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 Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature: Les formes plurielles des écritures de la réception

Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature: Les formes plurielles des écritures de la réception

Publié le par Alexandre Gefen (Source : François Le Goff)

Les formes plurielles des écritures de la réception

28-29-30 mai 2015 , ESPE de Toulouse.

une manifestation du laboratoire LLA-Creatis, Université Jean-Jaurès

Depuis une quinzaine d’années, les Rencontres des chercheurs en didactique de la littérature se sont régulièrement attachées à décrire et à interroger les expériences de lecture littéraire dans la formation des élèves, des étudiants, des enseignants. Le rôle décisif du lecteur dans la dynamique interprétative a alimenté la réflexion théorique et praxéologique dans de multiples domaines de la didactique de la littérature : les corpus (Bordeaux, 2008, Cergy, 2012) ; l’oralité (Strasbourg, 2005), l’activité, les temps et les lieux du lecteur (Montpellier, 2006, Sherbrooke, 2014), mais encore la multimodalité (Québec, 2013) ou les enjeux de l’enseignement de la littérature (Louvain, 2007).

La diversité des études - dont témoignent ces manifestations scientifiques - a aussi montré combien la dimension scripturale constitue un paradigme clé dans les apprentissages de la lecture littéraire. Les pratiques de lecture, dans le cadre de l’enseignement, sont fréquemment doublées par une activité d’écriture, que l’on pense à des usages solidement établis comme le commentaire ou la dissertation (Houdart-Mérot, 1998, Daunay, 2002) ou largement discutés comme la fiche de lecture et le résumé (Rouxel, 2005). Ecriture-trace, écriture-mémoire, l’écriture prolonge la lecture et joue un rôle déterminant dans les dispositifs d’évaluation de l’école à l’université. A rebours, l’attention portée au développement de la compétence esthétique (Dumortier, 2006) et l’importance accordée à l’activité du lecteur (Mazauric 2011, Rannou 2013) ont libéré les pratiques d’écriture, tracé de nouvelles voies et confirmé leur valeur heuristique.

Pendant que les écritures du commentaire débordaient le cadre traditionnel du commentaire composé, les écritures créatives ont été de plus en plus mobilisées dans les expériences de lecture (Penloup, 2000, Le Goff, 2005) . En présence d’une telle vitalité, nous proposons de désigner provisoirement sous le syntagme d’ « écriture de la réception », l’ensemble des traces de lecture, fort diverses en quantité et en qualité, rédigées par l’élève, l’étudiant et l’enseignant en formation. L’écriture de la réception est l’expression d’une lecture, la traduction volontaire ou prescrite, métatextuelle ou hypertextuelle, synchrone ou différée, d’une rencontre avec un texte et, de façon extensive, avec toute création artistique, indifféremment du support (Le Goff & Larrivé, 2015). A la suite notamment des contributions consacrées au « texte du lecteur » et aux « textes de lecteurs en formation » (Mazauric, Fourtanier, Langlade, 2011) et de la réflexion didactique concernant « la parole sur l’œuvre » dans la revue Repères (Chabanne, Dufays, 2011), nous souhaitons aujourd’hui ouvrir la question des écritures de la réception à l’ensemble des acteurs, des lieux et des moments de l’enseignement de la littérature, en faisant de la pratique scripturale le dénominateur commun des communications de ces XVIèmes Rencontres.

 

Dans cette perspective, nous proposons de retenir quatre axes :

 

Pour un inventaire critique des formes

Parallèlement à la réévaluation des modes et des enjeux de la lecture littéraire, on observe un renouvellement des dispositifs d’écriture de la réception : il paraît donc intéressant d’établir un panorama aussi complet que possible des formes en usage, à tous les niveaux de la scolarité et dans les différents systèmes d’enseignement.

  • Comment sont identifiées, classées, décrites les écritures de la réception dans les curricula des différents systèmes éducatifs ? Quels sont les usages dans les différents pays ?
  • A quelles pratiques et discours de référence est-il fait appel dans les situations d’apprentissage et à quels processus de transposition didactique sont-ils soumis ?
  • Dans quelle mesure la pratique experte - celle de l’artiste, celle de l’écrivain dans sa correspondance, dans ses carnets, par exemple, celle du critique littéraire -  intervient-elle dans les dispositifs de formation ?
  • Quelles formes peut prendre à l’école et à l’université le discours sur l’œuvre, quelles sont les formes concurrentes du commentaire littéraire dans la formation du lycéen ?

Par ailleurs, l’environnement médiatique et la présence du support numérique introduisent-ils de nouvelles modalités de production des discours sur les œuvres ? Assiste-t-on à l’émergence de nouveaux formats rhétoriques ou au développement de procédures scripturales inédites et créatives qui instaurent de nouvelles manières de poser un jugement esthétique, en combinant  texte et image, intertextualités et hyperliens, commentaire et métacommentaire, en instituant dans la classe des espaces inédits d’écriture collaborative, plurielle, qui feraient passer l’écriture de la réception à une écriture du commentaire partagé , ouvert aux interventions multiples des scripteurs (Lebrun, Lacelle, Boutin, 2012) ?

