compagnie du Samovar depuis ses débuts : il y a mis en scène Maeterlinck, Tchekhov, Aragon, Diderot et d’Alembert, Ibn Al Muqaffa, Virginia Woolf, Yeats, Villon... un répertoire éclectique traversant les genres, les langues, les époques. Ses liens de fidélité avec Agathe Alexis et Alain Barsacq l’ont conduit à créer le plus fréquemment ses mises en scène à L’Atalante, avant de tourner en Ile de France et en province. Il a aussi joué sous la direction de Jean Michel Vier, au Lucernaire et à l’Etoile du Nord, dans Comment s’envoler et La Traversée de Samuel R. Il est par ailleurs agrégé de Lettres, docteur en études anglophones, et maître de conférences en Arts du Spectacle à l’Université d’Artois, à Arras.