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Récit et Vérité à l'époque classique III : Enjeux, formes et motifs du portrait dans les récits de fiction et dans les récits historiques de l'époque classique (XVIIe et XVIIIe siècles)

Récit et Vérité à l'époque classique III : Enjeux, formes et motifs du portrait dans les récits de fiction et dans les récits historiques de l'époque classique (XVIIe et XVIIIe siècles)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marc HERSANT)

Récit et vérité à l'époque classique III

Colloque international : Enjeux, formes et motifs du portrait dans les récits de fiction et dans les récits historiques de l'époque classique (XVIIe-XVIIIe siècles)

Organisation: Marc Hersant (CERLL, CERR, Université d'Amiens) et Catherine Ramond (TELEM, Université Bordeaux 3)

Lieu du colloque : Université de Picardie Jules Verne, Amiens, jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 octobre 2015

L'époque classique, à l'image de la destinataire du cardinal de Retz à qui le mémorialiste en offre une superbe et célèbre galerie, "aime les portraits". Cette espèce de passion en forme de mode durable fait du portrait un modèle d'écriture qui traverse alors pratiquement tous les genres, que le portrait soit isolé, présenté en série ou intégré dans un continuum dans les récits historiques, les Mémoires, les autobiographies, les contes, les romans, l'épopée, etc. Dans le roman et dans le conte, il triomphe tout au long de la période, des portraits de l'Astrée à ceux du prologue des 120 Journées de Sodome, en passant par les célèbres séries qui ouvrent la Princesse de Clèves ou Candide et par les portraits aux proportions géantes de La Vie de Marianne. Chez les mémorialistes, il apparait comme une des formes fondamentales d'une histoire vécue dans la proximité de l'événement et des figures qui l'ont faite. Considéré comme un ornement indispensable du récit historique par certains représentants de l'histoire la plus séduisante (Mezeray), il est cependant brutalement rejeté par d'autres historiens comme Voltaire qui le considèrent comme la marque d'une tentation "fictionnelle". Utilisé pour rendre compte d'universaux humains ou "caractères" aussi bien que pour évoquer des singularités personnelles, il participe au premier chef à une espèce de glorification de l'individu de plus en plus évidente au cours des deux siècles qui nous occupent.

Mais si le portrait a été très largement étudié par les spécialistes du récit "factuel" (au sens de Genette), où il abonde (galerie des portraits chez Retz, nombreux et célèbres portraits chez Saint-Simon) ainsi que par les spécialistes du roman (au moins pour le portrait galant du XVIIe siècle, car la description est parfois un peu en retrait dans les romans du XVIIIe siècle), cet élément important du récit n’a pas été jusqu'à présent l’objet d’une confrontation des deux pratiques d’écriture, qui ont certes des liens mais aussi des différences profondes, ne serait-ce qu’en raison du caractère référentiel des personnages d’un côté, et de leur caractère fictionnel de l’autre - même si bien sûr des personnages historiques réels peuvent apparaître dans la nouvelle historique ou dans des romans-Mémoires comme Cleveland. Cela amène à poser un certain nombre de questions, et parmi d'autres possibles, celles-ci : le traitement des portraits est-il semblable en histoire et en fiction ? Qu’en est-il des véritables personnages qui apparaissent dans les romans, chez Prévost ou Marivaux, ou encore des romans à clé qui travestissent d’authentiques portraits derrière des identités fantaisistes (comme dans L’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin, par exemple) ? La pratique du portrait qui apparaît dans les genres intermédiaires que sont les nouvelles historiques ou les pseudo-mémoires est-elle plus proche de la pratique historique ou de la pratique fictionnelle ? Le jeu dialogique qui met en tension histoire et fiction tout au long de la période est-il particulièrement sensible dans l'écriture du portrait, à travers des brouillages résolus des frontières ou au contraire par des différenciations formelles marquées? Les écrivains qui ont pratiqué les deux champs du fictionnel et du factuel écrivent-ils leurs portraits de la même manière et avec les mêmes enjeux des deux côtés? Le portrait pose-t-il les mêmes questions aux théoriciens du roman et à ceux de l'écriture historique?

Telles sont quelques-unes des problématiques auxquelles ces journées de réflexion s’attacheront en mettant en dialogue de manière systématique spécialistes du récit de fiction et spécialistes du récit "historique" (au sens théorique d'un Ricœur) à l'époque classique. Le "dialogue" étant une part essentielle de la conception de ce colloque, chaque communication de vingt minutes sera suivie de dix minutes d'échange.

            Dans le cadre de ce programme "Récit et vérité à l'époque classique", deux événements scientifiques ont déjà été réalisés : sur les discours rapportés, à l'Université Bordeaux 3 (publication aux Presses de l'Université d'Artois, 2012, dans la seconde partie d'un volume intitulé Histoire, histoires) et sur la représentation de la vie psychique à l'Université Lyon 3 (publication dans la collection "Faux titre" chez Rodopi, fin 2014-début 2015). Ce colloque sur les portraits sera suivi de deux autres manifestations scientifiques qui concluront ce cycle de comparaisons entre narration fictionnelle et narration factuelle sous l'Ancien-Régime. Les communications, focalisées sur les XVIIe et XVIIIe siècles, peuvent "déborder" sur la fin du XVIe siècle (Monluc ou Montaigne, par exemple) et sur le début du XIXe siècle (Chateaubriand...). Enfin la réflexion peut être étendue à des auteurs étrangers ( Cervantès, Milton, Goldoni, Defoe, Richardson, Goethe, Gibbon par exemple...).

Les propositions de communications doivent nous parvenir au plus tard le 31 décembre 2014  et sont à adresser à :

Catherine RAMOND catherine.ramond@wanadoo.fr

et Marc HERSANT m.hersant@free.fr