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Réflexions sur une esthétique de l'outrage

Réflexions sur une esthétique de l'outrage

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Neveux)

Réflexions sur une esthétique de l'outrage


4 & 5 mars 2010


Université de Strasbourg

Amphithéâtre de la MISHA

allée du Général Rouvillois


Journées d'étude organisée par l'Equipe d'accueil (EA 3402) Approches contemporaines de la réflexion et de la création artistiques de l'Université de Strasbourg

sous la direction scientifique de : Jean-Marc Lachaud et Olivier Neveux



Je pense que scandaliser est un droit  et être scandalisé est un plaisir. Pier Paolo Pasolini



De nombreux artistes contemporains assument volontiers leur volonté de produire des oeuvres choquantes et, affirment-ils, transgressives, prétendant ainsi porter atteinte au bon goût, aux bonnes moeurs, aux idées dominantes, aux pouvoirs institués (religieux, politique…). Face à ces productions scandaleuses, les critiques usent aisément d'un vocabulaire adapté en les qualifiant d'impertinentes, d'irrévérencieuses, de blasphématoires, de sacrilèges, voire de subversives. Certes, régulièrement, ces propositions dont les auteurs (plasticiens, cinéastes, dramaturges, chorégraphes…), le plus souvent subventionnés, revendiquent le caractère radical (et parfois violent) font l'objet de polémiques (médiatiquement relayées). De même, certaines d'entre elles se confrontent à des procédures d'interdiction (si, dans les sociétés démocratiques-libérales, l'Etat rechigne à endosser le rôle du censeur, les décideurs territoriaux pour préserver la susceptibilité de leurs électeurs n'hésitent pas à censurer les oeuvres supposées être dérangeantes) ou à la justice (suite aux plaintes déposées notamment par des associations). Mais qu'en est-il vraiment ? Comment appréhender et comprendre ces foucades artistiques ? Comment approcher leur éventuel (relatif…) potentiel critique ? Comment distinguer les démarches et les oeuvres qui répondent simplement aux exigences du spectacle et celles qui, malgré tout (tout en évaluant le risque d'être récupérées), relèvent franchement d'un parti pris rebelle ? Mais encore, franchir les limites et bafouer les valeurs suffit-il pour déstabiliser les idées reçues et convenues, pour fragiliser l'ordre existant, pour faire que l'art échappe à ce que Noam Chomsky appelle la « fabrique du consentement » ? Au-delà, en invoquant une absolue liberté artistique, les artistes peuvent-ils toutefois s'affranchir de toute loi et de toute morale, se prévaloir du principe d'irresponsabilité ? En analysant quelques exemples significatifs, il s'agira donc d'évaluer les enjeux liés à de tels parti pris et, en pointillés, d'esquisser ce qui pourrait être une authentique esthétique de l'outrage.




4 mars 2010 :

14 h

Introduction par Jean-Marc Lachaud (PR Esthétique, Université de Strasbourg)

14 h 15

Florent Schmitt (Doctorant en Arts visuels, Université de Strasbourg)

Tania Bruguera : Cocaïne Controverse


14 h 45

Marie Canet (Curator Film, Tate Modern de Londres)

La mort à l'écran

15 h 15

Christophe Greilsammer (Metteur en scène, Professeur d'Art Dramatique au Conservatoire de Mulhouse et chargé de cours à l'Université de Strasbourg)

Rodrigo Garcia : le spectacle passe-t-il les bornes ?

15 h 45 Discussion

16 h 15 Pause

16 h 30

Stéphane Roth (Doctorant en Musicologie, Université de Strasbourg)

Ludibrium auriculaire

17 h

David Faroult (MCF Etudes cinématographiques, Université de Paris Est - Marne-la-Vallée)

Le commanditaire outragé : à partir du Rapport Darty de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville (France, 1989)

17 h 30 Discussion

18 h : Projection - débat - Outrage & Rebellion (2009), film collectif initié par Nicole Brenez

Un film collectif pour Joachim Gatti, ses camarades et ce que leur cas révèle de la répression en France aujourd'hui. Un film pour les déjà trop nombreuses victimes de flash ball et plus largement les cibles du neo-libéralisme anachronique qui nous mutile tous d'une façon ou d'une autre au quotidien. Un film par exemple qu'un blessé peut voir à l'hôpital et qui lui redonne des forces, du courage et de la joie. Ce n'est pas si facile. Un film qui soit à la fois un hurlement, un coup, une bordée d'insultes, une analyse lucide, un manifeste extra-lucide, un poème d'amour pour la révolte, une méditation, un baume sur les blessures, un appel à la mutinerie et encore de l'amour. Pas un film sur Joachim Gatti qui ne souhaite pas devenir un symbole, pas un film en provenance de la corporation des cinéastes blessée au travers du corps de l'un des leurs, mais un film sur et contre la situation qui rend possible de telles horreurs. Un film sur cette guerre des classes raciste et spectaculaire qui ne dit pas son nom mais dont la violence s'exerce au quotidien sous des formes plus ou moins violentes, et de plus en plus violentes. Comme dit très bien Hamé, cela a commencé dans les quartiers, qui servent de laboratoire à la répression, et ensuite cela s'étend partout. “Qu'est-ce que la paix sociale, sinon une guerre à basse intensité ?”, demandait Oreste Scalzone. 45 auteurs (cinéastes, vidéastes, plasticiens, chanteurs) se sont mis au travail.




5 mars 2010 :


9 h 30

Magali Mougel (Doctorante en Arts du spectacle, Université de Strasbourg)

Barricader l'assemblée, re-senser la masse à grand coup : Tête à tête avec Antonin Artaud au Théâtre du Vieux Colombier

10 h

Cécile Croce (MCF Esthétique, Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3)

Les derniers outrages au théâtre de l'impossible


10 h 30 Discussion

11 h Pause

11 h 15

Marie-Ange Rauch (Professeure associée Etudes théâtrales, Université de Paris 8-Vincennes à Saint- Denis)

Les Paravents de Jean Genet (1966) et La Passion du Général Franco d'Armand Gatti (1968), quand les poètes "surchauffent" les théâtres subventionnés de la Vème République

11 h 45

Olivier Neveux (MCF Arts du spectacle, Université de Strasbourg)

"Drague et amour". Sur www.webcam de Lionel Soukaz (2005)

12 h 15 Discussion

14 h 30

Emmanuelle Ebel (ATER Arts du spectacle, Université de Strasbourg)

Jerk de Gisèle Vienne : « secouer » le spectateur, stupeur ou tremblement ?

15 h

Martine Maleval (MCF Théorie des arts contemporains, Université Paul Verlaine – Metz)

Le clown : une figure transgressive ?

15 h 30 Discussion

15 h 45 Pause

16 h

Leyla Mansour (Docteure en Esthétique)

Lan (Beyrouth, 1960) ou la subversion du langage poétique arabe


16 h 30

Bettina Ghio (Doctorante en Littérature française, Université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle)

Le rap français : une pratique littéraire de l'outrage


17 h Discussion et conclusion