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Récits d'Orient en Occident

Récits d'Orient en Occident

Publié le par Camille Esmein (Source : A. DUPRAT)

Appel à communications

G.R.A.L. - CRLC
Littérature Comparée
PARIS IV-SORBONNE



Colloque "Récits d'Orient en Occident"
Présence littéraire du monde arabe en Europe, de la Renaissance au classicisme.
En Sorbonne, 17-18 mars 2006.

Le XVIe et le XVIIe siècle marquent pour notre civilisation les débuts de la modernité ; pour la culture arabe, ils consacrent un déclin amorcé dès le XIVe siècle, mais dont le monde musulman lui-même ne prendra la mesure qu'à la fin du XVIIIe siècle, avec l'expédition de Bonaparte en Egypte. L'expulsion des Morisques d'Espagne, en 1609, contribue à creuser le fossé qui ne cessera ensuite de s'élargir entre deux univers de pensée et de langage : celui de l'Orient et celui de l'Occident.
On connaît l'importance de l'héritage arabe pour l'histoire de la philosophie, des sciences et des arts en Europe. On mesure moins celle des traces que leur culture a pu laisser dans la littérature occidentale, et le rôle joué par les formes et les motifs poétiques et narratifs issus du monde arabe dans l'émergence des nouvelles formes littéraires en Europe.
Autant en effet l'image que les Européens se sont faite du modèle politique, social et culturel offert par les Turcs a été souvent décrite et analysée, en particulier pour le XVIIIe siècle, autant celle du " More ", du " Sarrasin " reste encore peu imprécise dans ces études. Or, l'influence de l'univers de pensée ne se limite pas à la présence des " turqueries " dans l'imaginaire de l'Europe classique. Ainsi, la représentation de l'Afrique barbaresque dans la littérature française ne se confond pas avec celle de l'Empire Ottoman en général.
D'un côté comme de l'autre de la Méditerranée, cette étude ne va pas sans difficultés. On peut en effet se borner à stigmatiser le caractère factice et stéréotypé des motifs liés à l'Orient que l'on relève dans la littérature européenne stéréotypes qui concernent souvent la fin du XVIIIe siècle, bien plus que les périodes antérieures et à dénoncer l'ignorance mutuelle dans laquelle la Chrétienté et l'Islam ont été de leur évolution respective durant ces siècles décisifs qui séparent le retrait des Arabes d'Al-Andalus des premiers mouvements de colonisation européenne de l'Afrique du Nord. On risque alors de reporter sur les échanges qui ont eu lieu à ce moment un modèle de relations propre en réalité à l'ère coloniale qui lui a succédé, manquant ainsi l'intérêt principal de cette période, qui vit la pénétration de nombreux motifs et techniques poétiques d'origine arabe dans les formes littéraires européennes. L'un des événements littéraires les plus importants et les plus riches de conséquences de cette période, n'est-elle pas la réunion et la traduction par A. Galland de l'ensemble des contes arabes des Mille et Une Nuits ?
Plusieurs directions de recherche peuvent s'imposer, pour l'exploration de ce domaine d'influence : on en retiendra deux pour l'instant, quitte à poursuivre ensuite sur d'autres pistes. L'une concerne un ensemble de récits nettement identifiable, celui des relations de voyage et de captivité, et la somme d'informations, d'images et de représentations qu'il a pu diffuser en Europe; l'autre concerne l'étude directe des motifs littéraires liés au monde arabe, tels qu'on les retrouve dans les oeuvres elles-mêmes tout au long de cette période (XVIe-XVIIIe siècles).

I. Récits de voyage et de captivité dans les Etats de la côte barbaresque (XVIe-XVIIIe siècle).
A l'intérieur du genre bien étudié du récit de voyage, celui de la " relation de captivité " revêt une importance toute particulière sur la période 1575-1750. En effet, à la suite de la bataille de Lépante, qui mettait fin aux affrontements directs entre les puissances chrétiennes et la flotte turque, le développement spectaculaire de la guerre de course en Méditerranée et la richesse croissante des états et des régences de la côte Nord-africaine vivant des prises effectuées en mer créent les conditions de production d'une série de récits largement diffusés ensuite, lors du retour des captifs dans leur pays. Avant de donner naissance à une véritable mythologie de l'Etat barbaresque, et de l'aventure maritime en Méditerranée, ces relations ont proposé au public européen toute une série de motifs et de modèles littéraires liés au monde arabe, qui méritent d'être étudiés pour eux-mêmes.
A partir des travaux de G. Turbet-Delof (en particulier la Bibliographie critique de l'Afrique barbaresque dans la littérature française, 1532-1715), on peut tenter de rassembler un nombre signifiant de ces textes dans l'ensemble peu connus, et de les regrouper avec les récits plus étudiés. Ces regroupements peuvent être faits selon différents critères, dépassant celui de l'Etat barbaresque sur lequel ils portent, ou dans lequel ils ont été conservés (récits portant sur Alger, Tunis, Meknès, Tripoli). On peut ainsi commencer à constituer des ensembles :
- par nationalité (ex : ensemble formé par les récits anglais, par les récits hollandais)
mais aussi par catégorie de récits :
- ensemble des compte-rendus exécutés pour/par les ordres rédempteurs (Trinitaires, mercédaires d'Espagne et de France), qui obéissent à une série de modèles communs.
- cas des récits individuels (récits d'Haedo, d'E. d'Aranda, du Chevalier d'Arvieux, de Gramaye) et leur insertion dans les divers genres littéraires contemporains.
- ensemble formé par les brochures populaires (ex. leteratura de cordel au Portugal), etc
- ensemble formé par les récits de captifs arabes dans les ports de France, d'Italie et d'Espagne, évoqués en autres par M. Belhamissi, etc

II. Fictions et réalités du monde arabe dans la littérature européenne (XVIIe-XVIIIe siècle)
Il s'agirait cette fois de repérer l'entrée des motifs et des formes liés au monde arabe dans les différents genres littéraires qui se sont développés en Europe, du XVIe au XVIIIe siècle, c'est-à-dire avant le premier romantisme.
Ainsi, on pourra explorer les directions suivantes :

a. éléments d'intrigue, de narration ou de décor d'origine arabe qui apparaissent de façon explicites ou non, dans le théâtre français, espagnol et italien aux XVIIe-XVIIIe siècle.
b. modèles et formes repris de la tradition littéraire arabe et persane, en poésie (Espagne, Italie, Portugal)
c. travail centré autour de l'événement majeur que représente la traduction en France des Mille et une nuits par A. Galland à la fin du XVIIe siècle.
- diffusion antérieure d'éléments de conte arabes et persans (cf. sources orientales d'une partie des fables de La Fontaine, etc) aux XVIe et XVIIe siècle.
- diffusion postérieure des motifs issus de l'ensemble formé par les Mille et une nuits, et les Voyages de Sindbad le Marin, dans les différentes formes de narration européenne au XVIIIe siècle.



Les propositions de communication (titre et abstract de 300 mots environ) doivent parvenir avant le 15 juin 2005 par courrier à Anne DUPRAT, U.F.R. Littérature Comparée, G.R.A.L, Paris IV Sorbonne, 1 rue Victor Cousin, 75005 Paris, ou par mail (anne.duprat@wanadoo.fr).

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