Questions de société
Réforme des concours: faisons le buzz!

Réforme des concours: faisons le buzz!

Publié le par Marc Escola

Cher(e)s collègues,


Nous, Sarah Hatchuel et Nathalie Vienne-Guerrin, venons de prendre connaissance de la décision de Valérie Pécresse qui, dans sa grande largesse, nous accorde un délai de deux mois et demi afin que nous puissions obtempérer dans les meilleures conditions.

Nous voyons dans cette réponse, une véritable provocation.

Le Ministère ne nous ferait pas une telle insulte s'il sentait une mobilisation plus large et plus claire de notre part.

1- Aux collègues qui pensent que nous n'y pouvons plus rien, nous voudrions dire ceci :

Si nous, qui enseignons à l'université, n'y pouvons rien, qui donc y pourra quelque chose ?
N'est-ce pas nous qui donnons les notes ? N'est-ce pas nous qui délivrons les diplômes ?
N'est-ce pas nous qui sommes membres des jurys de concours ?
Face à l'échec d'initiatives plus douces, nous vous appelons à considérer ces trois leviers comme trois champs d'action possibles.

2 - Aux collègues qui pensent que si leur université ne fait pas remonter les maquettes, c'est l'université voisine qui le fera, nous disons ceci :

Les initiatives des universités parisiennes et d'autres universités dans d'autres régions, montrent que l'on peut répondre aisément, par des accords régionaux entre Présidents, à cette crainte de la concurrence.

3- Aux collègues qui pensent que si les universités ne font pas remonter les maquettes, ce sont les IUFMs qui le feront, nous disons ceci :

Nous sommes sans doute naïves, mais nous ne pouvons croire que nos collègues qui enseignent à l'IUFM n'ont pas, comme nous, le souci du disciplinaire.
Comment pourrait-on vouloir envoyer dans des classes des enseignants qui ne maîtriseraient pas leur discipline ?
Comment nos collègues des IUFM pourraient-ils penser que c'est en réduisant la compétence disciplinaire des enseignants que nous en ferons de meilleurs enseignants ?

4 - Aux collègues qui pensent que le recrutement actuel a des faiblesses, nous disons ceci :

Ce n'est pas en réduisant la connaissance du disciplinaire, de la littérature et de la civilisation (nous vous rappelons que le niveau désormais demandé serait le niveau Licence 3), que nous armerons les enseignants à mieux gérer et animer leurs classes. Comment les élèves pourraient-ils respecter des enseignants qui n'auraient pas toute confiance dans leurs compétences disciplinaires ?


5- Aux collègues qui pensent qu'il n'est point besoin de faire une dissertation et de connaître Shakespeare ou Joyce pour enseigner en collège, nous disons ceci :

Si les enseignants français n'ont plus l'ambition de préserver, enrichir et faire vivre les patrimoines culturels, et de s'astreindre à réfléchir de façon exigeante, cohérente et construite, qui donc alors l'aura ?
Les futures générations ne méritent-elles pas d'avoir comme enseignants, dès les plus petites classes, des esprits éclairés et formés à la réflexion ?

6- Aux collègues qui ne sont pas (encore) mobilisés, nous disons ceci :

Nous vous conjurons de prendre le temps d'aller lire les textes (sur la masterisation des concours) qui sont disponibles sur le site de la SAES.

7 - Aux collègues qui nous disent qu'ils n'ont pas le temps de suivre ce qui est en train de se passer, nous disons ceci :

Il nous semble essentiel de prendre ce temps. Nous aussi, qui nous exprimons, entre autres, sur cette messagerie, avons d'autres choses à faire, mais c'est l'essence même de notre métier qui est ici remise en cause, et c'est pourquoi nous nous devons tous de prendre ce temps.


Par ailleurs,

Nous, avec Pierre Dubois, nous venons de mettre en ligne un texte destiné aux plus grand nombre qui exprime nos inquiétudes au sujet des concours.

Plus nombreux vous serez à aller lire ce texte à l'adresse suivante:

http://www.lepost.fr/article/2008/11/24/1335761_darcos-et-pecresse-veulent-ils-des-profs-ignares.html

plus nous aurons de chances de nous faire entendre.

Chaque clic que vous ferez contribuera à faire remonter l'information dans les titres des sites de dépêches, et pourra peut-être à terme attirer l'attention des grands médias.

Nous préférons le bruit d'un Buzz internet au bruit du silence.

Bien cordialement,

Nathalie Vienne-Guerrin, Professeur, Université de Montpellier III
Sarah Hatchuel, Professeur, Université du Havre,
et Pierre Dubois, Professeur, Université de Tours