2.     Reconfiguration des lectures : traces, mémoire et invention

Les écritures de la réception sont peut-être révélatrices des tensions qui traversent de façon récurrente le champ de la didactique de la littérature. La mise à jour de ces dernières peut être de nature à mieux dégager le rapport construit avec le support littéraire ou artistique commenté, leur mode d’élaboration et d’appropriation par les scripteurs en situation d’apprentissage. Sans viser bien sûr l’exhaustivité, nous distinguons ici trois types de tension, de nature à poser les termes de la discussion :

  • une tension dans l’écriture de la réception entre son rôle de conservation d’une lecture et la parole qui est le lieu d’émergence d’une lecture : dans l’hypothèse où un discours sur l’œuvre s’invente proprement dans le temps scriptural,  l’écriture est-elle l’invention d’une lecture ?
  • une tension entre le projet de voir l’expression du lecteur restituée dans sa transparence, son authenticité et la série d’écrans (normatifs, cognitifs, langagiers…) qui peuvent affecter cette ambition.
  • une tension entre la valorisation d’une écriture du sensible et de la subjectivité et celle d’une savoir sur l’œuvre : comment les écritures de la réception accueillent-elles ce possible double profil des discours sur une œuvre artistique ? Assiste-t-on à l’émergence de paroles qui assument leur part de subjectivité contre ce qui peut apparaître comme un effet de neutralité énonciative traditionnellement recommandé dans le commentaire littéraire, par exemple ? Comment est traitée d’un point de vue didactique l’expression singulière sur les œuvres, quels rapports cette expression singulière entretient-elle avec les formes rhétoriques en usage ou les langages de spécialité, de nature métatextuelle ?

3. Anatomie de la réception : quelle grammaire, quelle énonciation, quel style ?

Dans la continuité des Rencontres de Genève (2010), comment décrire l’écriture de la réception en termes linguistiques ? En présence des formes multiples qu’elle revêt selon les niveaux d’enseignement et les objectifs de formation, il apparaît intéressant de dégager des éléments communs d’apprentissage. Si une méthodologie de l’analyse de l’œuvre littéraire ou artistique se conçoit relativement bien par la convocation d’un appareil métacritique connu et répertorié, comment en revanche mettre en œuvre un accompagnement dans l’écriture du ressenti et de l’émotion en présence des œuvres (Macé, 2013) ?

  • Quelles sont les approches dans le domaine des enseignements du lexique, comment les figures de rhétorique (comparaison, métaphore, périphrase) entrent-elles dans les apprentissages de l’écriture de la réception ?
  • A quels niveaux discursifs se situent les apprentissages (modèle de texte, énonciation spécifique, enjeux pragmatiques) ?
  • De quels outils linguistiques dispose-t-on pour lire et analyser ces écritures de la réception ?

 4. L’écriture de la réception et les contextes de formation

Les temps et les lieux de la formation configurent, nécessairement, les dispositifs de lecture et d’écriture. Les acteurs à qui elle s’adresse, les compétences que ces derniers sont en mesure de déployer, font partie des paramètres à prendre en considération dans la conception des enseignements.

  • A partir de ces éléments, sommes-nous en mesure d’établir un curriculum en matière de formation à l’écriture des discours sur les œuvres ?
  • Quelle progressivité dans la formation du lecteur-scripteur est envisageable et quels sont les niveaux de maîtrise attendus en fonction de l’âge des apprenants ?

Par ailleurs, dans le temps de la classe, ou en rapport avec les activités de lecture hors du temps scolaire, comment intervient l’écriture dans les dispositifs de lecture ?

  • Dans quelle mesure la diversification des formes et des conditions de production des écritures de la réception, dans l’environnement lui aussi divers des expériences de lecture, justifie-t-elle que soit repensée la notion même d’interaction dans le champ de la didactique de la littérature ?
  • En admettant que les relations entre la lecture, l’oralité et l’écriture contribuent fortement à la définition des schémas d’organisation des apprentissages, comment, dans ces conditions, penser les notions de temporalité et de progression des apprentissages, en gardant à l’esprit la variabilité des postures des apprenants ?
  • Quelle place occupe l’écriture de la réception dans la construction du lecteur, dans des contextes spécifiques de formation comme la formation initiale des professeurs à l’université, ou les ateliers d’écriture (posture singulière des scripteurs, formes de collaboration entre ces derniers, fonction des textes littéraires dans la pratique scripturale etc)?

Éléments de bibliographie

Aeby Daghé, Sandrine, Enseigner la langue et la littérature. Des dispositifs pour penser leur articulation, Diptyque n° 21, Presses Universitaires de Namur, Namur, 2011.

Ahr, Sylviane Carnet-journal de lecteur-lecture : quels usages, pour quels enjeux, de l'école à l'université ? Presses Universitaires de Namur, Namur, 2013.

Bayard, Pierre, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Minuit, « Paradoxe », 2007.

Bellemin-Noël, Jean, Plaisirs de vampire, PUF, 2001.

