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Regards transdisciplinaires sur les fins d’empires

Regards transdisciplinaires sur les fins d’empires

Publié le par Marc Escola (Source : Michael Parsons)

Regards transdisciplinaires sur les fins d’empires / Cross-disciplinary approaches to ends of empires/ Mirandas transdisciplinarias a los fines de imperios

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L’époque des grands empires européens est désormais—apparemment—terminée. La décolonisation est—apparemment—largement achevée. Pourtant l’influence des anciens pays colonisateurs reste forte dans les pays qu’ils dominaient. Les rapports entre pays colonisateurs et colonisés sont profondément marqués par leur histoire commune : en bien ou en mal. Cette influence fonctionne dans les deux sens : si les anciennes métropoles exercent une influence indéniablement puissante sur les pays africains, asiatiques et américains qui constituaient leurs empires, ces pays, et l’histoire de leurs relations avec les « centres » impériaux, exercent une influence forte sur ces métropoles[1].

La fin formelle de ces empires, ou la décolonisation « officielle », même si ces termes nécessitent d’être définis et sans doute remplacés par d’autres termes plus précis, n’a pas pour autant scellé un divorce radical entre les deux parties impliquées dans la relation. On pourrait dire que les empires n’en finissent pas de ne pas finir … Et ces « fins formelles » d’empire prennent presque autant de formes différentes qu’il y a de territoires soumis à l’empire. Georges Balandier, qui a finement analysé les processus de colonisation et de décolonisation en Afrique, explique bien qu’il est sans doute trompeur de parler de « la colonisation » et qu’il serait préférable de parler « des colonisations » ; sans doute faudrait-il parler « des décolonisations » plutôt que « la décolonisation ».

Par ailleurs, les formes d’impérialisme et de colonisation/décolonisation évoluent. Ce que Gallagher et Robinson appelaient déjà en 1953, à propos de l’empire britannique, « l’empire informel »[2] décrit une forme d’expansion européenne qui, selon eux, a joué au XIXe siècle un rôle tout aussi important que la domination constitutionnelle stricto sensu ; aujourd’hui de nombreuses situations de domination économique exercées par des États qui n’accepteraient pas le terme d’impérialisme correspondent néanmoins bien à leur définition. Avons-nous assisté à des fins d’empires ou plutôt à des évolutions dans le mode d’impérialisme ou de colonialisme ? Assiste-t-on aujourd’hui à de nouvelles formes d’empire, et ces formes sont-elles le fait de nouveaux acteurs, ou s’agit-il d’une simple « reconversion », de la poursuite des « projets impériaux » d’autrefois par d’autres moyens ?

Si les empires de la grande époque de l’impérialisme européen pourraient apparaître, à première vue, comme le terrain de prédilection pour une telle réflexion, d’autres empires, tant dans l’histoire plus ancienne qu’au XXIe siècle, européens ou non, se prêtent avec autant d’acuité à cette réflexion. La confrontation des expériences géographiquement et chronologiquement diverses ne peut qu’être enrichissante.

Les formations impériales sont fort diverses et par conséquent la polysémie d’ « empire » mériterait d’être interrogée. Qu’est-ce qui définit un empire : sa taille, la domination (ou plutôt des formes variées de domination) ? Étudier les fins d'empires c’est bien sûr poser la question de leur durée, mais aussi et au-delà, celle de leur « régime d'historicité » (sur ce point cf. François Hartog[3]).

Une analyse approfondie de l’organisation et de la structuration politiques des empires permettrait de distinguer, pour les différentes fins d’empires, des processus de recomposition similaires ou au contraire radicalement spécifiques.

Les relations « post-impériales » ont été accompagnées par une importante production culturelle. Bien entendu, la littérature « post-coloniale » explore ces thèmes, mais la culture des centres puise également dans l’expérience de l’empire, comme le rappelle Edward Said. Toutes ces thématiques se sont déployées de façon différente selon les empires et selon les époques.

Il sera, en premier lieu, important de comparer les différentes expériences des fins des empires tout au long de l’histoire. La mise en regard/l’analyse croisée de ces expériences à des époques différentes permettra de dégager des constantes et des différences notamment sur la façon dont les expériences de déclin, de chute et d’extinction des empires se sont prolongées longtemps après leur « mort ».