Bon, François (2000) : Tous les mots sont adultes, Méthode pour l’atelier d’écriture, Fayard.

Boré C., Modalités de la fiction dans l’écriture scolaire, L’Harmattan, 292 p., 2010.

Bouju E. et Gefen A., L’émotion, puissance de la littérature ? Modernités n°34. Bordeaux, PUB, 2012.

Chabanne, J.-C., & Dufays, J.-L., Parler et écrire sur les œuvres littéraires et artistiques, Repères, revue de didactique du Français. Lyon : institut français d’éducation, 2011.

Clément Bruno, Le lecteur et son modèle, PUF, Paris, 1999.

Daunay Bertrand, La paraphrase dans l’enseignement du français, Peter Lang, 2002

Daunay Bertrand, « Le commentaire : exercice, genre, activité ? », Cahiers Théodile n° 5, Villeneuve d'Ascq, Université Charles de Gaulle - Lille 3, pp. 49-61, 2005.

Doquet-Lacoste C., Lumbroso O. et Tauveron C. (dir) Écrire sur/avec/de la littérature, Repères, n°40. Paris : INRP, décembre 2009.

Dumortier, J.-L., « Conduite esthétique, jugement esthétique et écriture de soi », Repères, revue de didactique du Français. Lyon: Institut Français de l'éducation, 2006, p. 185-214.

Houdart-Merot V., La culture littéraire au lycée depuis 1880, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1998.

Lebrun M., Lacelle N, Boutin J.-F. (dir.), La littératie médiatique multimodale - De nouvelles approches en lecture-écriture à l'école et hors de l'école, Presses universitaires du Québec, 2012.

Le Goff, F., « Réécriture et écriture d’invention : l’exemple de la fable », Pratiques n° 127-128 « L’écriture d’invention », déc. 2005, pp. 183-208.

Le Goff, F., & Larrivé, V., Le temps de l’écriture : écriture de la variation, écriture de la réception, à paraître, 2015.

Louichon B. (2009). La littérature après coup. Rennes : PUR.

Macé M., Des styles littéraires aux formes de vie, in Le lecteur et ses autres, journée d'études (LLA-Creatis de l’UTM, 21 juin 2013.

 http://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/des_styles_litteraires_aux_formes_de_vie_marielle_mace.13736

Mazauric, C., Fourtanier M.-J., Langlade G., (dir.), Le texte du lecteur, éditions Peter Lang, Bruxelles, 2011.

Mazauric, C., Fourtanier M.-J., Langlade G., (dir.), Textes de lecteurs en formation, éditions Peter Lang, Bruxelles, 2011.

Petitjean A., « Histoire de l'écriture d'invention au lycée », Pratiques, n°117-118, Metz, Cresef, 2003, pp. 181-207.

Rannou N. (dir.),  « L’expérience du sujet lecteur : travaux en cours », Recherches & Travaux n° 83, ELLUG, Grenoble, 2013.

Rouxel, Annie, « Pratiques de lecture : quelles voies pour favoriser l’expression du sujet lecteur ? », in Sujet lecteur, sujet scripteur, quels enjeux pour la didactique ?, Le Français aujourd’hui, n° 157, juin 2007.

Rouxel, Annie., Lectures cursives : quel accompagnement ?, Delagrave, 2005.

Penloup, M.C, La tentation du littéraire. Essai sur le rapport à l’écriture littéraire du « scripteur ordinaire ».  Didier ENS, 2000.

 

Comité scientifique :

Rouxel A. (ESPE, Université Bordeaux 4, Bordeaux)

Langlade G. (Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Fourtanier M-J (Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Le Goff F. (Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Louichon B. (ESPE, Université Paul Valéry, Montpellier)

Mazauric C. (Université d’Aix-Marseille)

Massol J-F (Université Stendhal, Grenoble)

Lacelle N. (UQAM, Montréal)

Dufays J.-L. (Université de Louvain-La Neuve – Belgique)

Rannou N. (Université Stendhal, Grenoble)

 

Comité d’organisation :

Francois Le Goff (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Marie-José Fourtanier (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Michel Favriaud (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Nadine Barrière (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Sandrine Galéa (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

Véronique Larrivé (ESPE, Université Jean-Jaurès, Toulouse)

 

Inscriptions au colloque

Avant le 15 avril 2015 : 50 €

Après le 15 avril 2015 : 70 €

 

Propositions :

Les participants préciseront le ou les axes dans lesquels ils inscrivent prioritairement leur projet de communication.

Les propositions de communication (20 minutes) – titre et résumé (1500 signes) – devront parvenir à l’adresse courriel du colloque : 16iemerencontres@univ-tlse2.fr

 

CALENDRIER

Date limite pour l’envoi des propositions : 31 janvier 2015

Retour des expertises : 1er mars 2015

Date limite pour l’envoi du titre et du résumé définitifs de la communication : 1er avril 2015 J

Les questions relatives à l’organisation scientifique et pratique du colloque sont à adresser à 16iemerencontres@univ-tlse2.fr

La fiche d’inscription définitive, les consignes de fonctionnement des ateliers et les informations pratiques seront envoyées ultérieurement.