Le colloque sera transdisciplinaire : les analyses des spécialistes de l’histoire, des sociétés, de la politique, de la culture, de la littérature, des langues, des arts et de l’architecture … se croiseront pour mieux évaluer les constantes et les spécificités des fins d’empire mais aussi  l’influence que les empires exercent ou ont exercée longtemps après leur disparition formelle.

 

Les propositions doivent être envoyées au plus tard le 31 mars à Michael Parsons (michael.parsons@univ-pau.fr) avec le sujet « Proposition Fins d’empires ».

 


Cross-disciplinary approaches to ends of empires

The era of the great European empires is now to all intents and purposes over. The process of decolonization is now broadly speaking completed. And yet the influence of the former colonial powers remains powerful in the countries they once dominated. The relationships between colonizer and colonized have been profoundly affected by their common history. This influence works in both directions: the former imperial capitals exert an undoubtedly powerful influence on the African, Asian and American countries which made up their empires but these countries, and the history of their relationships with the “home countries”, also exert a strong influence on the former centres of empire[4].

The formal ending of these empires, or “official” decolonization, even if these terms need to be defined or replaced by other more precise expressions, did not necessarily mark an irrevocable divorce between the two parties in the relationship. One might almost say that old empires never die … And these “ends of empires” take almost as many different forms as there were imperial territories. Georges Balandier, who has analyzed the proicess of colonization and decolonization in Africa, explains that it is no doubt midleading to talk of “colonization” as a general theme and that it would be better to talk of “colonizations”; no doubt it would be better to talk about “decolonizations” rather than “decolonization”.

The forms of imperialism and colonialization/decolonialization can and do change. What Gallagher and Robinson, writing in 1953 about the British Empire, called “informal empire” [5] describes a form of European expansion which they believe was just as important as the strictly constitutional forms of domination. Today, a number of situations of economic domination imposed by states which would reject the term imperialism correspond nonetheless to their definition of informal empire. Has the twentieth century been the scene of “ends of empires” or rather for changes in the modes of imperialism or colonialism? Are we now seeing new forms of empire, and are these forms the creations of new powers or are they little more than a change of style, the pursuit of the “imperial projects” of the past by other means?

Although the empires of the great period of European imperialism might at first sight appear as the most obvious field to which this reflection might be applied, other empires, in the more distant past and more recently, whether in Europe or elsewhere, lend themselves just as acutely to this examination. The confrontation of geographically or chronologically diverse experiences will undoubtedly be rewarding.

Different empires take different forms and so the multiple meanings of the term “empire” need to be questioned. What is it that defines an empire: its size, the differing forms of domination?

A thorough analysis of the political organisation and structures of empires should distinguish, for the different ends of empire, processes which may be similar or radically different and specific.

“Post-imperial” relationships have been accompanied by substantial cultural production. “Post-colonial” literature explores these themes, but the culture of the centres also draws extensively on the experience of empire, as Edward Said recalls. Naturally these cultural manifestations of empire vary with different empires and different times.

The conference will be cross-disciplinary: the analysis put forward by specialists in the fields of history, society, politics, culture, literature, language, the arts and architecture … will be brought together and compared to gain a better insight into the constants and variations of ends of empire and also to assess the influence empires exert or exerted long after they formally disappeared.

Contributions might present and/or compare the ways decolonization was experienced by the major European empires (British, French, Spanish, Portuguese, Dutch, German, …) or analyze the experiences of decolonization or ending of empire in other periods of history, attempting to delineate the similarities and differences in the way the experiences of decline, fall and extinction of empires continued long after their “death”.

Proposals should be sent by 31 March to Michael Parsons (michael.parsons@univ-pau.fr) by e-mail with subject header “Proposition Fins d’empires”.

 


El tiempo de los grandes imperios europeos ya terminó -en apariencia. La descolonización se acabó sobradamente -en apariencia. Sin embrago, la influencia de los antiguos países colonizadores sigue siendo importante en los países que dominaban. Las relaciones entre países colonizadores y colonizados están profundamente marcadas por su historia común : para bien o para mal. Esta influencia funciona en ambos sentidos: si bien las antiguas metrópolis ejercen una influencia innegablemente poderosa sobre los países africanos, asiáticos y americanos que constituían sus imperios, aquellos países, y la historia de sus relaciones con los “centros” imperiales, ejercen una fuerte influencia sobre sus metrópolis[6].

El fin formal de aquellos imperios o la descolonización “oficial”, aunque sería necesario definir estos términos y probablemente remplazarlos por otros términos más precisos, no ha sellado por eso un divorcio radical entre las dos partes implicadas en la relación. Podría decirse que los imperios no acaban de acabarse... Y esos “fines formales” de imperio cobran casi tantas formas diferentes como cuantos territorios sometidos al imperio existen. Georges Balandier, que analizó sutilmente los procesos de colonización y de descolonozación en África, explica detenidamente como hablar de “la colonización” sea probablemente un error y como sería más acertado hablar de “las descolonizaciones” mejor que de “la descolonización”.

Por otra parte, las formas de imperialismo y de colonización/ descolonización evolucionan.       Lo que Gallagher y Robinson llamaban ya en 1953, hablando del imperio británico, “el imperio informal”[7] describe una forma de expansión europea que, según ellos, ha desempeñado en el siglo XIX un papel tan importante como la dominación institucional strcito sensu; hoy día muchas situaciones de dominio económico ejercidas por unos estados que no aceptarían ser calificados por el término “imperialismo” corresponden sin embargo verdaderamente a la definición de imperio informal. ¿Hemos presenciado realmente a fines de imperios, o más bien a evoluciones en la forma de imperialismo o de colonialismo? ¿Estamos presenciando hoy día nuevas formas de imperio, siendo dichas formas la obra de nuevos actores, o trátase de una simple “reconversión”, de la continuación de “proyectos imperiales” de antaño por otros medios?

Si bien los imperios de la época de gloria del imperialismo europeo podrían presentarse, a primera vista, como el terreno predilecto para semejante reflexión, otros imperios, tanto en el transcurso de la historia más antigua como en el siglo XXI, europeos o no, se prestan con la misma acuidad a esta reflexión. La confrontación de las experiencias geográfica y cronológicamente diversas no puede sino resultar enriquecedora.

Las formaciones imperiales son muy diversas y por consiguiente la polisemia del término “imperio” merecería ser interrogada. ¿Qué es lo que define un imperio? ¿su tamaño? ¿el hecho de dominar? (¿o mejor dicho unas formas variadas de dominación?). Estudiar los fines de imperio es, claro está, plantear la pregunta de su duración, pero además y yendo más lejos, la de su “régimen de historicidad” (sobre este punto cf. François Hartog[8]).

Un análisis detenido de la organización y de la estructuración políticas de los imperios permitiría distinguir, respecto a los diferentes fines de imperio, unos procesos de recomposición similares o al contrario radicalmente diferentes.

La relaciones “posimperiales” han sido acompañadas por una importante producción cultural.  Por supuesto, la literatura “poscolonial” explora estos temas, pero la cultura de los centros  bebe también en las fuentes de la experiencia del imperio, como recuerda Edward Said. Todas estas temáticas han venido desplegándose de manera diferente según los imperios y según las épocas.

En primer lugar será importante comparar las diferentes experiencias de los fines de imperio a lo largo de la historia. El cotejo/ el análisis entrecruzado de estas experiencias en épocas diferentes permitirá descubrir constantes y diferencias en particular sobre la manera como las experiencias de decadencia, de caída y de extinción de los imperios se han ido prolongando mucho tiempo después de su “muerte”.

El congreso será transdisciplinario: los análisis de los especialistas de la historia, de las sociedades, de la política, de la cultura, de la literatura, de las lenguas, de las artes y de la arquitectura … se cruzarán para mejor evaluar las constantes y las especificidades de los fines de imperio pero también la influencia que los imperios ejercen o han ejercido mucho tiempo después de su desaparición formal.

 

Las propuestas se mandarán como más tarde el 31 de marzo a Michael Parsons (michael.parsons@univ-pau.fr) por correo electrónico señalando en la parte “asunto” « Proposition Fins d’empires ».